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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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nous écoute !
    – Je vous crois de tout mon cœur ! oh ! je vous crois. Pauvre femme, si vous saviez combien vous m’inspirez de compassion et de confiance ! Je ne sais quoi me dit que je dois me fier à vous… Parlez donc… et tout d’abord, dites-moi… ma mère ! L’avez-vous vue ? qui est-elle ? où est-elle ? je vous en prie…
    Odette s’interrompit, suffoquée par l’afflux d’amour filial qui débordait de son cœur. Laurence baissait la tête. Et ce fut d’un indicible accent d’angoisse qu’elle murmura :
    – Sa mère !… Si j’avais une fille, la rêverais-je plus pure, plus noble et plus belle ?… Qui est la mère de cette enfant ?… Pourquoi ai-je oublié ceci ?… L’ai-je su jamais ?… Que fais-je ici ?…
    Son cœur sautait. Au fond de son être, des choses vibraient : des sons de voix enfantine, des reflets de regard d’ange, de soudaines, d’insaisissables visions d’un berceau. C’était dans cette âme la bataille acharnée des souvenirs artificiels imposés par Saïtano.
    – Je ne la connais pas, dit Laurence d’Ambrun.
    En même temps, il y eut des hurlements de douleur dans sa tête. Son cœur cria : Je la connais ! Je sais qui elle est ! Je vais le dire !… Et simplement elle se disait :
    – C’est étrange… Hier, ce matin encore, je savais le nom de sa mère… Maintenant, je ne le sais plus !… Je n’ai pas connu votre mère, poursuivit-elle tout haut.
    Odette, très pâle, avait eu le geste de déception amère qu’on peut avoir quand on s’éveille d’un beau rêve et qu’on se retrouve aux prises avec la rude réalité de la vie. L’inconnue pouvait parler maintenant. Elle écouterait, curieuse peut-être. Mais la grande joie attendue ne viendrait pas…
    Pourtant… son père !
    Oui ! Elle chercha à se raccrocher au rêve. Il lui importait de connaître son père. Et soudain la vérité de cet espoir nouveau jeta son éclair : par mon père, j’arriverai à la connaître… ma mère !
    – Voici tout ce que je sais, reprenait Laurence. Une nuit… douze ans ont passé sur cette nuit, et cherchent à l’écraser sous leur poids, mais je me souviens. Toujours je me souviendrai !
    – Dites ! dites ! palpita Odette.
    – Cette nuit-là, un homme d’armes qui était mon… je ne sais comment vous dire…
    – Votre ami peut-être ?
    – C’est cela ! dit Laurence avec satisfaction. C’était un homme d’armes de la maison de Bourgogne.
    – Bourgogne ! interrompit sourdement Odette.
    – Oui. Il vint donc me chercher en me disant qu’il y avait beaucoup d’argent à gagner. Je le suivis. Il me conduisit… je n’ai pas le droit de dire où je fus conduite.
    – Sans doute un serment fut exigé de vous ?
    – Un serment… C’est bien cela, dit Laurence avec la même satisfaction. Mais je puis vous dire que c’était un riche hôtel. Là, on me confia une fillette de cinq ou six ans, on me paya largement, on me donna des instructions.
    – Qui vous paya ? Qui vous donna des instructions ?
    – Le père de la fillette… Et la fillette, c’était vous.
    Odette, doucement, pleurait, les deux mains sur les yeux.
    Laurence palpitait. Une affreuse angoisse la serrait à la gorge. Elle saisit les mains d’Odette, et, d’un accent farouche :
    – Ne pleurez pas ! Vos larmes révoltent mon cœur. Je tuerais qui vous fait pleurer !
    – C’est fini, dit Odette. Continuez.
    Laurence parut écouter en elle-même et se débattre. Odette l’entendit murmurer :
    – Pourtant, ce sont bien mes souvenirs !
    Par degrés, Laurence se calma. Et tout à coup, comme si un nouveau jet de mémoire eût fusé :
    – Si vous répétez un mot de ce que je vous dis, c’est ma mort.
    – Je ne dirai rien !
    – C’est la mort de votre mère !…
    – Plutôt mourir, frémit Odette.
    – Si votre père sait que vous le connaissez, malheur à votre mère !…
    – Jamais ! Jamais il ne le saura !
    – Bien, dit Laurence en passant ses mains sur son front. Ce sont maintenant des souvenirs moins pénibles qui montent le long de ma pauvre tête. Selon les ordres que je reçus, je vous pris donc dans mes bras, et vous mis dans une litière qu’escortaient les gens d’armes et qui sortit de Paris. Une fois loin de Paris, dans la litière même, je vous dépouillai de vos vêtements et vous habillai comme une fille de manante…
    Odette jeta un cri.
    Une aveuglante clarté, pour quelques secondes,

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