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L'Iliade et l'Odyssée

L'Iliade et l'Odyssée

Titel: L'Iliade et l'Odyssée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Homère
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part de malheurs depuis qu’il
a quitté les murs ruinés de Troie. Il te demande de le relâcher
maintenant, car son destin n’est pas de finir sa vie sur cette île
lointaine. Non, il doit revoir son foyer, sa maison, dans son pays
natal. »
    Calypso frémit à ces paroles.
    « J’ai sauvé cet homme des flots en
courroux, et je l’ai chéri, dit-elle. J’ai même voulu lui donner la
jeunesse éternelle. Mais nul ne peut s’opposer à la volonté du
tout-puissant Zeus. Qu’il s’en aille, qu’il traverse la mer !
Je n’ai ni navire ni matelots à lui donner. Je ne puis le
transporter chez lui. Mais je l’aiderai autant que je le pourrai,
si c’est la volonté de Zeus. »
    « Alors, fais-le partir tout de
suite », dit Hermès, et il disparut.
    Dès qu’il fut parti, Calypso sortit à la
recherche d’Ulysse. Elle le trouva assis sur le rivage, les yeux
mouillés de larmes, comme toujours. C’était ainsi qu’il passait ses
journées, à se lamenter sur son retour.
    Calypso vint près de lui.
    « Infortuné, ne pleure plus, dit-elle. Je
vais t’aider à quitter cet endroit. Si tu veux couper des arbres
pour te faire un radeau, je l’approvisionnerai de pain, d’eau et de
vin, et de tout ce que tu me demanderas, pour que tu ne meures pas
de faim. Je te donnerai de chauds habits et un bon vent, ce qui te
permettra de rentrer chez toi sain et sauf s’il plaît aux
dieux. »
    Ulysse frémit à ces paroles.
    « Sûrement, lui dit-il, tu as autre chose
en tête que de me faire rentrer chez moi sain et sauf. Cette
traversée est déjà difficile avec un navire, et tu veux que je
prenne un radeau ! Je voudrais que tu me jures solennellement
que ce n’est pas un complot contre ma vie, avant que je ne prenne
ce risque. »
    La belle Calypso lui sourit, et le flatta de
la main.
    « Tu es méchant de penser cela, dit-elle.
Par la Terre et le Ciel et le Styx – et c’est le plus grand serment
que je connaisse – je jure que mon intention est de t’aider, et non
pas de te perdre. Après tout, je n’ai pas un coeur de
pierre ! » Et sur ces mots, elle s’éloigna.
    Le lendemain, quand l’Aurore aux doigts de
rose eut touché l’Orient, Ulysse était debout et habillé. Calypso
s’enveloppa d’une robe blanche comme neige, mit une ceinture dorée
autour de sa taille, et un voile sur sa tête. Puis elle pensa à la
tâche d’Ulysse.
    Elle lui donna une grande hache, à double
tranchant de bronze et à manche d’olivier. Puis elle lui donna une
doloire polie, et le conduisit à un bosquet de grands arbres :
aulnes, peupliers et sapins.
    Ulysse se mit au travail. Il abattit vingt
arbres, ceux qui étaient secs et sans sève, et qui flotteraient
bien. Avec des tarières que lui donna Calypso, il perça des trous,
et réunit les troncs ensemble pour faire un large plancher.
    Il plaça des traverses, et un pont au-dessus,
et il fabriqua un mât. Il fit aussi un gouvernail, et une vergue,
et Calypso lui apporta de l’étoffe pour une voile. Quand il eut
tressé tous les cordages pour le gréement, il poussa son vaisseau
sur des rouleaux jusqu’à la mer tranquille.
    À la fin du quatrième jour, tout fut fini. Et
le matin du cinquième, Calypso l’accompagna une dernière fois sur
la plage, baigné, habillé de neuf et bien muni de vin et d’eau, de
viande et de pain. Elle lui procura aussi un bon vent, et Ulysse
déploya sa voile, le coeur plein de joie. Puis il s’assit au
gouvernail, et quand vint la nuit il se guida aux étoiles fidèles.
Pendant dix-sept jours il parcourut la mer. Et le dix-huitième il
vit devant lui les collines sombres de la terre des Phéaciens, qui
semblait un bouclier sur la mer.
    Mais alors Poséidon, celui qui ébranle la
terre, revenait d’Éthiopie. Il aperçut Ulysse sur la mer et sentit
bouillonner sa colère. Il savait que le destin d’Ulysse était de
rentrer chez lui, mais il ne put résister au plaisir de frapper un
dernier coup.
    Aussi il rassembla les nuages et bouleversa la
mer de son trident. Il ordonna à la nuit de descendre du ciel et
aux vagues de disperser les troncs du robuste radeau d’Ulysse,
comme le vent disperse des brins de paille.
    Alors Ulysse s’écria : « Heureux
ceux qui sont tombés devant les murs de Troie ! Au moins, ils
ont eu des tombeaux et des rites funéraires, tandis que je mourrai
seul, sans personne pour me pleurer, ici, sur la mer
déchaînée. »
    Mais quand Athéna vit Ulysse agrippé à une
poutre, crachant

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