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L'Iliade et l'Odyssée

L'Iliade et l'Odyssée

Titel: L'Iliade et l'Odyssée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Homère
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parcourait encore le navire désemparé,
que les vents entraînaient farouchement, jusqu’à ce que les vagues
arrachent les bordages de la quille. Enfin il attacha deux morceaux
de bois ensemble avec une lanière de cuir de boeuf. Il s’y accrocha
et fut entraîné, dérivant impuissant devant l’ouragan, pendant neuf
jours et neuf nuits. Le dixième jour les dieux le firent enfin
échouer sur une île, plus mort que vif.

L’Odyssée – Scène 10 : Les projets
de Télémaque
     
    L’île boisée où Ulysse avait pris pied était
la demeure d’une belle déesse, la nymphe Calypso. Elle descendit en
personne au rivage à sa rencontre. Et elle le conduisit à sa
confortable demeure, une caverne haute. Elle traita Ulysse avec les
plus tendres égards, car elle désirait beaucoup le voir rester.
    Mais Ulysse désirait ardemment rentrer chez
lui et revoir sa femme Pénélope. Tous les jours il descendait au
rivage et regardait la mer vide. Mais jamais aucune voile ne
passait. Aussi le soir il revenait vers la caverne, où la charmante
Calypso l’attendait, chantant devant son métier à tisser, et lui
réservant ses plus tendres sourires. Comme les mois s’accumulant
devenaient des années, il sentait s’évanouir lentement ce qui
faisait pour lui la joie de vivre.
    Tous les dieux le plaignaient – tous sauf
Poséidon, toujours irrité contre Ulysse. Cependant, il arriva que
Poséidon partit faire une visite aux lointains Éthiopiens, qui
habitent aux extrémités de la terre. Tandis qu’il festoyait avec
eux, les autres dieux se réunirent dans le palais de Zeus. Là,
Athéna leur exposa le cas du malheureux Ulysse.
    « Envoyons Hermès dire à Calypso qu’elle
laisse partir Ulysse, supplia la déesse Athéna. Et moi j’irai à
Ithaque encourager un peu le fils d’Ulysse, et lui conseiller de
résister à la foule de prétendants qui font la cour à sa mère et
dévorent son patrimoine. »
    Les dieux furent d’accord. Aussi Athéna
mit-elle ses sandales d’or qui la transportaient à la vitesse du
vent par-dessus la terre et la mer. Elle arriva à Ithaque, sur le
seuil de la maison d’Ulysse, déguisée en voyageur. Et ce fut le
fils d’Ulysse, Télémaque, assis le coeur lourd parmi les
prétendants, qui la vit et l’accueillit le premier.
    Télémaque la conduisit dans une haute salle,
et fit asseoir son hôte sur une chaise joliment sculptée, avec un
tabouret pour ses pieds. Il fit apporter par une servante de l’eau
dans une cruche d’or, avec un bassin d’argent pour se laver les
mains. Puis il appela un serviteur qui offrit des plats de viande
découpée, et l’intendante apporta un panier de pain et toutes
sortes de friandises. Car Télémaque voulait que l’inconnue mange en
paix avant l’arrivée des bruyants prétendants.
    Les prétendants entrèrent bientôt, avec des
airs de bravaches, se laissèrent tomber sur les sièges, attendant
d’être servis et nourris.
    « Qui sont tous ces gens ? demanda
Athéna. Est-ce un banquet ou un repas de noces ? Ces hommes ne
se conduisent pas comme des invités bien courtois. »
    « Puisque tu me le demandes, ô mon hôte,
dit Télémaque, il faut que je te dise que ceci était autrefois une
honorable maison. Mais son maître, mon père, est allé devant Troie
et n’en est pas revenu. Nous n’avons jamais eu de nouvelle nous
disant s’il était vivant ou mort. Aussi, tous les nobles de ces
îles, Doulichion, Samé et Zacynthe, comme de la rocheuse Ithaque,
font la cour à ma mère et dissipent mon patrimoine. Quant à elle,
elle ne peut se résoudre à se marier, et pourtant elle ne les
repousse jamais catégoriquement. Ils restent donc ici et ruinent
notre maison, et voudraient bien aussi être la cause de ma
ruine. »
    « Il est grand temps que ton père
revienne, dit Athéna, pour chasser ces hommes grossiers. Ou bien il
te faudra le faire toi-même. Car tu es maintenant l’homme de la
maison. »
    Le repas fini, Athéna partit. Mais elle avait
semé dans le coeur de Télémaque un germe d’audace. Et tandis qu’il
restait là silencieux, parmi les prétendants bruyants, il
réfléchissait.
    Dans le cours de la soirée, l’aède chanta un
poème mélancolique sur la guerre de Troie. Pénélope, de sa chambre
haute, l’entendit. Elle ne put s’empêcher de descendre l’escalier,
escortée de deux suivantes. Le visage recouvert d’un voile léger,
elle s’arrêta près d’une colonne, et, en larmes, pria l’aède

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