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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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gauche, l’épée à la main droite. Il criait :
    – Comment ! Vous n’êtes que quatre ? À vous entendre, je croyais une armée. Ici, chiens ! Qu’avez-vous à aboyer ? Que voulez-vous ? Par Dieu ! je me suis vu devant dix ennemis à la fois, et c’étaient des hommes ! Ici, vous dis-je ! Nous allons rire !
    Les quatre s’avançaient, l’épée au poing. Ils ne disaient plus rien. Devant la bête à égorger, ils éprouvaient la satisfaction de la meute à la minute de l’hallali.
    Soudain, ils se déchaînèrent. Tous ensemble, rués, il y eut un tourbillon d’aciers entrechoqués, une bordée d’insultes et de jurons, les cris de la joie convulsive du meurtre, et l’effroyable rage de tuer les fit bondir. En un instant, le vieux soudard fut débusqué de son poste et obligé de reculer vers la porte qu’il avait ouverte lui-même, le pauvre fou de bravoure.
    Les coups pleuvaient. Mais il se défendait bien. Il n’était pas touché encore. Sa large épée, brusquement, décrivit un demi-cercle, pareil, dans la demi-obscurité, à ces zébrures d’éclairs fauves qui déchirent le ciel. Les quatre reculèrent, haletants. Champdivers éclata de rire.
    – Allons, dit-il joyeusement, le vieux de Transtamare et de messire Bertrand a plus d’un tour dans son sac. Par le ciel, mes louveteaux, vous êtes de mauvais drôles de venir interrompre mon sommeil pour si peu. À mon tour, ajouta-t-il d’une voix terrible. Vous ne sortirez pas d’ici vivants… Je vais vous montrer… ah !…
    Il s’affaissa.
    Dans le même instant, il s’allongea en se raidissant dans le spasme de l’agonie, et ses ongles labourèrent le plancher. Il tourna un regard désespéré vers la porte qui conduisait chez Odette…
    Tout à coup, il eut un soupir, une mousse de sang rougit sa bouche, et il demeura immobile.
    Les quatre, devant ce cadavre, demeurèrent un moment silencieux.
    La reine, alors, d’un geste de dédain, laissa tomber son poignard – son poignard sanglant – le poignard qui venait de tuer Champdivers – le poignard dont, par derrière, d’un coup rude, violent, elle venait de frapper à la gorge celui qui défendait l’intrigante, la petite reine.
    Puis, du doigt, elle leur désigna la porte par où on entrait chez Odette. Ensemble, ils marchèrent sur cette porte – et comme l’autre, soudain, elle s’ouvrit… une femme parut, un flambeau à la main, les yeux hagards, et balbutiant :
    – Seigneur Honoré, que se passe-t-il ? Entendez-vous ce bruit ? Entendez-vous… oh !… à moi !…
    Elle eut à peine le temps de crier, la pauvre dame Margentine ! Dix doigts de fer l’empoignèrent à la gorge. Elle se renversa. Ses yeux, un instant, demandèrent grâce. Puis ils se fermèrent.
    Dame Margentine demeura inerte en travers de la porte…
    Les quatre avaient des figures épouvantables. Ils se taisaient. Ils reniflaient l’odeur du sang. Ils regardaient autour d’eux, et leurs regards disaient :
    – Qui faut-il encore tuer ?
    – Assez ! dit la reine.
    Ils s’immobilisèrent. Sombre, Isabeau de Bavière ne jetait pas un coup d’œil au cadavre de Champdivers, ni à celui de la gouvernante. Elle regardait là-bas, vers cette porte qui la séparait encore d’Odette, et il y avait dans ses yeux d’étranges lueurs rapides, insaisissables.
    Un soupir gonfla sa poitrine.
    Une minute, elle demeura ainsi, rêvant sans doute de choses intraduisibles. Puis, faisant signe aux spadassins de ne pas bouger, elle revint en arrière jusqu’au couloir.
    L’instant d’après, elle reparut, suivie de sept ou huit hommes silencieux et rapides.
    En un tour de main, les deux cadavres furent enlevés.
    – Vous savez ce que vous avez à faire ? dit-elle aux quatre.
    – Prendre la demoiselle de Champdivers, répondit Ocquetonville, et la conduire en la litière qui nous attend hors l’Hôtel Saint-Pol.
    – Bien. Et où ira cette litière ?
    – À l’hôtel de Bourgogne, madame.
    Isabeau se tut, sa tête se pencha sur son sein. Unéclair jaillit entre ses lourdes paupières. Ils ne l’entendirent pas murmurer :
    – Pourquoi à l’hôtel de Bourgogne ?
    Quelques minutes, Isabeau médita. Ce que put être cette affreuse méditation en un tel moment, il faudrait le demander à l’âme de ces grands criminels dont les actes demeurent improbables tant ils semblent difficiles à comprendre. Qu’agita-t-elle ? Que résolut-elle ?
    Lorsqu’elle redressa la tête, un

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