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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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par Saïtano, avec précaution, ils soulevèrent le matelas sur lequel reposait Laurence.
    C’est ainsi qu’elle fut transportée dans la litière qui prit aussitôt le chemin de la Cité…
    Une heure plus tard, Laurence d’Ambrun, toujours endormie, continuait son rêve dans un lit pareil au sien, dans une chambre rigoureusement copiée sur sa chambre de l’hôtel Passavant.
    Seulement, cette chambre était située dans le logis de la Cité… le logis de Saïtano… le logis de l’horreur.
    Laurence d’Ambrun était vivante… et Roselys n’avait plus de mère.
    Roselys avait pourtant presque une mère : la duchesse d’Orléans avait disputé l’enfant à la fièvre cérébrale, combattu la mort et triomphé au bout d’un mois. La convalescence dura un autre mois. Son bienfait, comme il arrive souvent, avait fini par passionner Valentine : elle s’attacha à la jolie créature, se mit à l’aimer. Elle avait vaguement reconstitué le drame ; mais son enquête ne put lui en donner les vrais éléments ; elle ignora le nom des personnages du drame et sut seulement à n’en pas douter qu’il fallait de toute nécessité soustraire l’enfant aux gens de Bourgogne – le père et le fils.
    Quant à Roselys elle-même, elle ne put fournir aucun renseignement : la fièvre provoquée par un paroxysme de terreur avait aboli la mémoire, mais non l’intelligence. C’était un esprit qui repartait dans une vie nouvelle, voilà tout.
    Lors donc que l’enfant fut revenue à la santé, la duchesse d’Orléans, chercha un lieu sûr qui lui servit de retraite sans péril.
    Il y avait au sud de la porte Saint-Germain et de la porte d’Enfer (appelée alors porte Gibard) une pittoresque et agréable vallée nommée le Val Gérard, du nom d’un digne abbé qui y avait fondé une sorte d’hospice pour religieux. Val Gérard est devenu de nos jours Vaugirard, par corruption ou euphonie. Au delà du monastère, on trouvait quelques enclos. L’un d’eux, fortifié contre les Écorcheurs, possédait une maison carrée flanquée de tours et protégée par un fossé : il s’appelait l’enclos de Champdivers.
    Le maître de ce logis, Honoré de Champdivers, était un homme d’une cinquantaine d’années qui avait longtemps appartenu à la maison d’Orléans ; à la suite d’une blessure qui l’empêchait de porter l’armure, il s’était retiré là pour y chasser au faucon pendant le jour et raconter le soir à ses gens assemblés sous le manteau de la cheminée ses campagnes de Languedoc et d’Espagne.
    C’est à Honoré de Champdivers que Valentine de Milan résolut de confier la petite fille sans nom, recueillie mourante sous le porche de l’église de Villers-Cotterets. Un soir, comme la nuit tombait sur la vaste et calme campagne et qu’au loin la cloche fêlée de Val Gérard égrenait ses notes mélancoliques dans le silence, la duchesse, conduisant Roselys par la main, entra dans la maison révolutionnée par un tel honneur. Le vieux Champdivers pleura de joie et porta lui-même le flambeau jusqu’à la grande salle. Les serviteurs ayant été écartés, et Valentine s’étant assise dans le plus beau fauteuil, elle désigna Roselys à Honoré :
    – Cette enfant, dit-elle de cet accent de sensibilité si remarquable chez elle, n’a plus ni père ni mère. En la recueillant, je me suis par le fait même engagée à veiller sur son bonheur. À l’hôtel d’Orléans elle serait menacée. Ici elle sera en sûreté… j’ai songé à vous la confier.
    Champdivers fit une grimace qui avait la prétention d’être un sourire d’enthousiasme.
    – Comment s’appelle-t-elle ?
    – Je l’ai nommée Odette. Elle s’appellera donc Odette, sans plus. Ou plutôt, dès que j’aurai fait faire les actes d’adoption, mon brave fidèle, elle se nommera Odette de Champdivers.
    – Ah ! ah ! fit en écarquillant les yeux l’ancien guerrier de Transtamare.
    Il grogna en lui-même force jurons et devint cramoisi. Somme toute, il ne laissait pas d’être flatté de la possibilité de passer pour père. Il n’avait jamais eu le temps d’aimer qu’entre deux boute-selle, ce vieux-là, et, bien qu’il pestât et enrageât, l’aventure le ragaillardissait.
    – Va donc pour Odette. Joli nom, par la Croix-Dieu ! Et quant aux dangers, cornes du diable, qu’« ils » y viennent !
    – Je le sais, dit la duchesse d’Orléans. J’ai cherché parmi tant de gentilshommes de notre

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