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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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l’entouraient, au contraire, rivalisaient d’excentricité. Gros et même adipeux pour certains, ils étaient tous parés de bijoux et fardés ; quelques-uns avaient les cheveux teints.
    Lucius se vit sans plaisir entouré de leur cohorte. C’était la première fois qu’il se mêlait à eux. Il ne les aimait pas, se méfiait d’eux et les évitait instinctivement. Mais l’empereur se mit à leur parler de lui. De nouveau, il fit l’éloge de son jumeau par les astres, le meilleur agent de renseignement de la cour, les oreilles de Tigellin, qui allaient devenir les siennes jusqu’au concours… Pétrone lui-même ne sembla pas éprouver autre chose que de l’indifférence, mais Lucius put voir les autres le fixer de manière de plus en plus hostile. S’ils lui souriaient, leurs véritables sentiments ne faisaient aucun doute. L’un d’eux en particulier, qui avait une bague à chaque doigt et une boucle énorme à une seule oreille, lui lança un regard chargé de haine. Il se détourna de lui et s’adressa à Néron :
    — Avec ta permission, César, j’aimerais me retirer. C’est l’heure où je dois me coucher, tu le sais bien.
    Les noceurs qui accompagnaient Pétrone avaient, en effet, des horaires particuliers. Banquetant jusqu’à une heure avancée de l’aube, ils dormaient très tard dans la matinée. Les jours fériés, comme les  Fordicidia , ils étaient obligés d’assister aux cérémonies, mais ils se rattrapaient l’après-midi… Néron eut un sourire.
    — Mais oui, Trimalcion, tu as mon autorisation. Mais attention, ce soir, il s’agira de briller. Je donne une grande fête pour célébrer l’événement.
    — Et tu chanteras, bien sûr ?
    Néron rougit.
    — Si vous y tenez, je chanterai.
    Les autres emboîtèrent le pas à Trimalcion, après avoir salué le couple impérial, mais Néron retint Pétrone.
    — Reste avec moi, j’ai envie de t’entendre.
    — À quel sujet, César ?
    — Je ne sais pas. C’est un grand jour. Qu’est-ce qu’il t’inspire ?
    Le poète réfléchit un instant et finit par déclarer :
    — Les dieux n’aiment pas les vaches !
    — Comment cela ?
    — Tu ne te souviens pas ? Ils en ont envoyé trois au sacrifice, sans compter leur progéniture, et peut-être quatre, s’il s’est passé quelque chose d’autre après que nous sommes partis. Tout cela parce qu’ils ne supportent pas les éternuements et les aboiements.
    — Et qu’est-ce que tu en conclus ?
    — Que les dieux n’existent pas. Pas ceux-là, en tout cas !
    L’empereur partit d’un grand éclat de rire.
    — Pétrone, tu n’es qu’un impie !
    — Tu l’as toujours su…
    — Et qu’est-ce que tu fais du culte de l’empereur ?
    — Tais-toi, sinon je vais me mettre à rire plus fort que toi !
    Néron eut un sursaut, mais il s’esclaffa de plus belle et donna une grande claque dans le dos à l’arbitre des élégances.
     
    Ayant enfin obtenu de prendre congé de Néron, Lucius Gemellus se rendit dans le bâtiment qui abritait l’Administration. Ce fut avec un certain soulagement qu’il retrouva ce cadre et ces gens qui formaient son environnement quotidien. Ici, pas d’œuvres d’art encombrant le chemin, pas de portes en or et autres matériaux précieux, les lieux étaient sobres et fonctionnels ; ici, pas non plus de courtisans ni d’oisifs, mais une nuée de fonctionnaires qui s’occupait des affaires du pays dans une activité de ruche. Un esclave vint vers lui dès qu’il eut franchi le seuil.
    — Tigellin t’attend dans son bureau.
    Lucius s’y rendit aussitôt. La haute et large silhouette de l’ancien marin, qui avait à présent en main le navire de l’État, fut également pour lui une vision réconfortante. Tigellin l’accueillit de sa voix bien timbrée :
    — Entre, Gemellus. Ne me dis pas le résultat de ta mission, la rumeur t’a précédé. Tout le monde ne parle que de la décision de l’empereur et de ta faveur auprès de lui.
    — Je n’en reviens pas moi-même !
    — Je n’aime pas trop cela. Je préférais que tu restes dans l’ombre. Maintenant, te voilà exposé aux regards de toute la cour.
    — Je n’ai rien fait pour cela, je te le jure !
    — Je te crois volontiers. Ce genre d’engouement soudain est tout à fait dans le genre de Néron… Revenons à ta mission. Est-ce que tu as vraiment dit la

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