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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qu’avait fait Jean sans Peur le jour où il avait interrogé le geôlier : elle lui donna sa bourse qui contenait une douzaine de pièces d’or.
    Alors, elle tendit la main au prisonnier et lui dit doucement :
    – Venez… Votre malheur est fini…
    Il prit en tremblant cette main fine qu’on lui offrait et se laissa conduire. Ce fut ainsi qu’elle le mena en haut de l’escalier et le fit sortir de la tour Huidelonne. Là, il demeura quelques minutes, haletant, grisé par la vue du ciel splendide où les étoiles mystérieuses voguaient à travers l’infini, grisé par cette impression délicieuse, presque douloureuse de cet air pur qui envahissait ses poumons… Et comme, à ce moment, elle voulait retirer sa main, dans cette seconde de vertige qui le faisait vaciller, il se retint à cette main… et elle la lui laissa…
    À travers la petite lande inculte, puis à travers les jardins embaumés, ils s’avancèrent ainsi. Derrière eux venaient le roi Charles VI pensif, étonné de la joie profonde que lui causait l’acte qu’il avait accompli, et Honoré de Champdivers tout ébahi, qui se disait : « Comme elle mène le roi ! Sang du Christ, c’est pourtant le roi de France qui obéit à ma petite Odette, comme j’eusse obéi à messire Bertrand !… »
    Ils allaient ainsi, dans la nuit, parmi les derniers parfums d’automne, sous la caresse des étoiles, et ils ne savaient pas que tous deux ensemble dégageaient le charme puissant de la jeunesse et de la beauté…
    C’était un merveilleux couple fait pour l’amour.
    C’était Roselys… c’était Hardy…
    Quand ils approchèrent du palais, le roi arrêta d’un geste leur petite troupe, et dit :
    – Pourquoi étiez-vous détenu à la tour Huidelonne ?
    – Je ne le sais pas, dit Hardy.
    – Jurez-moi, monsieur, jurez-moi que vous ne le saviez pas ?
    – Je le jure, dit Hardy.
    – Et il y a douze ans que vous étiez dans ce cachot ?
    – Douze ans, oui.
    Charles VI, méditatif, se tut encore. Peut-être songeait-il que dans les geôles de Paris il y avait bien d’autres prisonniers qui ne savaient pas, ne sauraient jamais la cause de leur malheur. Il soupira et dit :
    – Vous êtes libre. Vous quitterez l’Hôtel Saint-Pol dès tout à l’heure. Adieu, monsieur. Si par hasard, autour de vous, vous entendez maudire le roi Charles VI, racontez seulement ce qui vient de se passer et nous serons quittes.
    Passavant s’inclina avec une grâce altière et dit :
    – Je vous le promets, sire. Mais je vous promets aussi que pour cela je ne me tiendrai pas quitte envers vous. Adieu, sire. Que Dieu garde votre Majesté !…
    Le roi fit un dernier geste de la main et rentra au palais. Honoré de Champdivers et Odette, accompagnés du prisonnier, gagnèrent l’aile de ce même palais qui était leur résidence. Odette rentra dans ses appartements après avoir dit quelques mots à Honoré. Il sembla au prisonnier qu’il retombait subitement dans la nuit de son cachot.
    Quelques heures se passèrent, pendant lesquelles Honoré de Champdivers exécuta sans doute à la lettre les instructions que lui avait données Odette, car vers six heures du matin, lorsqu’elle entra dans ce salon où nous l’avons vue recevoir trésorier et joailliers, elle vit un gentilhomme qu’elle ne reconnut pas tout de suite. Il était vêtu d’un costume de velours chamois, le justaucorps serré à la taille, les manches ouvertes selon la mode. Ainsi transformé, malgré sa maigreur, malgré la pâleur mate de son visage, c’était un cavalier de haute mine.
    Odette l’examina quelques secondes.
    Puis, sans rien dire, elle alla à une panoplie, et parmi vingt rapières, choisit la plus forte, la plus flexible, une vraie lame royale venue des fabriques d’Espagne. Et elle la tendit au jeune homme.
    Le chevalier de Passavant prit l’épée, la contempla un instant, puis il s’inclina très bas, et doucement baisa la poignée de fer ouvragé.
    Ce fut son remerciement.
    Le cœur d’Odette battit un peu plus vite.
    On remarquera qu’elle ne lui demanda pas son nom : soit qu’elle n’attachât pas d’importance au détail, soit par une sorte de délicatesse, car en ce temps, l’hôte était un être sacré qu’il ne fallait pas interroger. Ce nom, même, l’eût-elle entendu, que, selon toute probabilité, il n’eût éveillé en elle aucun souvenir.
    Ces deux êtres d’élite, donc, comprirent qu’ils n’avaient rien à se

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