Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
peu encore. Attendez que je reprenne l’autorité… Je vous promets…
    – Ah ! interrompit Odette avec exaltation, vous n’êtes donc pas l’homme bon que je croyais ! Vous n’avez donc pas de cœur ! Vous n’êtes donc pas ému de tant de désespoir !
    – Odette ! Que dites-vous !…
    – Prisonnier d’État à douze ans !… Il a vingt-quatre ans, et il y en a douze qu’il est dans cette tombe ! À qui ferez-vous croire qu’un enfant de cet âge a pu commettre un crime d’État !…
    – Odette, vous ne savez pas…
    – Non, je ne sais pas, et ne veux pas savoir ! Je ne sais qu’une chose, c’est que vous avez souffert, et que vous devez comprendre la souffrance des autres. Attendre ! Mon Dieu, attendre !… Quoi ? Qu’il soit mort ?…
    Le roi, de plus en plus assombri, considérait le prisonnier qui, peu à peu, revenait au sentiment des choses.
    Ses yeux, maintenant, disaient la belle intelligence de cet esprit, et son attitude fière traduisait tout ce qu’il y avait en lui d’indomptable et de brave. Il fit un pas. Il s’inclina devant Odette.
    – Madame, dit-il, tout à l’heure je voulais mourir. Je ne sais qui vous êtes, ni pourquoi vous daignez vous intéresser au malheureux que je suis. Mais maintenant que je vous ai vue… quoi qu’il advienne… ah ! maintenant que vos yeux se sont portés sur moi… je le sens, je n’aurai plus le courage de me tuer… car maintenant, vous avez mis de la lumière là où il n’y avait que des ténèbres, vous avez fait fleurir l’espérance dans ce cœur qui maudissait la vie…
    – Vous vivrez ! dit-elle fébrilement. Je vous le jure, moi ! Vous, vivrez et serez libre ! – Il faut le délivrer, reprit-elle en revenant à Charles VI. Ou je croirai que vous êtes ingrat, impie ! Et alors je croirai aussi que si Dieu vous a envoyé la démence, c’est que vous la méritiez ! Et alors, oh ! je le jure ! je croirai aussi que je ne dois pas m’opposer au châtiment décrété là-haut… et je quitterai l’Hôtel Saint-Pol !
    – Odette ! Odette ! Ne m’abandonnez pas ! cria Charles VI. Demain, je…
    – Tout de suite ! dit Odette.
    – Eh bien… hésita le roi.
    – Ah ! mon cher seigneur, cria-t-elle, je vois que vos yeux réprouvent l’iniquité. Je vois que vous condamnez ce crime commis contre un enfant ! Laissez donc… ah ! laissez parler votre cœur !
    – Eh bien, dit Charles VI, il est libre ! Venez, monsieur…
    Passavant eut un faible gémissement. Son cœur bondit. Son regard étincela.
    – Libre ! frémit-il. Libre !… Moi !…
    – Pas encore ! dit une voix rude, rauque et calme.
    Le geôlier, le colosse, appuyé d’une main sur sa masse, l’autre à la garde de son couteau, s’était placé sur le seuil du cachot. Il était une porte vivante.
    – Vous avez, dit-il, un ordre pour visiter le prisonnier, non pour le délivrer. Dehors ! Hors de la tour ! Ou j’appelle les gardes du roi !… Qui a donc donné l’ordre de mettre en liberté cet homme ?
    Charles VI laissa retomber son manteau, et prononça :
    – Ordre du roi !
    Le geôlier, tomba à genoux et se courba jusqu’à toucher les dalles de son front.
    – Le roi ! bégaya-t-il. J’ai osé crier : « Dehors ! » au roi !… Je suis un homme mort !…
    – Le roi ! répéta Hardy de Passavant – non qu’il reconnût Charles VI, mais il avait entendu le geôlier.
    Charles VI, un instant, considéra le geôlier prosterné. Puis :
    – Relève-toi, dit-il. Le prisonnier est libre. Mais nul ne doit le savoir. Si on te demande ce qu’il est devenu… tu répondras…
    Le roi chercha ce qu’aurait à répondre cet homme. Mais le geôlier avait déjà trouvé, lui :
    – Majesté, dit-il, je répondrai ce que j’ai répondu un jour à quelqu’un qui-me demandait en effet ce qu’était devenu l’enfant…
    – Et qu’as-tu répondu ?…
    – Qu’il était mort !
    Le prisonnier fut secoué d’un frisson. Il fit deux pas rapides, saisit le bras du geôlier, et d’un accent qui fit frémir le roi et Champdivers :
    – Et qu’a dit cet homme quand il sut que j’étais mort ?
    – Il a dit que c’était bien et m’a donné une bourse.
    – Ah ! gronda Passavant. Et comment s’appelait ce quelqu’un qui s’intéressait tant à ma mort ?
    Le geôlier haussa les épaules en signe d’ignorance. Peut-être ne mentait-il pas. Le prisonnier le lâcha. Odette, alors, fit ce

Weitere Kostenlose Bücher