Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
Vom Netzwerk:
l’avait invité à dîner, se planta devant lui.
    — Gemellus, quand viendras-tu chez nous ? Ma femme brûle du désir de te voir !
    L’homme lui barrait le passage. Pour lui échapper, il fit un écart et se heurta à un personnage volumineux, sur lequel il s’écrasa presque. Il reconnut l’un des compagnons de Pétrone, qu’il avait rencontré le même jour, dans les jardins. Ce dernier était fardé et chargé de bijoux. Il s’adressa à lui d’une voix suave, qui avait pourtant quelque chose d’inquiétant :
    — Tu te souviens de moi, Gemellus ? Je suis Trimalcion. Moi aussi, je t’invite à dîner. Mais ce ne sera pas un souper de sénateur, chez moi, ce sera un vrai festin. Pétrone sera là et il m’a même promis d’en faire le récit. Et en vers, s’il te plaît !
    Cette fois, Lucius se dégagea avec quelque violence. Trimalcion, bousculé, faillit tomber à terre. Il se rétablit au dernier moment et eut un petit rire.
    — Qu’est-ce qu’il te prend, Gemellus ? Tu as peur que je t’empoisonne ?
    Lucius ne répondit pas. À la suite de l’envoyé de l’empereur, il parvint enfin à quitter la salle et, tandis qu’il traversait les pièces encombrées de statues, il put retrouver un peu ses esprits. C’était exactement cela : il avait peur qu’on l’empoisonne ou, du moins, il se sentait en danger avec tous ces gens. Il comprenait concrètement quel milieu était la cour, un lieu d’ambitions effrénées, de rivalités exacerbées. Et maintenant, sans qu’il l’eût voulu, il en faisait bel et bien partie, à ses risques et périls. Il revit sa mère le mettant en garde contre « ces gens-là » et il se dit que les mères avaient toujours raison. Mais, comme il arrivait devant la porte en marqueterie d’or et d’autres matériaux précieux, il pensa à Agrippine et révisa son jugement : non, les mères n’avaient pas toujours raison…
    Néron l’attendait dans son bureau au milieu des chefs-d’œuvre de l’art grec et des statues malhabiles. Quand il le vit, il vint vers lui précipitamment et prit ses mains dans les siennes. Lucius put remarquer qu’il tremblait légèrement.
    — Ah, te voilà, Gemellus ! Je t’ai fait venir parce que Terpnus va arriver.
    Lucius n’avait jamais entendu ce nom-là.
    — Je suis, désolé, César, je ne vois pas…
    — Tu ne connais pas Terpnus ? Mais, voyons, c’est le plus grand professeur de chant de l’Empire ! Il rentre de Rhodes.
    Néron se mit à déambuler fébrilement entre les statues.
    — J’espère qu’il pourra me mener à la victoire. Car je me suis officiellement inscrit. C’est fait !
    — C’est une heureuse décision…
    — Et j’ai annoncé publiquement que je voulais être jugé uniquement sur mes qualités de chanteur.
    Il s’arrêta devant Lucius et s’essuya la sueur qui lui coulait sur le visage.
    — Tu te rends compte : si je perdais, moi, l’empereur, quelle honte ce serait !
    — Tu ne perdras pas. Ta voix est divine, je te l’ai déjà dit…
    Lucius se garda bien de montrer sa surprise, mais il n’en revenait pas ! L’empereur était dévoré d’angoisse. Il s’imaginait qu’il était réellement sur un pied d’égalité avec les autres, que le jury pourrait vraiment déclarer vainqueur un autre que lui. Comment une telle naïveté était-elle possible ? Néron était décidément un être déconcertant et désarmant. Il avait devant lui le maître du monde et il avait l’impression de se trouver en face d’un enfant… Néron se mit soudain à lui parler d’une voix différente, un peu lointaine, comme s’il rentrait en lui-même :
    — Sais-tu comment je m’appelle ?
    — Je te demande pardon ?
    — Appelle-moi par mon nom.
    — Tu es Néron.
    — Non, cela, c’est mon nom d’empereur. Mon nom véritable, celui que j’ai reçu à ma naissance, est Lucius Domitius Ahenobarbus. Tu l’as oublié, comme tout le monde, et pourtant, nous avons le même prénom.
    C’était vrai, Lucius le savait et l’avait oublié. Il ignorait d’ailleurs pourquoi l’empereur avait reçu ce surnom. Mais celui-ci l’éclaira sans qu’il lui pose la question :
    — Il paraît que c’est ma mère qui m’a appelé la première ainsi et que, depuis, tous les autres l’ont imitée. Je suis Néron et Néron est devenu empereur. Mais, tu vois, j’aimerais

Weitere Kostenlose Bücher