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L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
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l’ajuster étroitement. Ensuite, il faut lacer ses hautes bottes garnies d’éperons minuscules. Elle enfile ses trois paires de gants, la dernière étant des gantelets fantaisie. On glisse un éventail dans sa sacoche d’arçon, puis elle part au rendez-vous avec le joyeux Bay Middleton qui galope à son côté à une allure de casse-cou. En route, ils s’arrêtent pour avaler un sandwich et un verre de vin. Puis, de nouveau, ils s’élancent au galop pour rejoindre la chasse, foulant la bruyère, accompagnés par le chant des oiseaux matinaux, les grincements du cuir, et le battement des sabots sur l’herbe printanière.
    Bay Middleton veille sur elle. Il se passerait bien de cet honneur. Il est fait pour vivre à cheval, non pour jouer les gouvernantes. Néanmoins, Élisabeth ne lui demande aucun traitement de faveur. Dès le premier jour, elle lui prouve que non seulement elle est encore plus belle à cheval, mais qu’elle est aussi la meilleure et la plus infatigable des cavalières. Force lui est d’avouer qu’il n’a jamais rencontré une amazone qui ait une telle maîtrise de sa monture. Or, il s’y connaît en la matière ! Il est de toutes les chasses à courre, il gagne tous les steeple-chases. Sous son aspect rustre et son arrogance, Élisabeth devine sa fragilité. À la suite d’un accident équestre, il est devenu presque sourd. Elle aime ceux qui la protègent, mais elle aime aussi protéger en retour. Elle l’invite à venir pour la saison des chasses à Gödöllö.
    Bay Middleton l’accompagne en Autriche, puis en Hongrie. À Vienne, il se rend souvent au gymnase de la Hofburg, tandis qu’elle prend sa leçon d’escrime. « C’est charmant, dit-il, je pourrais passer mon temps à vous regarder ! » Revêtue d’une courte jupe grise et d’une petite cotte de mailles, elle fait ses exercices et Herr Schültzer, le professeur d’escrime, déclare qu’elle y excelle. On a parfois soupçonné l’existence d’une liaison entre Élisabeth et Middleton. L’ex-reine Marie de Naples (qui, elle, aura un enfant naturel !) n’est pas étrangère à ce ragot : elle s’aventure à relater les prétendues relations intimes de sa soeur et de Bay Middleton au prince héritier, alors âgé de dix-huit ans, lorsqu’il se rend en Angleterre pour un voyage d’études. Puis, avec une naïveté confondante, elle rapporte les commentaires peu amènes de celui-ci à Élisabeth. Une brouille durable s’instaure entre les deux soeurs. Il est probable que Middleton aime l’impératrice et qu’elle aussi se sente attirée par lui. Mais de là à considérer que leurs relations deviennent intimes ! Les rumeurs s’amplifient lorsqu’elle invite l’Écossais à venir chasser à Gödöllö. Les magnats hongrois, mais aussi la famille impériale, s’offusquent de cette présence, et surtout du ton amical avec lequel Élisabeth lui adresse la parole. Dans ses mémoires, Marie Larisch, la nièce de Sissi, qui participe souvent à des chasses en Angleterre et en Irlande, affirme que l’impératrice et Middleton ont été unis par des liens plus forts que l’amitié ; mais l’auteur a prouvé ailleurs la vivacité de son imagination. De tels bruits cesseront lorsque Middleton épousera Charlotte Baird, qui lui apportera une fortune considérable. Quelques années plus tard, âgé seulement de quarante-six ans, il mourra comme il avait vécu : à cheval. Sa bête trébucha, il perdit l’équilibre, le cheval tourna brutalement la tête et cassa le cou de son cavalier. On peut dire qu’Élisabeth se remit sans drame de cette disparition prématurée.
    Mais un épisode singulier apporte un démenti formel. Un jour, à Gödöllö, Bay prend congé : « Il faut absolument que j’aille faire un petit tour à Budapest », explique-t-il. L’impératrice missionne un des gardiens du palais pour l’accompagner et le ramener. Les heures passent. Pas de Bay. Élisabeth, inquiète, se promène nerveusement de long en large. Elle imagine que l’humeur de Middleton lui a attiré des difficultés. Finalement, le gardien revient seul et la mine déconfite. Il explique : « Le capitaine Middleton est parti de son côté, après avoir promis de me retrouver plus tard au casino. Je l’ai attendu indéfiniment, mais il n’est pas revenu... Oui, le capitaine avait bu beaucoup de vin de Tokay ; il y avait un campement de bohémiens tout proche, de jolies filles... » « Juste ciel ! » se

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