Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
Vom Netzwerk:
président. Cette transformation s’opère si rapidement que la cour entière ne peut que s’incliner. Le jour où celui-ci prête serment à l’empereur, c’est au tour de l’archiduchesse Sophie de se soumettre : elle invite même à sa table l’ennemi mortel de jadis.
    Libre aux historiens de minimiser l’influence d’Élisabeth. Mais la décomposition de l’empire de François-Joseph n’en est pas moins retardée de plus d’un demi-siècle par la beauté, le magnétisme personnel et le tact qu’elle déploie. Le 8 juin 1867, jour du couronnement à Budapest, est celui de sa gloire. Les coutumes hongroises n’autorisent pas, il est vrai, un double couronnement. Mais le voeu des notabilités, qui est de voir la reine aux côtés du roi, adoucit la rigueur de l’usage. Montée dans un carrosse de cristal doré, traîné par huit chevaux blancs, Élisabeth devient le centre d’un magnifique spectacle. Sa voiture est escortée par des coursiers que montent les jeunes nobles du pays, habillés de costumes ornés de fourrures et de pierres précieuses. Le moment le plus solennel est celui où le comte Andrassy pose la couronne de saint Étienne sur la tête du roi, dans la Matthias Kirche. Lorsqu’elle la reçoit à son tour, Élisabeth, « plus belle que jamais », est parcourue d’un frémissement. Un ouragan d’acclamations s’élève : «  Eljen Erzsebet !  » (« Longue vie à Élisabeth ! »)
    Éblouissante splendeur orientale des nobles, fourrures, soieries, velours, pierreries, aigrettes... enthousiasme de la foule... sonneries des cloches. Franz Liszt écrit à sa fille Cosima : « Je n’ai jamais vu une telle pompe. L’empereur-roi semblait écrasé sous ses ornements tandis qu’Élisabeth, droite à ses côtés, apparaissait comme une vision céleste dans un faste barbare. J’étais assez près d’elle pour voir que ses yeux brillaient de larmes... Élisabeth était debout dans une tribune garnie de fleurs blanches et bleues, les couleurs héraldiques de Bavière, écrit un témoin. Je ne l’avais encore jamais vue si belle. Sous son diadème étincelant, elle avait une pâleur de marbre... » Tout concourt à la magnificence de cette journée historique.
    Le peuple n’y joue guère qu’un rôle de spectateur. C’est seulement à la fête donnée la nuit sur le grand pré que tout le monde est invité. Un témoin écrira : « On rôtissait des boeufs et des moutons à la broche, ou sur de véritables bûchers ; le vin coulait des barriques, le goulasch mijotait dans des marmites géantes ; dans des poêles au diamètre de roues de voitures, on confectionnait une mixture de poisson, de lard et de paprika ; et toutes ces victuailles étaient offertes gratis. » Au sein de cette animation, on voit « la personne du monarque entourée d’une troupe d’hommes et de femmes, vêtus pour la plupart en paysans, les uns agenouillés, d’autres qui levaient haut les bras en criant “ Eljen ” ; ajoutez les frémissements des violons que des bandes de Tziganes grattaient comme des fous, tout cela sous la lumière jetée par un des bûchers en plein air : c’était sans aucun doute un spectacle peu commun. »
    Une mesure de clémence, consécutive au couronnement, suscite « dans toute la Hongrie un enthousiasme presque frénétique », selon les termes d’un ambassadeur. C’est l’amnistie de tous les délits politiques commis depuis 1848, accompagnée de la restitution des biens confisqués pour ce motif. Une cassette ancienne contenant 50 000 ducats est offerte aux souverains. Cette somme est immédiatement remise aux autorités pour être distribuée aux veuves, orphelins et victimes des luttes avec l’Autriche. Chacun devine dans cette mesure la main d’Élisabeth.
    Le journal Pester Lloyd appelle la reine « l’une des plus nobles créatures de la terre ». Andrassy, Deak et les patriotes voient en elle le symbole de la réconciliation. Les dames d’honneur de l’archiduchesse, elles-mêmes, ne peuvent contester que l’impératrice a été brillante, mais elles assaisonnent leurs récits de quelques méchancetés. L’une d’elles, la baronne Thérèse Fürstenberg, écrit de Vienne : « Les fêtes sont terminées. Lors des actes solennels du couronnement, Sa Majesté était d’une beauté supra-terrestre, émue comme une fiancée. Il me parut qu’elle croyait l’être vraiment... » La dame d’honneur de Sophie fait probablement une

Weitere Kostenlose Bücher