L'Iliade et l'Odyssée
en robe de safran sortit de l’Océan pour apporter la
lumière aux hommes et aux dieux, Thétis arriva près des vaisseaux,
portant les armes destinées à Achille.
Elle trouva son fils toujours en larmes,
serrant le corps de Patrocle dans ses bras. Ses compagnons
l’entouraient. À la vue des armes, ils furent saisis de terreur.
Achille, au contraire, sentit la colère le pénétrer davantage, et
une lueur s’alluma dans ses yeux.
« Mère, s’écria-t-il, ces armes que me
fournit un dieu sont dignes des immortels. Dès maintenant, je vais
m’en cuirasser. »
« Fais d’abord la paix avec Agamemnon,
lui répondit Thétis. Puis, tu pourras te cuirasser et aller au
combat. »
Achille partit donc en suivant le rivage de la
mer, et tous, en le voyant, prirent le chemin de l’assemblée.
Diomède et Ulysse vinrent en boitant, puis ce fut Agamemnon qui
sentait encore sa blessure. Quelle joie pour les Grecs de voir
Achille renoncer à sa colère ! Agamemnon offrit à nouveau ses
présents, mais Achille était impatient de courir au combat et ne
voulait pas les attendre.
« Laisse-nous un peu de temps, Achille,
dit Ulysse, car il faut que les hommes mangent et boivent. Nul ne
se bat bien, s’il n’a mangé et bu. Mais un homme rassasié peut se
battre tout un jour. »
Achille accepta, bien à regret, cette
proposition.
D’abord Ulysse envoya des hommes à la baraque
d’Agamemnon, pour rapporter à l’assemblée les présents qui avaient
été promis, et ramener Briséis. Celle-ci pleura en voyant le corps
de Patrocle, ce héros qui avait toujours été un ami pour elle. Puis
Agamemnon immola un porc en sacrifice à Zeus. Les Grecs prirent
ensuite leur repas. Seul Achille ne voulut pas manger, ni être
consolé dans son chagrin.
Mais il revêtit les armes d’Héphaïstos. Elles
semblaient le soulever comme des ailes. Quand il eut pris la pique
de son père, qu’aucun des Grecs ne pouvait manier, il monta sur son
char, resplendissant sous ses armes comme le soleil.
L’Iliade – Scène 12 : La bataille
des dieux
Tandis que les Troyens s’armaient dans la
plaine, attendant l’attaque d’Achille et des Grecs, Zeus convia
tous les dieux à venir dans l’Olympe, et pas un fleuve, pas une
nymphe n’y manqua. Quand tous se furent assis sous les portiques du
palais de Zeus, Poséidon, l’Ébranleur du sol, se leva et parla en
leur nom.
« Pourquoi donc, dieu de la foudre, nous
as-tu convoqués ici ? As-tu quelque souci à propos des Troyens
et des Grecs qui vont reprendre le combat ? »
« Tu as compris, Ébranleur du sol,
répondit Zeus. C’est d’eux que je me préoccupe. Néanmoins, je
resterai assis pour les observer dans un pli de l’Olympe. Vous
autres, vous pourrez aller porter secours à celui des deux partis
que vous voudrez. Car si Achille est laissé à lui-même, il est
capable de prendre la ville avant le temps fixé. »
Tous les dieux partirent aussitôt pour le
champ de bataille. Héra, Athéna, Poséidon, Hermès, le messager, et
Héphaïstos se dirigèrent vers le camp grec. Arès, Apollon, Artémis,
sa sœur chasseresse, Latone, leur mère, le fleuve Xanthe et la
belle et souriante Aphrodite allèrent auprès des Troyens.
Tant que les dieux étaient absents, les Grecs
triomphaient parce qu’Achille avait reparu. Mais à présent, quand
Athéna poussa son cri de guerre, Arès se mit lui aussi à crier pour
encourager les Troyens.
Zeus tonna du haut des airs ; Poséidon
ébranla la terre et les cimes des monts. La ville des Troyens et
les vaisseaux des Grecs tremblèrent pareillement. Le roi de ceux
qui sont sous terre prit peur et sauta de son trône. Maintenant
Artémis se dressait en face d’Héra, Hermès en face de Latone, et
Xanthe en face d’Héphaïstos. C’est ainsi que les dieux affrontaient
les dieux.
Achille cependant bondissait à travers les
rangs, en encourageant chacun des guerriers. Hector, de son côté,
exhortait les Troyens, en leur disant de marcher contre
Achille.
Apollon s’approcha alors et lui dit :
« Ne t’avance pas pour affronter Achille sans quoi il te
frappera de sa lance ou de son épée. »
Là-dessus, Hector se replongea dans la foule,
jusqu’au moment où il vit Polydore abattu par Achille. Polydore
était le plus jeune fils de Priam et celui qu’il aimait le plus. Il
triomphait de tous à la course. Son père lui avait défendu de se
battre, parce qu’il était trop jeune. Mais ce jour-là, poussé par
une
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