L'Impératrice indomptée
n’assuraient pas seulement sa sécurité. Dans les archives de l’ancienne Chancellerie privée de l’empereur se trouve encore un paquet de papiers datés de 1867 à 1870, desquels il résulte que, par des voies secrètes, la surintendance était tenue au courant de chaque pas de l’impératrice. Ces policiers relataient que l’impératrice ne se confiait qu’à Fanny Angerer, ils recherchaient les fréquentations de celle-ci, le temps qu’elle restait auprès de sa maîtresse, etc. Lors du mariage de Fanny avec Hugo Feyfalik, qui fut appelé au poste de secrétaire, observe un des mouchards, un laquais de la cour se rendit à l’église et fit venir le couple auprès de l’impératrice qui étreignit la jeune femme et lui baisa la joue. Il n’est pas étonnant, lit-on encore à un autre endroit, que la Angerer devienne si prétentieuse et se croie au-dessus de toutes les charges de la cour. Elle ne garde pas pour elle seule les nouvelles qui pourtant ne sont pas destinées au public et, de Rome, elle envoie à sa famille des renseignements qui permettent d’escompter de grands changements dans les relations entre l’Italie et l’Autriche.
2 - Champ de courses, équivalent de Longchamp.
3 - Un bail est signé, moyennant la somme assez considérable de 30 000 francs or. En cas d’annulation, il est prévu un dédommagement de 10 000 francs or.
4 - Parmi celles-ci, se trouve une immense caisse carrée peinte en noir. Les badauds se demandent ce qu’elle peut bien contenir. Tout simplement le lit de fer de l’impératrice, une étroite couchette n’ayant en guise de sommier qu’une peau de chamois tendue.
5 - Pas moins de soixante-dix personnes comprenant notamment : le baron Nopcsa, premier intendant ; monsieur Carl Linger, intendant et trésorier ; mesdames Marie Festetics et Ida Ferenczy, ses dames d’honneur ; monseigneur de Rosnay, son aumônier personnel ; le docteur Widerhofer, médecin impérial ; madame Fanny Angerer, sa coiffeuse ; plusieurs majordomes, valets, lads ; deux chambellans ; deux gouvernantes, française et anglaise, pour Marie-Valérie ; un domestique noir, Rustino, pour le chien « Shadow » ; deux boulangers viennois ; trois cuisiniers de la cour ; un chef français engagé à Paris ; deux confiseurs autrichiens ; la « soupière » préposée aux potages de Sa Majesté ; écuyers et cochers pour quatre landaus et huit carrosses.
6 - Comme tous ses frères et soeurs, Sissi a appris à nager dès son enfance, pendant les vacances à Possenhofen, dont le parc de la propriété descendait jusqu’au lac de Starnberg.
7 - Il deviendra ingénieur et inventera plus tard le procédé pour fabriquer des boulets et des briquettes à partir de la poussière de charbon. Parlant anglais, il donnera des leçons à Guy de Maupassant. Après une belle carrière, il mourra à Saint-Gatien en 1946.
IX
SOLITUDE
L E BESOIN DE SOLITUDE RESSENTI par Élisabeth ne provient pas de sa pauvreté intérieure, pas davantage de ce qu’elle souffre d’un sentiment d’infériorité. Les possibilités de compréhension mutuelle sont indépendantes des questions de rang et Élisabeth serait une femme communicative au milieu d’êtres plus conformes à elle-même. Mais où trouver quelqu’un qui lui soit proche ? À part Louis, son cousin, elle n’a appris à connaître véritablement personne, et malgré la grandeur géographique de son empire, le cercle où se meut son existence est très étroit. La cour vit tout à fait en dehors du reste du monde ; Élisabeth ne connaît rien des trésors distingués que recèle sa capitale.
Sa position l’isole et la prive de tout contact normal. De plus, elle est très susceptible. Elle souffre des ragots qui viennent jusqu’à ses oreilles. Elle ne se défend pas avec les mêmes armes, elle n’applique pas la loi du talion. Elle écoute, se tait, fait ce qui répond à ses goûts et à sa nature, se replie sur elle-même et se réfugie dans la solitude. Marie Festetics remarque : « Cet isolement, douloureux aujourd’hui, ne tardera pas à devenir une solution commode. Elle renoncera peu à peu à tout effort, tandis que les attaques se multiplieront et, avec toutes ses richesses, elle s’appauvrira de jour en jour et le monde ne voudra pas se souvenir qu’il l’a lui-même murée dans sa solitude. » L’empereur, au contraire, en dépit de son esprit très vif, est absolument dépourvu d’imagination. Lui, qui
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