Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
Roselys !…
    Une porte s’ouvrit. Un homme s’avança vivement jusqu’au lit, se pencha et murmura :
    – Elle est revenue…
    – Roselys ! Roselys ! appela Laurence affolée.
    – Allons, tenez-vous en repos…
    – Ma fille !… Ô Monsieur, par grâce, qu’en ont-ils fait ?… Oh ! vous êtes de leurs amis… Vous avez une figure qui fait peur, des yeux qui brûlent… Qui êtes-vous ? qui êtes-vous ?
    – Je suis, répondit l’homme, celui qui a fourni à la reine le flacon qui devait vous empoisonner…
    Laurence eut un cri d’effroi et un geste d’instinctive défense :
    – Je l’ai vu à votre figure de maudit que vous devez être l’un des démons de service d’Isabeau !
    – La liqueur de mon flacon vous a-t-elle donc empoisonnée ?…
    – Non… c’est vrai… balbutia Laurence. Vous ne voulez donc pas ma mort ?…
    – Le comte de Nevers vous a frappée d’un coup de poignard – bien appliqué, je vous jure.
    Laurence cacha son visage dans ses mains.
    – Et pourtant vous vivez ! continua Saïtano. C’est moi qui vous ai sauvée.
    – Vous ?… Pourquoi ?…
    – Moi. Les domestiques de ce logis ont fui du premier au dernier. C’est moi qui vous ai ramassée morte dans l’oratoire, c’est moi qui ai amené ici une femme qui vous a veillée. Je venais tous les jours vous voir, et tous les jours, entre la mort et moi, il y avait une rude bataille. Je suis le vainqueur.
    – Pourquoi ? Pourquoi ? s’écria Laurence.
    – Parce que vous aviez bu, entendez-vous ? Parce que je voulais voir de quoi « mon poison » était capable, comprenez-vous ? Je ne vous eusse pas cédée pour tous les trésors cachés dans la grosse tour du Louvre.
    Laurence ne comprit pas. Saïtano murmurait :
    – Revenue ! Ressuscitée ! Elle est telle qu’avant le coup de poignard qui l’a tuée !…
    Laurence joignit les mains, et, d’un accent d’exaltation, supplia :
    – Puisque vous m’avez sauvée de la mort, achevez votre œuvre. Donnez-moi assez de force pour que je puisse me lever, courir à l’Hôtel Saint-Pol…
    – Et réclamer votre fille à la reine ?
    – Oui, oui !…
    – Écoutez-moi, dit Saïtano. La reine ignore où se trouve votre enfant. Le sût-elle que ce n’est pas à elle qu’il faudrait la réclamer. Si vous voulez vivre… vivre pour votre fille…
    – Oui ! oui ! vivre pour elle !…
    – Eh bien, faites en sorte que jamais Isabeau n’apprenne que vous êtes vivante. Si elle sait que vous avez échappé à la mort, vous êtes perdue, si loin, si bien que vous vous cachiez, elle vous atteindra, prenez garde !…
    – Ma fille ! râla Laurence.
    Saïtano, sans répondre, versa dans un gobelet à demi plein d’eau, quelques gouttes d’une liqueur incolore, et le tendit à Laurence en disant :
    – Buvez… ayez confiance…
    Laurence regarda Saïtano, et sans doute la première impression de terreur que lui avait causée cet homme s’était effacée, car elle prit le gobelet et but lentement…
    – Bien, dit Saïtano. Maintenant, dormez en paix…
    Les yeux de Laurence, doucement, se fermèrent. Un bien-être envahit sa poitrine, et la douleur qui s’était éveillée à la blessure disparut. Ses pensées même semblèrent s’abolir dans une sorte d’extase. Elle n’avait plus peur. Elle souriait… Alors Saïtano reprit :
    – Vous reverrez votre fille, je, vous le promets. Où ? Quand ? Je ne le sais pas. Car j’ignore ce qu’ils en ont fait. Elle est vivante, c’est tout ce que je puis vous assurer. Ce que je puis aussi vous promettre, c’est que nous la chercherons ensemble.
    – Je vous crois, dit faiblement Laurence.
    Et presque subitement elle s’endormit. Saïtano, penché sur elle, l’examinait avec une avide curiosité. Et qui fût entré à ce moment dans cette chambre, qui eût pu s’approcher du savant terrible, implacable, inexorable dès qu’il s’agissait de sa mystérieuse recherche, l’eût entendu murmurer :
    – Mémoire, bonté, méchanceté, courage, pensée, amour maternel, éléments que je veux pouvoir créer ou abolir ou modifier à ma guise, il me manquait un être passif qui m’appartînt et sur qui je puisse tenter mes expériences : ce sera cette femme !
    La journée s’écoula.
    Le soir vint… la nuit, peu à peu, tomba sur Paris.
    Vers onze heures, une litière s’arrêta devant le logis Passavant. Deux hommes pénétrèrent dans le logis. Guidés et aidés

Weitere Kostenlose Bücher