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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sourire du possesseur de cette bourse. Il paraît donc que le sourire de Passavant lui inspira une confiance illimitée.
    – Holà ! cria-t-il, holà, l’Éveillé, vite, à l’écurie le noble destrier de ce gentilhomme étranger que nous envoie le ciel !
    – Là, là, doucement, fit le chevalier, tandis que le valet d’écurie s’emparait de son cheval. D’abord, je ne suis pas étranger pour vous, maître Le Poingre…
    – Votre Seigneurie daigne me connaître ! s’écria Thibaud.
    – J’ai logé un jour chez vous, voici un mois de cela. Mais n’y eussé-je logé qu’une heure, et douze ans se fussent-ils écoulés, vous avez une figure qu’on n’oublie pas.
    – Ah ! monseigneur !…
    – Vous êtes resté le même, sauf que vos cheveux ont blanchi.
    – Depuis un mois ? fit Thibaud effaré.
    – Non… depuis douze ans. Mais je m’entends. Ensuite, maître, ce n’est pas le ciel qui m’envoie à vous, mais bien plutôt le diable à la queue de qui je suis attaché…
    – Ah ! ah !… Eh bien, soit, mon gentilhomme. Si vous tirez le diable par la queue, je suis sûr qu’un gaillard de votre trempe finira par la lui arracher. Et puis, vous avez une façon de parler qui m’a touché. Entrez donc, mon capitaine. Crédit est mort. Mais pour vous, Ventre-Joye, je le ressuscite !
    Passavant n’avait pas attendu l’invitation. Il était déjà dans la salle, cherchant des yeux une bonne place pour y dîner d’abord, car il mourait de faim, et ensuite pour réfléchir à son aventure du bois de Vincennes. Comme il laissait ainsi errer son regard, tout à coup, il tressaillit et d’un geste rapide, assura sa rapière : ce regard, à travers une porte ouverte, venait de tomber sur les quatre séides du duc de Bourgogne : Ocquetonville, Scas, Courteheuse et Guines. Il reconnut tout de suite Ocquetonville.
    – Mon homme du Val d’Amour, fit-il entre les dents. Oh ! oh ! mais il me semble qu’il me regarde fort. Allons, c’est ici la suite de l’algarade…
    Ocquetonville, en effet, examinait le chevalier. Mais ni lui, ni ses compagnons ne reconnaissaient le rude escrimeur qui les avait tous marqués à la figure. Ils l’avaient à peine vu. Et son voyage l’avait transfiguré. Seulement, à la description que leur en avait faite Jean sans Peur, ils croyaient reconnaître celui vers qui ils étaient députés.
    – Ma foi, continuait Passavant, ils ont la balafre, bien pâlie, c’est vrai… Mais je reconnais ma signature… Ils se lèvent… ils viennent à moi… diable !
    Les quatre s’avançaient. Ils s’inclinèrent devant le chevalier qui rendit un bref salut.
    – Monsieur, dit Ocquetonville, seriez-vous, d’aventure, le chevalier de Passavant ?
    – Je le suis. Et vous, messieurs, qui êtes-vous ?
    Les quatre saluèrent plus profondément que la première fois, et Ocquetonville reprit :
    – Chevalier, ces gentilshommes qui ont l’honneur de vous saluer sont : M. le vicomte de Courteheuse, M. le baron de Scas, M. le comte de Guines, et votre serviteur, baron d’Ocquetonville.
    À chaque désignation, il y eut de part et d’autre un salut exécuté selon les règles. Passavant se tenait sur ses gardes, l’œil au guet, la main prête.
    – Et maintenant que nous nous connaissons un peu mieux, dit-il, que désirez-vous de moi, messieurs ? Pour quoi que ce soit, je me déclare à votre entière disposition.
    – Monsieur, dit Ocquetonville, Mgr le duc de Bourgogne, notre maître, qui vous a rencontré ce matin dans la forêt, du côté de Vincennes, nous a informés que nous aurions le plaisir de vous rencontrer en cette auberge, et nous a engagés à solliciter la faveur de votre amitié. En conséquence, ces messieurs et moi, nous nous trouverions fort honorés si vous vouliez bien prendre place parmi nous à cette table.
    Passavant sourit, et songea :
    – Me faire abreuver par eux après les avoir étrillés, ce serait un peu cruel. – Messieurs, dit-il, tout l’honneur est pour vous et j’accepte votre invitation, mais j’y mets une condition.
    – Et laquelle ? s’écrièrent les quatre jeunes gens.
    – C’est que je payerai l’écot.
    Étonnés, ils se consultaient encore du regard que déjà, il pénétrait dans la petite salle et indiquait à chacun sa place.
    – Maître Le Poingre, dit-il à l’hôte accouru, ces gentilshommes sont mes hôtes. Faites-nous dîner comme des princes, si tant est que les princes aient le

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