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L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
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excessif pour ce genre d’affection. Chaque année, sa mélancolie s’accroît. Malgré des voyages incessants et des randonnées épuisantes, elle ne trouve pas le repos d’esprit ; elle se recroqueville comme une fleur qui souffre, se replie sur elle-même et devient silencieuse («  redefaul  », écrit-elle) ; elle n’a plus aucun entrain.
    Le bonheur n’est pas à son horizon. Les Anciens appelaient Nemesis non pas la déesse de la vengeance, mais celle de la démesure. Toutes les fois qu’un être humain dépasse la norme, il est poursuivi par le destin. L’impératrice Élisabeth va ainsi avancer dans la vie sans boussole, sans équilibre et, partant, sans défense contre le sort. La tragédie est en marche et la fuite, un vain stratagème !
    1 - Les amnisties promulguées après ce voyage seront spectaculaires ; exemptes de mesquinerie, elles englobent tous les crimes politiques, restituent en partie les biens séquestrés et permettent même aux émigrés de rentrer dans leurs foyers. Cependant une lettre manuscrite de l’empereur, datée de Laxenburg, qui constitue en quelque sorte le point final des grands voyages impériaux, indique nettement que, du point de vue de la politique générale, il n’y a aucun changement à espérer. « Résolu à rester invariablement fidèle aux principes fondamentaux qui M’ont guidé dans le gouvernement de Mon empire, Je veux que cette résolution soit reconnue partout et qu’elle serve de guide à tous les organes de Mon gouvernement. »
    2 - L’hydropisie est l’accumulation de sérosité dans une cavité quelconque du corps ou dans le tissu cellulaire qui se traduit par des enflures.

V
    REINE DE HONGRIE
    L E VENT DE L’ H ISTOIRE semble désormais contraire aux Habsbourg. À peine François-Joseph a-t-il perdu sa suprématie sur l’Italie qu’il ne peut maintenir en Allemagne son influence en raison des diktats de Bismarck. Les duchés de Schleswig et de Holstein servent de prétexte. En mars 1866, la Prusse a beau jeu d’accuser publiquement l’Autriche de concentrer des troupes en Bohême. François-Joseph feint d’ignorer cette provocation. Le roi Guillaume ne veut pas non plus être l’agresseur. Mais l’empereur, ayant appris que le Piémont faisait des préparatifs de guerre, mobilise le 21 avril son armée du Sud. Bismarck n’éprouve plus alors aucune peine à convaincre son souverain. Le 21 juin, c’est la guerre.
    Tout se déroule avec la violence et la rapidité d’un ouragan. La lutte ne dure que sept jours. Le soir du 3 juillet 1866 le sort des armées se décide près de Königsgrätz. François-Joseph est battu sur toute la ligne. Cette défaite marque la fin du rôle historique des Habsbourg en Allemagne. Chassés d’Italie, expulsés d’Allemagne ! C’est le coup le plus terrible qu’ait essuyé cet empereur de trente-six ans. Sept ans auparavant, il avait surmonté promptement et fièrement sa défaite ; mais ce nouveau désastre ébranle sa confiance en lui-même.
    Il n’a guère de répit. Le vent de la révolte souffle aussi à l’est 1 . La trahison est mûre chez les Magyars. Il faut agir envers la Hongrie. Pour une fois, il voit qu’Élisabeth a raison dans ses arguments politiques et que ses conseillers, y compris Sophie, ont tort. Il a besoin d’elle maintenant. Avec sa grâce, l’impératrice pourrait accomplir des miracles. Elle est aimée des Hongrois. La Couronne a grand besoin de sa popularité.
    D’autant que sa beauté semble être alors à son zénith. L’ambassadeur américain à Vienne, par exemple, écrit, en 1862, à sa mère : « L’impératrice, comme je te l’ai déjà si souvent rapporté, est une merveille de beauté ; grande et mince, magnifiquement modelée, avec une abondante chevelure châtain, un front bas à la grecque, des yeux doux, des lèvres très rouges qui sourient de façon exquise, une voix suave et harmonieuse, des manières tout à la fois timides et gracieuses. »
    La princesse héritière de Prusse, Victoria, vante elle aussi la beauté de Sissi dans une lettre à sa mère, la reine Victoria de Grande-Bretagne, en décembre 1864 : « Je suis tout à fait enthousiasmée par l’impératrice. Sa beauté, quoique pas absolument régulière, est incomparable. Je n’en ai jamais vu d’aussi éclatante, d’aussi piquante. Les traits de son visage ne sont pas aussi beaux que le montrent la plupart des tableaux, mais toute sa personne produit une

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