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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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n’était pas courant. Pison s’inclina profondément, imité par tous ses collègues.
    — Nous te saluons, César. Nous sommes ravis de te voir aussi rayonnant de santé. Nous sommes venus t’assurer de tout notre amour.
    Néron répondit joyeusement à leur salut :
    — Et moi, j’ai une grande nouvelle à vous apprendre : je vais chanter à Rome !
    Des cris d’allégresse éclatèrent dans le groupe d’hommes en toge blanche à bande pourpre. Tous vinrent le congratuler avec effusion. L’empereur les laissa faire quelque temps, visiblement ravi. Lucius put voir distinctement qu’il rougissait du menton jusqu’à la racine des cheveux. Il finit par leur demander le silence et s’adressa à Pison :
    — Toi, Caius Calpurnius, l’amateur de théâtre, qu’est-ce que tu en penses ?
    — J’en pense que c’est la chose la plus merveilleuse que j’aie entendue depuis que je suis né. Quand donneras-tu ton récital ?
    — Ce ne sera pas un récital. Je vais participer au concours annuel, fin juin. J’ai hésité. Crois-tu que j’aie bien fait ?
    — Comment as-tu pu hésiter ? Tu seras vainqueur. Ta voix est divine.
    Les autres sénateurs firent écho, dans un concert d’éloges dithyrambiques. Néron s’en délecta quelque temps, puis, s’avisant de la présence de Lucius, se mit en devoir de le leur présenter :
    — Voici Lucius Gemellus, que les dieux viennent de m’envoyer. C’est mon jumeau par les astres. Nous sommes nés dans la même matinée, peut-être au même instant. Je le veux avec moi jusqu’au concours.
    Les sénateurs se pressèrent autour de Lucius et, alors qu’ils n’en pensaient sans doute pas un traître mot, se mirent à l’abreuver de flatteries.
    — Quelle chance pour toi d’avoir une naissance aussi glorieuse !
    — Es-tu un grand artiste, toi aussi ?
    L’empereur intervint :
    — Lucius Gemellus était jusqu’à présent les oreilles de Tigellin. C’était son meilleur agent de renseignement. Rien de ce qui se passait à Rome ne lui échappait. Maintenant, il est à mon service personnel. Il ne quittera plus le palais. Il sera mes oreilles, non plus pour déjouer les complots, mais pour entendre ma musique.
    Lucius, toujours entouré par ces importants personnages, se composait une physionomie, répondant de son mieux aux uns et aux autres. Certains n’hésitaient pas à l’inviter chez eux, ajoutant qu’il leur ferait un grand honneur s’il acceptait. Enfin, ils finirent par se retirer et il se retrouva de nouveau seul avec l’empereur. Il en profita pour l’informer de ce qu’il avait découvert en accomplissant sa mission :
    — Il y a eu une émeute sur le Capitole, juste après ton départ. Une partie de la foule a démoli la tribune et y a mis le feu.
    Néron s’était de nouveau emparé des feuillets recouverts de ses vers et les parcourait du regard sans répondre. Lucius insista :
    — Le peuple rend responsables de l’échec du sacrifice les nouvelles religions et spécialement l’une d’entre elles, les chrétiens…
    Cette fois, Néron réagit :
    — Tout cela ne m’intéresse pas. Ce sont les affaires de Tigellin. Tu lui en parleras quand tu le verras… Maintenant, écoute ce poème. Est-ce que tu penses qu’il ne serait pas plus approprié pour le concours que « La chute de Troie » ?
    Néron se mit de nouveau à déclamer. Mais il n’alla pas très loin dans sa lecture. La porte s’ouvrit. C’était Sénèque.
    — Tu as une grande nouvelle à m’annoncer, à ce qu’il paraît ?
    Lucius Annaeus Sénèque formait un contraste complet avec Néron. Par son âge, d’abord : il avait dépassé les soixante-cinq ans et il les faisait bien ; il avait l’air d’être son grand-père. Par son physique ensuite : c’était un petit homme d’aspect chétif, dont la peau très mate trahissait les origines espagnoles ; on ne pouvait être plus différent du rouquin massif qu’était l’empereur. Sénèque portait, en outre, la moustache et une barbiche en pointe, blanches toutes les deux. Ce dernier détail n’était pas indifférent. À Rome, tout le monde était glabre, même les plus pauvres, même les mendiants, lorsqu’ils le pouvaient. Seuls les philosophes ne se rasaient pas, affichant ainsi leur condition aux yeux de tous. Néron alla lui prendre les mains avec chaleur.
    — La plus grande des

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