L'Iliade et l'Odyssée
puérile vanité, il se précipita à travers les rangs des
combattants, jusqu’à ce qu’il perdît la vie.
Hector, dès qu’il vit que son frère Polydore
s’effondrait au sol, les mains crispées sur sa blessure, sentit ses
yeux s’embrumer. Il n’eut pas le cœur de rester plus longtemps à
l’écart. Pareil à la flamme, il s’élança sur Achille en brandissant
sa lance.
Achille bondit au-devant de lui, en
criant : « Voici l’homme qui a tué mon plus cher
ami ! Nous avons fini de nous terrer l’un devant l’autre sur
tout le champ du combat. Viens donc plus près, pour arriver plus
vite au terme de la mort ! »
Hector lui répondit calmement : « Ne
crois pas m’effrayer par des mots, Achille. Je sais que tu es le
plus brave et le plus fort. Mais tout ceci repose sur les genoux
des dieux. Ils peuvent me laisser t’arracher la vie d’un coup de
lance, car mon trait aussi est perçant. »
À ces mots, il brandit sa pique et la lança.
Mais Athéna, d’un souffle, la détourna du glorieux Achille. Elle
perdit toute sa force et tomba aux pieds d’Hector.
Achille s’élança avec sa pique, mais Apollon
déroba Hector sous une brume épaisse. Trois fois Achille s’élança
contre lui, et trois fois il frappa la brume profonde.
« Une fois de plus, chien, tu viens
d’échapper à la mort, cria Achille en s’élançant à nouveau. Mais je
t’exécuterai à un autre moment, pourvu qu’un dieu me vienne en
aide. Pour l’instant, je vais m’en prendre à d’autres. »
Et Achille s’élança à travers les rangs,
pareil à l’incendie qui ravage la forêt, lorsque le vent chasse les
flammes en les faisant tournoyer. Il allait en tous sens, pareil à
un dieu, jusqu’à ce que la terre fût inondée de sang.
À ce moment la querelle entre les dieux éclata
avec violence. Ils se jetèrent les uns sur les autres avec un grand
fracas. La terre et le ciel retentirent. Zeus entendit le bruit
dans son Olympe. Il rit de voir Athéna frapper Arès d’une pierre au
cou, pour se venger de ses insultes : le voilà étendu, les
cheveux dans la poussière. Comme Aphrodite essayait de l’emmener
loin du combat, Athéna la frappa en pleine poitrine, de sa forte
main, et la fit tomber par terre.
Héra, la déesse aux bras blancs, sourit. Mais
quand elle entendit Artémis reprocher à Apollon de ne pas se battre
contre le vieux Poséidon, elle lui enleva son arc et, avec cette
arme, elle se mit à la frapper tout auprès des oreilles. La pauvre
Artémis s’enfuit, toute en larmes, et alla se réfugier dans les
bras de Zeus, son père. Sa mère Latone ramassa l’arc et les flèches
pour les lui rapporter.
Alors les dieux retournèrent dans l’Olympe,
fatigués du combat. Seul Apollon resta. Il pénétra dans Troie,
craignant qu’en dépit du destin, Achille ne prît la ville le jour
même.
Le vieux Priam, du haut du rempart, regardait
le grand Achille qui mettait les Troyens en déroute. Il descendit
en gémissant vers les portes. Il ordonna aux sentinelles de les
ouvrir toutes grandes jusqu’au moment où les troupes en fuite
seraient rentrées à l’abri.
Les portes ouvertes offraient aux fuyards leur
seule chance de salut. Apollon s’élança à leur rencontre, tandis
qu’épuisés, ils fuyaient vers la ville, toujours suivis par
Achille.
Alors Apollon détourna Achille de la ville, en
prenant les traits d’un Troyen et en courant devant lui à très peu
de distance, en direction du Xanthe.
Pendant ce temps, les Troyens, apeurés comme
des faons, faisaient irruption dans la ville. Ils n’avaient même
pas osé s’attendre les uns les autres hors de la ville et du
rempart, pour savoir qui avait échappé et qui était mort au
combat.
Seul, Hector restait, par la volonté du
destin, en dehors de la ville, devant les portes Scées.
L’Iliade – Scène 13 : La mort
d’Hector
Hector restait là, devant les portes, résolu à
se battre avec Achille. Mais ce fut le roi Priam qui, le premier,
vit Achille arriver en courant dans la plaine. Ses armes brillaient
comme l’astre éclatant de l’arrière-saison qu’on appelle le Chien
d’Orion. Le vieillard gémit, puis, tendant ses bras vers Hector, il
lui dit :
« Rentre donc dans nos murs pour sauver
notre ville. Aie aussi pitié de moi, ton vieux père, qui ne suis
pas trop vieux pour souffrir si mes fils sont tués, ma ville
détruite, ma maison pillée, mes filles traînées en esclavage. Car
c’est moi qui
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