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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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son visage bouleversé.
    – Partons, dit-il en grinçant des dents. Mais tout d’abord, un mot, s’il vous plaît.
    – Cent, mon cher. Si vous voulez, nous allons nous rasseoir.
    – Inutile, gronda Ocquetonville. J’ai simplement ceci à vous dire : vos avis me déplaisent. Il ne faut pas vous figurer, mon petit chevalier, que, parce que le duc et la reine se sont entichés de vous, nous allons, nous qui avons déjà rendu de signalés services, vous céder le pas soit à l’Hôtel Saint-Pol, soit à l’Hôtel de Bourgogne…
    Le chevalier parut fort étonné. Il l’était sincèrement.
    – Me céder le pas ? dit-il. Pourquoi faire ? Et qu’ai-je besoin que vous me cédiez quoi que ce soit ?
    – Vous vous moquez de moi ! hurla Ocquetonville. Dès que vous en aurez fini avec monseigneur de Bourgogne, je vous prierai de me suivre derrière l’abbaye de Saint-Germain.
    – Au diable ! Et pourquoi irons-nous sur le Pré-aux-Clercs, dites-moi ?
    – Vous ne comprenez pas ? ricana le Bourguignon.
    – Si fait ! Vous voulez m’éventrer ou me pourfendre. La peste si je sais pourquoi, mais enfin, vous le voulez, je n’y contredis pas. Mais pourquoi si loin ? Pourquoi pas ici, tout de suite ?
    Ocquetonville, entre ses dents, jura tous les saints, d’abord, puis tous les diables. Le sang-froid, la naïveté, la candeur de son adversaire le mettaient hors de lui.
    – Mais sans doute, continua Passavant. Nous sommes deux ici. Un seul sortira, voilà tout, et ira dire à Jean de Bourgogne que l’autre est retenu, malgré tous les regrets possibles.
    – Insolent ferrailleur ! gronda le baron. Demain je te rentrerai tes sarcasmes dans la gorge. D’ici là, j’ai ordre de te respecter, profites-en !
    Le sourire du chevalier de Passavant se fit terrible.
    – Vous m’avez cherché querelle, dit-il froidement. Je jure que je n’avais contre vous aucune pensée mauvaise. Je vous ai accueilli. Vous êtes ici chez moi. Vous m’insultez. Puis, vous me dites que vous avez ordre de me respecter. Moi qui n’ai pas d’ordre de ce genre, qui n’en recevrai jamais, ou l’ayant reçu ne l’exécuterai pas, je vous dis : Flamberge au vent, ici, tout de suite !
    En même temps, il dégaina, prit du champ et, la pointe de sa rapière sur le plancher, attendit que son ennemi fondit sur lui. Ocquetonville tira à demi son épée, puis, la renfonçant :
    – Jusqu’à demain, je dois vous respecter ; la volonté qui me lie est plus forte que la vôtre et la mienne.
    Passavant haussa les épaules et, du bout des dents :
    – Demain, soit. À neuf heures du matin, sur le Pré-aux-Clercs.
    Ocquetonville fit de la tête un signe affirmatif et tous deux sortirent. Ils se donnaient le bras et s’accablaient d’amabilités.
    À l’hôtel de Bourgogne, Jean sans Peur prenait ses dispositions pour recevoir le chevalier de Passavant. Il éprouvait une vague inquiétude à la pensée de révéler à cet inconnu qu’il s’agissait d’un meurtre. Et quel meurtre ! Il allait lui demander de tuer le frère du roi ! Ce Passavant était-il un de ces innombrables aventuriers qui, moyennant honnête rétribution, se portaient au détour de quelque ruelle sombre, y attendaient patiemment l’ennemi désigné à leurs coups et plantaient leur dague entre deux épaules sans trop faire crier la victime ? Oui. Ceci était probable. Mais enfin, si l’aventurier refusait ?…
    En ce cas, le sort du chevalier devait se régler d’avance.
    C’est pourquoi, en homme d’expérience et de prudence, Jean sans Peur prenait toutes les précautions voulues, et organisait le guet-apens final. Il s’y connaissait.
    En cette vaste salle des armes. Jean sans Peur fit disposer un fauteuil près de la table. Sur la table, il plaça lui-même un sac d’or. Le sac contenait une fortune.
    Courteheuse, Guines, Scas, intrigués, regardaient cela sans mot dire.
    Le duc les conduisit dans une petite salle dont la porte était assez épaisse pour qu’ils ne pussent entendre ce qui allait se dire, à moins de crier très fort, ce qui n’était pas son intention.
    – Vous ne bougez pas, ordonna-t-il. Mais si vous m’entendez crier : « Notre-Dame ! » alors vous sortirez de ce réduit.
    – Très bien, dit Scas goguenard. Et alors, tous nous partageons le sac qui est sur la table ?
    Jean sans Peur le regarda en face, et l’assomma de ce mot :
    – Oui !
    Puis il les ramena dans la grande, salle, et acheva là

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