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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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BRAVO
    En entrant dans l’hôtel, Ocquetonville confia son compagnon à une sorte de valet chamarré qui devait le guider. Puis, s’inclinant, non sans quelque bonne grâce :
    – Je pense, chevalier, que vous n’oublierez pas l’honneur que vous m’avez fait d’accepter un rendez-vous, sans façon…
    – Comment donc, baron ! Il faudrait pour cela que j’en vienne à oublier les bons sentiments que vous avez pour moi, ce qui est tout à fait impossible. Demain matin, à neuf heures, sur le Pré-aux-Clercs, j’espère vous prouver que je n’oublie jamais les rendez-vous de ce genre.
    Ocquetonville salua et disparut. Passavant suivit le valet qui le conduisit dans la vaste et imposante salle des armes. Là, le chevalier fut laissé seul.
    L’impression qu’il éprouva fut étrange. Pour ainsi dire, le silence l’étouffa. L’obscurité se saisit de lui et en fit un être noyé dans ses vagues.
    Il s’attendait à de la lumière, à du mouvement, à du bruit. Et l’hôtel semblait mort. Une seule cire placée sur la table jetait dans son immédiat voisinage un indécis nuage de lumière diffuse, et cette lueur lointaine ne servait qu’à donner un sens et un relief aux ténèbres hostilement massées aux angles.
    Passavant s’approcha, de cette table, et vit le sac. Il était en grosse toile grise. Il était ventru, rebondi, et semblait avoir une pensée d’attente. Il avait dans le jeu de lumière et d’ombre vaguement l’apparence d’un énorme crapaud. Le chevalier vit donc ce sac et éprouva cet étonnement si voisin de l’inquiétude.
    Pourquoi ce sac ?… Il lui donna une chiquenaude, et le sac répondit à la question par un léger tintement d’or.
    Il continua de s’avancer lentement, inspectant les panoplies, s’enfonça dans la masse des ténèbres jusque vers un rideau de velours sombre, et tout à coup, il se trouva en présence d’un portrait adossé à la tenture. C’était un portrait de femme. Le visage était pâle et sévère. Les vêtements étaient noirs. Les yeux du portrait le fixaient, mais avec une telle intensité de vie que, sous une impulsion dont il ne fut pas maître, il recula d’un pas… Au même instant, le portrait allongea la main et le saisit au bras.
    Passavant, de la tête aux pieds, éprouva une violente secousse.
    – Madame… murmura-t-il d’une voix étranglée.
    Vivement le portrait – la dame – porta un doigt à ses lèvres pour commander le silence. Elle jeta autour d’elle un long regard anxieux, puis, une minute longue comme une heure, étudia le visage du chevalier, puis elle se pencha, et à son oreille, dans un souffle, jeta ce seul mot :
    – Fuyez !…
    Presque aussitôt, elle parut se fondre dans la tenture ; et lorsque Passavant se remit de cette stupeur qui l’avait accablé, la dame… Marguerite de Hainaut, femme de Jean sans Peur, avait disparu.
    Le chevalier revint vers le milieu de la salle, vers la faible lueur de cire. Ses tempes battaient. Il sentait sa gorge serrée. Une indéfinissable horreur, peu à peu, s’emparait de lui.
    – Fuir ! Pourquoi ? Que doit-il donc m’arriver ? Pourquoi ce sac plein d’or sur cette table ? Pourquoi ce silence ? Et pourquoi me dit-on de fuir ?…
    Il n’eut pas le temps de décider s’il devait ou non suivre ce conseil. Une porte s’ouvrit. La lumière inonda à flots la salle des armes. Deux valets entrèrent portant chacun deux flambeaux à quatre cires, et derrière eux, un homme qui, d’une voix joyeuse, cria :
    – Ah ! voici ce brave ! Merci, chevalier, merci de vous être rendu à mon invitation.
    Toutes ces impressions, qui venaient de frapper le chevalier comme autant de fantastiques images issues de la fièvre, s’évanouirent devant la figure loyale et riante de Jean sans Peur.
    Les deux valets ayant déposé leurs flambeaux se retirèrent.
    Le duc de Bourgogne prit place dans son fauteuil. Sa physionomie fut plus loyale que jamais.
    – Soyez le bienvenu, mon brave chevalier…
    – Et vous, monseigneur, soyez remercié…
    Ces brèves paroles s’échangèrent d’une voix rapide. Chacun d’eux brûlait d’aborder la question qui lui tenaillait l’esprit. Chacun d’eux, à la hâte, étudiait l’autre.
    – Donc, chevalier, Ocquetonville m’assure que vous voulez entrer à mon service ?
    – C’est vrai, monseigneur, mais à une certaine condition.
    – Ah ! Ah ! s’écria Jean sans Peur. « Ça y est ! » ajouta-t-il en

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