Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
Vom Netzwerk:
à Londres et qu’elle s’appelle en réalité Élisabeth. Devenu trop audacieux, le mortel est puni de sa présomption. Du coup, la correspondance cesse. Élisabeth se retire prudemment sur son Olympe.
    Onze ans plus tard, après ce bal masqué, elle écrira un poème inspiré par leur étrange rencontre :
    « Et maintenant suis-moi, viens à la mascarade.
    Que nous importe à nous qu’il fasse froid dehors !

    Nous portons l’été dans nos coeurs
    Et la salle scintille de mille lumières.

    Au milieu de tous ces masques bigarrés,
    Quelle rumeur, quel tapage, quel vacarme, quels cris !

    Sur une folle musique de valse, heureux,
    Ils tourbillonnent comme des moucherons.

    Mais nous deux avons choisi le meilleur lot ;
    Nous nous sommes assis dans la voiture,
    Y trouvant bientôt comme la chaleur d’un nid ;
    Et l’obscurité nous enveloppait... »
    L’insatisfaction d’Élisabeth, son désir d’échapper aux lois des hommes et à son statut éclate dans ce romanesque épisode.
    Grâce à ses talents équestres, dès 1874, Sissi est invitée en Angleterre, où elle a rassemblé un cercle d’admirateurs. L’idéal des bons cavaliers est la chasse à courre et c’est le pays où l’on peut pratiquer le mieux cette discipline. Son mari la laisse faire, car il est « plein d’une adoration éperdue pour sa femme si belle et si intelligente », comme l’écrit Brigitte Hamann qui ajoute d’ailleurs une remarque de Marie Festetics : « Le roi compte pour elle autant qu’un porteur à la gare pour moi ! » Les bains de mer à l’île de Wight servent de prétexte au voyage en Angleterre que François-Joseph voit d’un mauvais oeil. Marie-Valérie en a besoin, dit-on, pour sa santé.
    Certes, Élisabeth se baigne avec sa fille dans la Manche, mais il est beaucoup plus important pour elle de visiter des haras célèbres. La chasse à laquelle elle participe en éveille son ambition. Elle s’entraîne aux sauts d’une difficulté plus grande qu’on pratique là-bas et passe ensuite quelques semaines d’été en Normandie pour se perfectionner encore. L’année suivante, c’est l’Irlande qui devient son lieu de chasse. Elle choisit « Summerhill », dans le comté de Meath. Incognito, sous le nom de la comtesse Hohenems, elle loue la maison de campagne de lord Langford. L’accompagne sa soeur, Mathilde, comtesse de Trani, déguisée sous le nom de Fräulein Nelly Smith. Puis tout un personnel : deux dames d’atour, un médecin, une masseuse suédoise (« Cette femme est bâtie comme un gladiateur, s’exclamait Ludovica. Je ne comprends pas comment Sissi peut supporter qu’elle la touche ! »), Fanny, la coiffeuse, une femme de chambre personnelle, un bataillon de domestiques, deux chiens, des Grands Danois, Putzie et Daisy les vaches, et Mizzie, une chèvre aristocratique de race maltaise. Cinquante-deux chevaux – dont la plupart ont été achetés en Irlande – clôturent la liste. Les favoris d’Élisabeth sont les magnifiques chevaux de chasse irlandais Boy, Jupiter, Domino, Saint-Patrick, Docteur, Beauclerc, Lorraine, Othello et Prince Noir.
    Le maître des cérémonies est un certain capitaine William Middleton que l’on appelle « Bay », surnom que lui vaut sa couleur de cheveux. C’est un Écossais athlétique ; il n’est pas vraiment beau, mais il a la réputation de savoir s’y prendre avec les dames, mieux que n’importe quel Casanova d’Écosse ou d’Irlande. Dès leur première rencontre, il plaît à Élisabeth. Une trentaine d’années, vigoureux et spirituel, des cheveux de bronze et des yeux gris-roux. Elle est sensible à son charme. Les amis de l’impératrice dans ses aventures en Irlande sont nombreux : Reynell, le planteur de bruyère, du comté de Meath, lord Spencer, lord Randolph Churchill, le général Brooks, Mr. Plunkett, Henry Brooks.
    Toute cette joyeuse compagnie chevauche de long en large sur les vastes landes du comté de Meath. Levée à la pointe du jour, Élisabeth prend d’abord une douche, se fait servir un bol de consommé, du jus de boeuf, de poulet, de perdrix, puis deux verres de vin. Ensuite, avec l’aide d’une coiffeuse, d’une tailleuse et d’une femme de chambre, elle s’habille. Ses longues tresses exigent d’être roulées serré autour de sa tête ; par-dessus, on assujettit solidement un petit chapeau haut de forme. La tailleuse doit coudre en place les basques de son habit au corsage de façon à

Weitere Kostenlose Bücher