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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dit :
    – Je ne suis pas fâché que vous m’ayez prouvé que j’ai bon pied, bon œil, bonne parade. Mais savez-vous, maître, que vous êtes une vipère qu’il faut écraser ? Ma foi, puisque je vous tiens là, je vais simplement et proprement vous tuer.
    – Faites ! dit Saïtano. Vous pouvez me tuer. Vous avez une arme et je n’en ai pas. Mais vous n’arriverez pas à me faire peur.
    – Nous allons voir.
    Passavant jeta les yeux autour de lui. Le seau y était toujours, et la grosse éponge, sinistres ustensiles en tel lieu. Sur une tablette, la boîte à outils. Dans un coin, un paquet de cordes. Le jeune homme saisit ces cordes et marcha droit sur Saïtano qui se ramassa, tendit ses muscles. Une main de fer le saisit à la gorge et le colla au mur. Là, il y eut une courte lutte, des grognements confus, et Saïtano écumant, livide de rage, se trouva solidement garrotté… Mais il n’avait pas peur, et haleta :
    – Tu n’avais pas besoin de me lier pour me tuer, truand !
    Dans cette seconde, la peur s’abattit sur lui. Il frissonna. Ses yeux devinrent hagards. Il râla :
    – Oh ! le démon ! Que va-t-il faire !…
    Simplement, Passavant l’avait saisi dans ses bras nerveux, et tout lié, bras et jambes, l’avait étendu de son long… sur la table de marbre !… Aussitôt il déchirait les vêtements avec son poignard et mettait la poitrine à nu !… Puis il déposait sur la table un flambeau près de la tête de Saïtano, et enfin, ouvrant la boîte aux outils, il choisissait la griffe, la fameuse griffe d’acier… le scalpel !
    – Ma foi, dit-il avec sa terrible simplicité souriante et narquoise, je vais vous faire ce que vous avez sans doute fait à bien d’autres ; je vais, de la pointe de cette lame, chercher votre cœur tout vif, et vous l’arracher palpitant encore.
    Saïtano eut un rugissement de terreur ; ses yeux se strièrent de rouge.
    – Pour le coup, je crois, mon maître, que vous avez peur… dites ?
    Et il planta la pointe du scalpel dans la poitrine du patient, comme on la lui avait plantée, à lui. Saïtano, d’un frénétique effort, souleva sa tête, fixa ses yeux exorbités sur le scalpel, et il écuma :
    – Oui !… Oui, démon !… Oui, j’ai peur !
    – C’est bien ! dit Passavant. Consentez-vous à répondre à mes questions ? Non ? Je vous arrache le cœur. Oui ? Je vous fais grâce de la vie. Choisissez.
    – Je répondrai ! haleta Saïtano.
    Passavant trancha les liens, comme il avait fait jadis aux « trois vivants ». Saïtano se mit debout, courut à l’armoire de fer, versa dans un gobelet une douzaine de gouttes d’un liquide incolore, et dès qu’il eut bu, son visage reprit sa couleur naturelle, ses nerfs s’apaisèrent. Passavant s’assit sur un coin de la table de marbre, les jambes pendantes, la rapière devant lui en travers sur ses genoux, et dit :
    – Je n’étais pas venu pour vous tuer, ni pour vous écorcher vif, ni vous faire peur. C’est vous qui m’avez forcé à ces gestes violents en vous jetant sur moi le fer au poing.
    – Et que me voulez-vous donc ? fit Saïtano étonné.
    – Je vais vous le dire.
    – Interrogez ! fit Saïtano redevenu maître de lui.
    – Eh bien, donc, la nuit où je fus porté ici, mon logis fut envahi. Dans l’oratoire, se trouvait une femme dont je ne pus voir le visage…
    – Savez-vous qui était cette femme ? interrompit Saïtano.
    – Non. Car c’est à elle, non à vous, que je me fusse adressé. Il y avait aussi un homme, un seigneur…
    – Celui-là, au moins, vous savez qui il était ? demanda de nouveau Saïtano avec une sorte d’anxiété.
    – Non. Car c’est devant lui que je me trouverais maintenant, l’épée à la main.
    Saïtano respira. La reine – son alliée – n’avait pas été reconnue. Passavant n’avait pas non plus reconnu Jean sans Peur. Et celui-là, Saïtano le gardait pour lui : Il avait juré contre le duc de Bourgogne une de ces vengeances qui n’admettent pas le partage.
    – Continuez, dit-il froidement.
    – Cet homme, cette femme, les connaissez-vous ?
    – Non. Que suis-je ? Un instrument, un outil, comme ceux que vous voyez dans cette boîte.
    – Quoi qu’il en soit, j’ai toujours pensé qu’il y avait étroite relation entre l’invasion de mon logis par ces gens et l’aventure qui m’arriva à moi. Je suppose donc que, si vous êtes un simple instrument, s’il est des choses que vous

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