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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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minutes, il fut affolé de rage et de terreur.
    Ce fut pendant le combat de la grande salle qu’il se décida à employer des gens de sa maison. Ocquetonville, Courteheuse, Guines et Scas se trouvaient tout désignés pour la besogne. À tout risque, il fallait les employer ou renoncer au meurtre.
    Ces quelques mots étaient nécessaires pour établir comment Jean sans Peur, qui était la prudence et la ruse incarnées, commit la faute énorme d’envoyer rue Barbette des gens qu’on pouvait reconnaître, malgré la précaution prise de changer de vêtement et de ne porter aucun insigne de Bourgogne.
    Vers le milieu de la rue Barbette, où nous conduisons maintenant le lecteur, le cabaret des Templiers dressait au-dessus d’un perron aux marches déchaussées une façade lézardée, à demi ruinée.
    C’était un logis peu fréquenté, mal famé d’ailleurs. L’hôte passait pour tirer le plus clair de ses revenus de mystérieuses accointances avec les truands de la rue des Francs-Bourgeois, toute proche.
    À l’heure où Jean sans Peur exposait au chevalier de Passavant la petite entreprise qu’il méditait contre le duc d’Orléans, le cabaret était fermé depuis longtemps.
    Nous devons dire qu’à cet endroit la rue Barbette, étroit boyau à la chaussée bourbeuse, s’élargissait selon un de ces caprices des rues d’alors, indépendantes et vagabondes. Six cavaliers eussent marché là de front. Un peu plus loin, la rue redevenait boyau.
    C’est cette sorte de poche que Jean sans Peur avait adoptée. C’était le piège où Louis d’Orléans pouvait être isolé de son escorte – s’il en avait une. En tout cas, on pouvait y exécuter à l’aise la bonne manœuvre.
    Dans le cabaret fermé, muet, sombre, une salle était vaguement éclairée par la lueur d’une torche plantée sur un support en fer. Cette torche jetait ses vagues reflets sur deux tables grossières. Autour de chaque table, neuf hommes. En tout, dix-huit, y compris le chef d’équipe.
    Leur besogne était simple. À un coup qui devait être frappé sur la porte extérieure, ils devaient se jeter dans la rue comme des gens ivres et paralyser l’escorte du duc d’Orléans. Le reste ne les regardait pas… Si on ne frappait pas à la porte, c’est qu’on n’aurait pas besoin d’eux, et en ce cas ils devaient continuer à boire tout tranquillement, sans s’inquiéter des cris qu’ils pourraient entendre dans la rue.
    C’étaient de banales figures de bêtes féroces. Le chef seul pouvait paraître intéressant. Il ignorait d’ailleurs pour qui on l’avait embauché et quel gentilhomme devait passer dans la rue.
    Poursuivant notre chemin le long de la rue noyée de ténèbres, nous arrivons à la porte Barbette.
    En avant de cette porte, à vingt pas avant d’y arriver, se dressait un logis d’assez belle apparence qui avait appartenu à Jean de Montaigu. Celui-ci, depuis quelques années, avait vendu cette maison. Le nom de l’acquéreur était ignoré ; on ne le sut que plus tard.
    Nous n’avons aucune raison pour taire ce nom :
    L’acquéreur s’appelait Isabeau de Bavière.
    Dans son palais de l’Hôtel Saint-Pol, parfois, elle se sentait à l’étroit ; derrière chaque porte, elle soupçonnait une oreille ; dans les fentes des tentures, elle croyait toujours voir un œil qui la guettait. Au logis Montaigu, elle était chez elle. Là, il n’y avait plus de reine. Tantôt courtisane somptueuse, tantôt charmante hôtesse, elle y recevait secrètement ceux que ses passions ou sa politique faisaient ses amis d’un jour ou d’une nuit. Le logis transformé à prix d’or était devenu sous son inspiration une merveilleuse retraite où tout était combiné pour le plaisir – et pour le repos quand on était las de plaisir.
    C’est dans cette maison que Louis d’Orléans pénétra ce soir-là vers neuf heures.
    Cinq ou six de ses gentilshommes armés jusqu’aux dents l’escortèrent jusque-là, et cette cavalcade fut éclairée le long du chemin par quatre pages portant des torches.
    Arrivé devant le logis, le duc garda seulement ses pages et renvoya ses gentilshommes.
    – Monseigneur, dit Hélion de Lignac, nous reviendrons vous prendre pour vous ramener à l’hôtel d’Orléans. Vers quelle heure ?
    – Bah ! Rentrez chez vous, messieurs. Qu’ai-je à craindre depuis que je suis réconcilié avec mon cousin de Bourgogne ? Rentrez, rentrez… car, sur ma parole, j’ignore à quelle heure je

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