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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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yeux, et répondit :
    – Oui !…
    – Merci ! Je suis à vous pour la vie, à cette heure. Vite ! Entrez là-dedans !
    Là-dedans ! C’était un sac ! Le sac dans lequel on devait mettre le cadavre pour le porter à la Seine. Bragaille avait déjà saisi l’intention de Bruscaille et présentait le sac tout ouvert.
    Jean sans Peur descendait !…
    Lentement, écoutant à chaque marche, il descendait… pour voir.
    – C’est fini, murmura-t-il, je n’entends pas de bruit.
    Il ouvrit la porte, – et tout de suite, son regard tomba sur une forme oblongue, allongée contre le mur du fond, et recouverte du sac solidement noué à l’ouverture. Malgré sa froide férocité, le duc de Bourgogne eut un frisson. Il demeura une minute sur le seuil, pensif, se disant peut-être que ce jeune homme si riche de vie et de générosité ne lui avait rien fait…
    – Il possédait un secret qui tue ! se dit-il comme pour se répondre. – Est-ce fait ? demanda-t-il à haute voix, feignant de n’avoir pas aperçu le sac.
    – Voyez, monseigneur, dit Bragaille en désignant du doigt la forme rigide.
    Jean sans Peur hocha la tête. Puis, lentement, il regarda autour de lui, inspecta la salle, comme pour reconstituer la bataille. Soudain, il saisit Brancaillon par le bras, et :
    – Quoi ! Pas une goutte de sang sur les dalles ? Que s’est-il passé ?
    Brancaillon demeura hagard, la langue collée au palais, incapable de trouver un mot de réponse. Il était livide, la sueur lui coulait du visage à grosses gouttes. Bruscaille fit un pas en avant.
    – Pas de sang à vos dagues ? répéta Jean sans Peur.
    Bruscaille saisit le poignet de Brancaillon et le leva en disant :
    – Regardez ce poing, monseigneur.
    – Ah ! ah ! fit Jean sans Peur.
    – Cela vaut mieux qu’un coup de dague…
    Brancaillon, voyant le regard d’admiration de son maître, retrouva la parole et dit :
    – Un jour, à la halle, j’ai abattu un bœuf d’un seul coup de ce poing.
    – Comment cela s’est-il fait ? demanda Jean sans Peur à Bruscaille.
    – Voilà, monseigneur, s’empressa de répondre Brancaillon plein d’orgueil. Vous connaissez Caboche ? Le boucher Caboche, monseigneur ? Eh bien ! ce bœuf…
    – Tais-toi, interrompit Bruscaille. Ce n’est pas cela que Monseigneur veut savoir. Brancaillon s’est placé derrière la porte entr’ouverte. Nous deux, ici, la dague au poing. L’homme nous a vus et a marché sur nous. Alors le poing de Brancaillon s’est levé et s’est abattu, han ! d’un seul coup : c’était fini. Voilà.
    Le duc de Bourgogne eut un geste de satisfaction. Il détourna les yeux du sac et s’en retourna lentement. Au moment de franchir la porte de fer, sans tourner la tête, d’une voix sourde :
    – Portez-le où vous savez. Que tout soit fini dans une heure.
    Brancaillon fit deux pas rapides vers le duc, et avec un large sourire :
    – Avons-nous le droit de plonger la main dans le sac ?
    – Quoi ? fit le duc qui tressaillit violemment à cette question macabre.
    – Le sac ! reprit Brancaillon avec son sourire béat. Le sac d’or, là-haut…
    Jean sans Peur respira.
    – C’est chose promise, dit-il.
    Et il monta l’escalier tournant. Quelques instants plus tard, Bruscaille s’élançait à son tour. Bientôt, il revenait armé d’une énorme clef. La porte du fond fut ouverte. Bragaille et Brancaillon saisirent le sac, l’un par les pieds, l’autre par les épaules. On longea un couloir au bout duquel on se trouva dans une petite cour. Là, il y avait une poterne. Un garde muni d’une lanterne l’ouvrit, éclaira un instant le groupe des nocturnes porteurs, et ricana :
    – Bon voyage !…

XXIV – LA RUE BARBETTE
    Jean sans Peur avait dit au chevalier de Passavant que Louis d’Orléans serait escorté de porteurs de torches dont il n’y avait pas à tenir compte. Il avait dit la vérité.
    L’escorte du duc d’Orléans, armée ou non, ne comptait pas, comme on va le voir. Ce que cherchait Jean de Bourgogne, c’était l’homme capable de porter à Louis le coup mortel : l’homme qui tue, sans que nul puisse dire qu’il a été envoyé par Bourgogne ; l’homme qu’on peut au besoin accuser et faire condamner, de façon à établir la parfaite innocence de Bourgogne.
    Passavant manqua donc tout à coup à Jean sans Peur, et peu s’en fallut que celui-ci ne renonçât alors à l’occasion que lui offrait la reine. Pendant quelques

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