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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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pas…
    — C’est depuis que tu fréquentes la synagogue ?
    Délia réfléchit un instant et répondit :
    — Oui, à peu près depuis ce moment-là. Tu as raison.
    — De toute façon, je t’accompagne jusque chez toi…
    Ils poursuivirent leur conversation. Délia lui expliqua que, depuis la mort de son mari, elle était désemparée et s’était mise à chercher dans d’autres religions les réconforts que le culte officiel ne pouvait lui apporter. C’était ainsi qu’elle en était venue à fréquenter les synagogues, mais elle avoua que le langage de Paul l’avait touchée plus que tout ce qu’elle avait entendu jusque-là.
    Ils parlèrent alors de cet amour si étonnant d’autrui que prônaient les chrétiens. Ils en étaient aussi surpris l’un que l’autre, mais, tandis que Lucius avait encore besoin de réfléchir, Délia était déjà convaincue. Elle lui dit qu’elle viendrait sûrement retrouver Paul dans une semaine et un jour et lui demanda s’il y serait aussi. Lucius fut tenté de lui répondre oui, car tout cela l’intéressait tant professionnellement que personnellement, mais il se souvint que les répétitions de chant allaient commencer et il avait bien peur d’être empêché de faire quoi que ce soit pendant un long moment. Il répliqua prudemment :
    — Je viendrai, si mon travail me le permet.
    Elle s’étonna et voulut savoir ce qu’il y avait de si important pour qu’il ne puisse se libérer quelques heures. Il répondit de manière évasive. Il ne pouvait tout de même pas lui avouer que cette raison si importante s’appelait Néron.

4
Le professeur de chant
    Comme tous les matins, Lucius Gemellus se trouvait à sa table de travail, dans une petite pièce au sein du vaste bâtiment qui abritait l’Administration. Il était en train de rédiger son rapport pour Tigellin concernant les chrétiens, un rapport on ne peut plus favorable. Il faisait justice des accusations ridicules d’anthropophagie, soulignait la valeur spirituelle de leur doctrine et concluait sur la nécessité d’un examen plus approfondi. C’était pourquoi il se proposait de revoir Paul, qui semblait l’un des chefs de leur Église.
    S’il faisait ainsi un rapport écrit au préfet du prétoire au lieu de tout lui raconter de vive voix, c’était que celui-ci avait élu domicile dans le domaine du Vatican que possédait l’empereur de l’autre côté du Tibre. Il préférait être sur place pour s’occuper de tous les problèmes concernant le concours de chant et y avait transféré son bureau. Bien sûr, Lucius aurait pu s’y rendre, mais il jugeait plus prudent de rester dans le palais impérial, au cas où Néron l’aurait fait appeler. Et il s’en félicita quand il vit arriver un esclave essoufflé.
    — Gemellus, l’empereur te demande d’urgence !
    Il n’était pas question de s’attarder. Lucius prit tout de même le temps de confier son rapport à un autre esclave, pour qu’il parvienne à Tigellin et il emboîta le pas à l’envoyé de César.
    À sa suite, il prit la direction des appartements impériaux, où il n’était pas retourné depuis sa première entrevue avec Néron. Peu après, il pénétrait dans l’immense pièce de réception décorée des deux fresques représentant Apollon. Comme la première fois, elle était remplie de visiteurs ayant sollicité une entrevue, mais la ressemblance s’arrêta là, car, dès qu’il fut entré, tout changea : il fut immédiatement reconnu et il y eut une bousculade effrénée dans sa direction. Des cris éclatèrent autour de lui :
    — Gemellus ! Gemellus !…
    Un inconnu lui tendit une tablette de cire, sur laquelle était rédigé un texte.
    — Tu vas voir César. Remets-lui cette requête pour mon neveu, je t’en supplie !
    Lucius n’en revenait pas ! Depuis le jour de la vache pleine, suivant en cela les conseils de Tigellin, il avait pris soin de ne pas se montrer à la cour, se rendant au petit matin dans le bâtiment de l’Administration et ne le quittant que le soir. Pourtant sa faveur auprès de Néron était connue de tout le monde : il était celui qu’il fallait approcher à tout prix.
    Repoussant les uns et les autres, il était toutefois accroché de toutes parts, c’était tout juste si on ne déchirait pas sa tunique… L’un des sénateurs, qui avait fait partie de la délégation conduite par Pison et qui

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