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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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renversés. Déjà la chose était passée…
    – Hardi ! Passavant le Hardi !
    Emporté par l’élan furieux, le chevalier ne put s’arrêter qu’à vingt pas au delà. Dans le même instant, il avait fait demi-tour, et la même manœuvre, il la recommençait en jetant son cri de guerre. Il revenait à la charge, fonçait droit sur la masse hurlante, un choc sonore se produisit, on entendit un hennissement éperdu, le cheval de Passavant s’abattit : cette fois, l’un des Écorcheurs, solidement campé sur ses jambes, avait attendu la tempête ; un violent coup d’une barre de fer atteignit au front la malheureuse bête.
    Passavant sauta et se trouva debout. L’Écorcheur, renversé au choc, se releva et, tout deux, face à face un dixième de seconde, se mesurèrent du regard, puis se ruèrent l’un sur l’autre, tandis que le hurlement de la bande s’élevait :
    – À mort ! À mort ! Écorchons-le !
    Il y avait quelqu’un qui regardait cette scène pareille à un rêve de cauchemar.
    C’était la femme de la litière.
    Debout, haletante, l’œil en feu, elle semblait aspirer le carnage. Elle regardait, oubliant peut-être qu’un seul coup d’une de ces armes qui voltigeaient autour d’elle pouvaient la tuer. Et ce regard tout plein d’éclairs ne quittait pas Passavant. Sans doute cette femme éprouvait à ce moment une de ces passions qui tombent à l’improviste sur un être comme la foudre. Elle comprimait son sein, et se murmurait :
    – Le voici ! Voici celui que j’attendais ! Voici l’homme !…
    Elle vit Passavant se retourner sur la bande des Écorcheurs et tracer dans l’air, de sa rapière, un large demi-cercle. Elle le vit saisir à la gorge celui qui avait abattu son cheval et, d’une poussée terrible, l’acculer, le porter jusqu’à un arbre. Une deuxième fois, elle vit la rapière tracer son demi-cercle. Et deux ou trois hommes encore poussèrent un hurlement… Tout à coup, la bande se dissémina, disparut comme une apparition qui s’évanouit, et il n’y eut plus que les ébrouements de l’escadron de Bourgogne apparu soudain au détour de la route.
    – Taïaut ! Taïaut ! cria une voix forte. Qu’on poursuive ces drôles !…
    Les cavaliers, de tous côtés, s’élancèrent sous bois. Mais il paraît que les drôles en question connaissaient l’art des retraites subtiles : ils furent insaisissables, sauf celui qui était aux mains de Passavant. Le chevalier le tenait contre l’arbre. L’homme, vaincu, s’était croisé les bras et considérait son adversaire avec un farouche orgueil.
    – Qui es-tu ? fit le chevalier quand il eut vu la fuite rapide des Écorcheurs.
    – Le chef. Sans l’arrivée des damnés suppôts de Bourgogne, vous eussiez passé un mauvais quart d’heure. La litière était à nous. De quoi vous mêlez-vous ? Allons, faites-moi pendre, et que cela finisse.
    Déjà cinq ou six cavaliers de Bourgogne s’avançaient, et la voix forte ajouta :
    – Qu’on prépare une bonne corde, et branchez-moi ce truand !
    – Pour ce que tu viens de dire, fit Passavant, tu mériterais d’avoir ma rapière dans la gorge. Me prends-tu pour un pourvoyeur de bourreau ? Allons, détale !
    Le prisonnier jeta un indéfinissable regard sur le jeune homme qui lui parlait ainsi. Il y avait surtout de la stupeur dans ce coup d’œil. Mais comme les cavaliers s’approchaient, il se secoua, éclata de rire, se jeta d’un bond dans un fourré voisin.
    – Tenez-le ! Ne le lâchez pas ! crièrent à Passavant les cavaliers qui s’élançaient.
    Mais déjà Passavant se retournait vers son cheval qui, péniblement, s’était remis debout. Quant au chef de la bande, il va sans dire qu’on ne put le trouver. Passavant s’était approché de la bête qui avait reçu la masse en plein front. Il se rassura en constatant que le cheval n’avait eu qu’un accès de vertige causé par le coup, et que déjà, il s’ébrouait.
    – Bon ! fit joyeusement Passavant, ces coups-là tuent tout de suite, ou guérissent. Allons, mon brave, tu en reviendras.
    Alors seulement, il leva les yeux sur la femme de la litière… Il tressaillit, pâlit un peu, s’inclina comme si un vent d’admiration l’eût courbé tout frémissant : il venait d’éprouver l’impression de beauté.
    Jean sans Peur, à ce moment, prononça :
    – Mort du Christ ! Voilà un brave ! Vous avez, jeune homme, vous avez sauvé la vie d’une illustre

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