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L’impératrice lève le masque

L’impératrice lève le masque

Titel: L’impératrice lève le masque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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coupable et nous avons un motif. De plus, cette affaire ne concerne pas la police vénitienne, ne l’oubliez pas.
    Il sourit pour adoucir l’effet de cet avertissement brutal. Puis il demanda en se levant : — Auriez-vous la bonté de rester ici jusqu’à ce qu’on vienne chercher les cadavres ?
    Quand il passa devant lui, le soldat le salua et l’officier lui répondit par un léger hochement de tête. Tron entendit ses pas s’éloigner sur le pont.
    Une demi-heure plus tard, il vit arriver non le docteur Lionardo, mais un médecin militaire qu’il ne connaissait pas. Derrière lui, quatre infirmiers portèrent dans la cabine du conseiller deux cercueils vernis noir à l’intérieur desquels ils déposèrent les corps. Ils travaillaient vite et en même temps avec précaution. Ils faisaient preuve envers les défunts d’une émouvante retenue.
    Les cercueils rappelaient des gondoles et Tron pensa qu’ils pourraient les accrocher à leur bateau et les tirer par un câble comme de petits canots. Mais ils les portèrent simplement sur une barque à deux rames attachée à la poupe du paquebot et prirent à droite dans le Grand Canal. Il avait recommencé à neiger et comme il n’y avait pas un souffle de vent, les flocons tombaient du ciel presque à la verticale.
    1 - Résidence du chancelier à Vienne, abritant entre autres la chancellerie secrète. ( N.d.T. )

9
    Tron l’aperçut au moment de descendre du navire. Elle avait gravi la passerelle et posé la main droite sur le bastingage de l’ Archiduc Sigmund . De la gauche, elle tenait un parapluie pour se protéger de la neige et elle regardait autour d’elle d’un air indécis. Pendant un instant (au cours duquel il sentit son cœur se mettre à battre comme un marteau sur une enclume), le commissaire pensa que son imagination lui jouait des tours. Mais en s’approchant, il dut admettre que c’était bien elle.
    La princesse de Montalcino portait un simple manteau en laine qui descendait jusqu’aux chevilles, serré à la taille et orné aux manches et au col de larges applications de fourrure. Malgré le parapluie, quelques flocons lui effleuraient le visage. L’un d’eux atterrit sur sa lèvre supérieure, où sa langue vint le cueillir.
    Mon Dieu ! Les autres hommes avaient-ils aussi les genoux qui flanchaient quand la princesse posait sur eux ses yeux d’agate ? Tron avait oublié comme ils étaient verts et comme son teint était pur – une pureté que relevaient encore quelques taches de rousseur à la racine de son nez. Ses cheveux étaient noués avec négligence, comme si elle faisait juste quelques pas devant sa porte. Même dans la faible lueur de cette journée de février, ils brillaient comme sous l’effet d’une lumière invisible.
    Tron sourit en s’arrêtant devant elle. Il espérait qu’elle lui rendrait son sourire, mais elle le dévisagea juste avec impatience et lui dit dans son impeccable italien de Toscane : — Il me manque une bague, commissaire. Sans doute l’ai-je perdue cette nuit dans ma cabine.
    Elle avait dit « commissaire » ! Elle se souvenait donc de lui !
    Puis, de la pointe du menton, elle fit un mouvement par-dessus son épaule.
    — Que font ici ces soldats ? Au début, ils ne voulaient pas me laisser passer.
    — Un incident s’est produit en mer, répondit Tron avec prudence. La police militaire mène l’enquête.
    — Ce n’est pas vous ?
    — Je ne suis responsable que du quartier de Saint-Marc.
    Ce n’était pas tout à fait la vérité, mais ce n’était pas non plus vraiment un mensonge.
    — Un accident ?
    Tron aurait aimé rencontrer la princesse sous d’autres auspices. Il secoua la tête.
    — Non, un crime.
    Pour une personne qui apprend qu’un de ses voisins a été assassiné, se dit-il, elle réagit avec un sang-froid remarquable. Seuls ses yeux verts lancèrent une rapide étincelle. Pendant un moment, il eut le sentiment qu’elle était déjà au courant. Une poignée de neige tomba alors du parapluie et atterrit sur l’épaule du policier.
    — Êtes-vous autorisé à me révéler qui a été tué, commissaire ?
    Au ton de sa voix, on aurait cru qu’elle lui demandait quel temps il allait faire.
    — Un conseiller de Vienne, répondit-il.
    Pour l’instant, il préférait passer la jeune femme sous silence.
    — Y a-t-il déjà des suspects ?
    — Il faut demander cela à la police militaire.
    — Un officier est-il impliqué dans cette affaire ?
    — Qu’est-ce qui

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