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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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princesse. Demandez votre récompense, et ne craignez pas de trop demander.
    – Certes ! dit la princesse d’une voix qui tremblait, mais non de peur.
    Ces mots détruisirent le charme. Passavant se redressa :
    – Ma foi, dit-il, j’ai vu qu’on attaquait une litière, et la main m’a démangé.
    – Quelle charge ! interrompit le duc en jetant un regard d’admiration au chevalier. Je vous ai vu entrer dans la masse comme un coin de fer ! Quels coups ! Le poitrail du cheval, l’homme, l’épée, tout cela n’était qu’un tourbillon ! Ah ! madame, vous inspirez un rude courage à quiconque vous a vue !
    – Mais, dit tranquillement le chevalier, je n’avais pas eu l’honneur de voir M me  la princesse. Je ne mérite guère la récompense qu’à ce titre vous m’offrez. Les Écorcheurs eussent-ils attaqué une mendiante que je me fusse cru forcé de tirer l’épée. Et vous, monsieur ?
    Le duc de Bourgogne n’eut pas l’air d’avoir entendu la question. Il étudiait Passavant. Il admirait cette fine silhouette souple, toute en nerfs. Sûr de sa force étonnante, sûr de son courage, il voyait aussi avec une secrète satisfaction que la physionomie du jeune homme semblait refléter plutôt une sorte de bonhomie naïve : un homme facile à acquérir.
    – Si je ne me trompe, songea-t-il, c’est là une heureuse rencontre… pour moi. – Monsieur, reprit-il à haute voix, je suis le duc de Bourgogne. Et vous, comment vous nomme-t-on ?
    – Chevalier de Passavant, monseigneur, dit le jeune homme en s’inclinant.
    Jean sans Peur et la princesse de la litière tressaillirent légèrement. Ils échangèrent un coup d’œil qui, sans doute, évoqua un drame enseveli depuis des ans au fond de leurs consciences, car ils pâlirent.
    – Passavant ? reprit le duc d’une voix altérée. Attendez donc. J’ai connu autrefois un chevalier de ce nom. On l’appelait Passavant le Brave. Seriez-vous de sa famille ?
    « Cher ami, se dit le chevalier, c’est ici le moment de ne pas t’arrêter toi-même et te traîner à la tour Huidelonne. Diable, tu la connais trop. Un peu de variété ne nuit pas. Reste donc libre, cela te changera. » – Monseigneur, fit-il, j’ai fort entendu parler dans mon enfance du Passavant en question. C’était un brave, en effet.
    – Et qui vous en a parlé ? dit le duc dont le regard se chargeait de soupçons.
    – Mon propre père, fit le chevalier avec une si admirable tranquillité que cette fois Jean sans Peur commença à se rassurer. Passavant le Brave était le chef de la branche aînée, monseigneur. Je ne suis, moi, après mon père, que le chef de la branche cadette.
    Le duc de Bourgogne et la princesse échangèrent un nouveau regard qui voulait dire :
    – La tour Huidelonne a fait son office…
    Ils respirèrent. Et d’ailleurs, il faut le dire, ils n’avaient gardé qu’un bien pâle souvenir de cet enfant jadis entrevu. Le nom de Passavant brusquement jeté dans leur souvenir en avait une seconde éclairé les bas fonds, comme ces torches qu’on jette dans un puits. La torche s’était éteinte. De nouveau les ténèbres envahissaient le puits…
    – Mais, reprit la princesse, vous êtes gentilhomme, monsieur. Et ce nom de Passavant m’est inconnu, à moi qui connais toute la noblesse de Paris.
    « Tiens-toi bien, cher ami !… »– Madame, c’est la première fois que je viens dans la grande capitale. J’ai passé mon adolescence en de lointains pays étrangers.
    – Et vous y venez sans doute pour faire fortune ? dit la princesse avec son sourire le plus engageant. Si cela est, il ne tiendra qu’à vous de réaliser vos rêves les plus ambitieux.
    Passavant salua.
    – Je m’en charge, moi ! ajouta le duc de Bourgogne.
    « Oh ! oh ! se dit le chevalier, je me suis laissé conter que la fortune n’a qu’un cheveu. Et voici qu’elle m’en présente au moins deux. L’un de ces cheveux s’appelle Bourgogne. L’autre… je ne sais pas encore. Auquel dois-je m’accrocher ? Ma foi, je déciderai cela à pile ou face. »
    – Où logez-vous à Paris ? reprit Jean sans Peur. Où est votre hôtel ?
    – Mon hôtel, monseigneur ? fit en riant le chevalier. Jusqu’ici je n’ai eu à moi que l’hôtel de la Belle-Étoile, noble hôtel, monseigneur, ce n’est pas moi qui en dirai du mal. Pour être bref, je n’ai pas de logis à Paris. Mais on m’a indiqué certaine auberge où je compte me gîter en

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