Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
rafales de pluie, dans la lueur livide des éclairs qui, en lettres de feu, sur le livre noir du ciel, écrivaient des choses mystérieuses, une barque, prise au même endroit que, douze ans auparavant, traversa la Seine. Comme douze ans avant, la reine Isabeau de Bavière et Amaury de Bois-Redon prirent pied dans la cité.
    Ils eussent pu passer par le pont Notre-Dame.
    Mais il eût fallu pour cela parlementer avec le poste d’archers du guet, et se faire reconnaître.
    C’étaient donc les mêmes personnages. Seulement Bois-Redon avait monté en grade : il était maintenant capitaine du palais de la reine, c’est-à-dire une importante figure militaire de l’Hôtel Saint-Pol.
    Ils arrivèrent à la maison de la rue aux Fèves et, bientôt, furent introduits.
    Tout changeait. Bois-Redon était devenu un géant. La beauté de la reine plus forte, plus sombre peut-être, avait atteint à sa perfection. Nevers était duc de Bourgogne. Hardy était un jeune homme. Roselys, devenue Odette de Champdivers, une jeune fille. Tout, donc, se modifiait en pénétrant plus avant dans la vie. Saïtano seul était resté Saïtano ; ni plus vieux, ni plus maigre, il était le Saïtano d’autrefois, toujours avec son regard de feu, ses doigts longs, sa houppelande d’un rouge fané parsemée de suspectes taches noirâtres qu’on pouvait prendre pour des taches de sang.
    – Belle nuit, dit-il, pour venir chez le sorcier. C’est par des nuits pareilles que je poursuis avec plus d’ardeur mon inlassable recherche. Les esprits de ceux qui ne sont plus aiment alors à tourbillonner dans l’espace. Les génies qui président à la science des hommes accourent alors. Et de les sentir autour de moi, dans l’atmosphère embrasée, cela m’aide et m’excite. Mais pour vous, madame, je renonce volontiers à cette nuit d’études.
    – Ainsi, dit Isabeau, vous n’avez pas perdu l’espoir de trouver la liqueur de longue vie ?
    – Je la trouverai, madame. Je recommencerai l’expérience qu’avec tant de peine j’avais préparée et qui a si misérablement avorté… l’enfant mort était vivant, madame !
    – Oui, je sais, vous m’avez dit cela.
    – Que me faut-il ? s’écria Saïtano en frappant sur un manuscrit déposé sur une table. C’est écrit là ! Ce livre, madame, je l’ai volé à l’homme qui passe pour le plus grand génie de la science… comme si je n’étais pas un savant, moi ! Je l’ai pris à celui qui, peut-être, a trouvé, lui !…
    – Qui cela ? fit curieusement la reine.
    – Nicolas Flamel ! dit Saïtano en frissonnant de jalousie. Eh bien, dans ce livre écrit tout entier de la main de Nicolas Flamel, je vois qu’il me faut le sang de trois enfants vivants et un enfant mort de mort violente sans effusion de sang. C’est difficile, madame. En ces temps, les mères surveillent leurs enfants… Depuis douze ans, madame, vous m’avez cent fois promis de m’aider…
    – Oui, dit la reine pensive. Ce serait en effet une royauté splendide, plus étonnante que toutes les royautés de l’univers. Et ne serait-il pas maître du monde, celui qui aurait l’éternité devant lui !
    – Il serait Dieu ! dit Saïtano.
    – Saïtano, reprit Isabeau, ce qui est promis est promis. Tout ce qu’il faut faire pour la recherche du Grand-Œuvre, je le ferai. Reine à l’Hôtel Saint-Pol, je ne suis ici que ton élève. Mais pour la réussite même de la grande expérience, il faut que je puisse étendre sur toi ma protection occulte, comme je l’ai déjà fait, saisir au besoin et condamner le prévôt qui te soupçonnerait, comme je l’ai déjà fait, arrêter et jeter dans une fosse l’official qui commencerait à instruire ton procès, comme je l’ai déjà fait. Et pour cela, Saïtano, il faut que je garde le pouvoir. Or, mon pouvoir est menacé…
    Comme il avait fait jadis, Saïtano sourit, se leva, alla à l’armoire de fer, en sortit un flacon et le tendit à la reine en disant : Ceci vous attendait…
    Et comme Isabeau le regardait, étonnée :
    – Votre pouvoir, madame, est menacé parce qu’une jeune fille habite l’Hôtel Saint-Pol…
    Isabeau frémit. Un frisson de haine la secoua.
    – C’est vrai, dit-elle d’une voix sourde. Alors… ce poison… est pour elle ?…
    – Ce serait enfantin, madame. Nous tuerons Odette de Champdivers quand son heure sera venue. Nous tuerons le roi de France quand son heure sera venue, c’est-à-dire quand votre

Weitere Kostenlose Bücher