L'Impératrice indomptée
allusion perfide à la prétendue liaison de l’impératrice avec le comte Andrassy...
Plus d’un mois plus tard, la tragédie revient frapper à la porte des Habsbourg. C’est le 19 juin 1867, jour où l’empereur Maximilien du Mexique tombe sous les balles du peloton d’exécution dans la petite ville mexicaine de Queretaro. Un sursis de trois jours, des appels à la clémence venus de toutes les parties du Mexique, des États-Unis, du monde entier, et deux occasions de s’évader : rien n’a réussi à empêcher la tragédie. Garibaldi lui-même, le libérateur de l’Italie, a demandé au président Juarez de mettre en liberté Maximilien. Tout est vain. Le Habsbourg doit mourir. Napoléon III est incapable de secourir son allié. François-Joseph, par l’intermédiaire de ses ministres, prie les États-Unis – à présent vainqueurs de la Confédération – d’agir. L’épouse de Maximilien, l’impératrice Charlotte de Belgique, qui perd l’esprit après son infructueuse mission auprès de Napoléon III et du pape dont elle a sollicité le secours, est internée dans un asile. Maximilien, quoi que l’on puisse dire contre sa témérité folle, meurt comme un homme, en bon soldat. Trois années de souffrances et d’humiliation, une tragique erreur et la trahison, c’est le chant du cygne pour le rêveur de Miramar. La fin tragique du frère le plus proche de l’empereur affecte tout aussi profondément ce dernier qu’Élisabeth.
Remontons le cours du temps, quand Maximilien lui demande l’autorisation d’accepter une couronne, il est partagé entre son désir de l’éloigner et le pressentiment des périls qui l’attendent au Mexique. Loin de l’encourager, il lui notifie que l’Autriche se désintéresse de l’affaire mexicaine et ne lui accordera aucun appui. Il exige même que Maximilien renonce, avant son départ, à tous ses droits, comme héritier du trône et comme archiduc. S’il monte sur le trône du Mexique, l’Autriche et sa famille ne le connaîtront plus. Dans cette alternative, entre le regret de la terre natale et le mirage, Maximilien en proie à une douloureuse crise de conscience hésite, songe à reprendre sa parole, puis, avec un mélange d’enthousiasme et de résignation, n’en fait rien, surtout par point d’honneur. Ce prince chevaleresque se considère comme engagé envers les délégués mexicains, ainsi qu’envers Napoléon III et l’impératrice Eugénie. S’inclinant devant la raison d’État, il signe l’acte de renonciation qu’on lui impose. Tout étant réglé de la sorte, en avril 1864, il s’embarque avec sa femme à Trieste sur une frégate autrichienne. Ils s’arrêtent à Gibraltar. Après une longue et pénible navigation, ils arrivent dans cette terre nouvelle.
Les déceptions commencent dès le débarquement. Au lieu des splendeurs de la nature tropicale, à propos desquelles ils s’étaient monté l’imagination, ils découvrent des basses terres malsaines, ravagées par la fièvre. À peine entrés dans la capitale, aussitôt évanouis les échos des fêtes données en leur honneur, les difficultés ne cessent de s’abattre sur eux. Le pauvre empereur a l’impression de se trouver dans une contrée farouche, hostile, où la plus grosse part de la population est contre lui. Il n’est même pas sûr des appuis sur lesquels il croyait pouvoir compter, le clergé, les grands propriétaires. S’il avait obéi à la raison, il se serait retiré avec les Français, les seules troupes nombreuses. Napoléon, pour apaiser ses remords et libérer sa conscience, au moment où il ordonne l’embarquement de ses troupes, conseille à Maximilien de s’adresser à François-Joseph, son frère, en lui demandant de remplacer les contingents français par des contingents autrichiens. C’est un conseil qui ne coûte pas cher à qui le donne, pratiquement dépourvu de toute valeur.
Maximilien se cramponne obstinément, follement, à une couronne qui risque de plus en plus de lui être arrachée. Le départ des troupes françaises se poursuit sur un rythme accéléré. Bazaine, qui les commande, a reçu l’ordre de ne s’embarquer qu’avec les derniers contingents. Maximilien va-t-il le suivre ? Ce serait son unique chance de salut. Il peut de moins en moins compter sur les forces mexicaines ; le chiffre de ses soldats diminue sans cesse et il n’a plus d’argent.
Faible, indécis comme toujours, au lieu de se décider par
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