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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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front.
    — Délia, je te baptise, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
    C’était tout : la cérémonie était terminée. L’officiant y ajouta pourtant quelques mots à l’adresse de l’assistance :
    — Vous accueillez aujourd’hui votre nouvelle sœur Délia. Elle m’a dit tout à l’heure qu’elle était une ancienne esclave affranchie. Qu’elle sache que cela n’a pas d’importance, car il n’y a parmi nous ni hommes libres, ni affranchis, ni esclaves, ni Romains, ni étrangers. Nous ne faisons qu’un dans le Christ.
    Il lui donna alors le baiser de paix sur les deux joues, imité par Paul et tous les autres. Le tour de Lucius arriva. Il était vivement ému en allant vers elle et, lorsque ses lèvres touchèrent sa peau, il la sentit tressaillir. Ce premier contact physique entre eux avait quelque chose de sacré : même s’ils devenaient plus tard un couple et se mariaient, ils ne l’oublieraient ni l’un ni l’autre. La voix de Pierre les rappela à la réalité :
    — Les gens nous regardent. Il ne faut pas rester ici. Rentrons chez Paul et ne restons pas ensemble. Allons séparément ou par deux.
    Lucius examina lui aussi les alentours. Pierre avait parfaitement raison : ces manifestations de fraternité, tout à fait inhabituelles dans la société romaine, ne pouvaient que paraître suspectes. Des passants s’arrêtaient et les montraient du doigt en échangeant des commentaires. Il devenait imprudent de s’attarder. Ces réflexions le ramenèrent à la notion du danger. Il devait rester sur ses gardes, pour lui-même, mais surtout pour Délia. L’odieux attentat dont elle venait d’être victime n’était peut-être pas le dernier. S’il était vrai que son mystérieux agresseur agissait par haine des chrétiens, il avait plus de raisons que jamais de passer à l’action. Délia, comme à l’aller, cheminait en compagnie de Pierre. Il se plaça une vingtaine de pas derrière elle, les sens aux aguets, prêt à intervenir. Mais il ne se passa rien et ce fut sans encombre qu’ils arrivèrent tous chez Paul.
    Ils se retrouvèrent, comme la première fois, autour d’une table et d’une nourriture simple : olives, légumes, fruits, boulettes de viande. Lucius se souvint un instant des vulves de biches au nard indien et des talons de chameaux mort-nés, mais cette vision ne dura pas : Délia venait de s’installer à côté de lui. Il n’eut pas le temps de lui adresser la parole, l’office commençait, célébré cette fois par Pierre. Ce dernier s’empara du pain et prononça les mêmes paroles que Paul :
    — Nous te rendons grâce, Notre Père, pour la vie et la connaissance que tu nous as révélées par Jésus, ton serviteur. Gloire à toi dans les siècles !
    Il fit circuler le pain, après s’être servi lui-même. Lorsque Lucius le tendit à Délia, leurs doigts se touchèrent et il en fut de même quand la coupe passa de l’un à l’autre. Lucius eut le sentiment que, sans s’être dit un mot, ils venaient d’échanger quelque chose comme une promesse.
    La conversation qui s’engagea les tira du trouble où ils se trouvaient. Pierre invita les convives à lui faire part de la manière dont se passait leur vie quotidienne depuis leur entrée en religion. Les témoignages des uns et des autres montrèrent toutes les difficultés, pour ne pas dire tous les dangers qu’ils rencontraient. Comment en aurait-il été autrement, puisque, à Rome, le culte officiel était religion d’État ? Ne pas le pratiquer, c’était se mettre au ban de la société. Seuls les juifs pouvaient se le permettre, puisqu’ils en étaient officiellement dispensés, mais les chrétiens n’avaient pas cette autorisation. Parlant le premier, Honorius, le médecin, exposa la situation difficile qui était la sienne :
    — Je perds mes clients les uns après les autres. Dès qu’ils savent que je suis chrétien, ils me suspectent d’être une sorte de sorcier qui se livre à la magie noire et ils me quittent.
    Pierre intervint :
    — Alors, ne leur dis plus rien.
    — Mais il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle.
    — Il faut aussi que tu continues à gagner ta vie et que tu ne mettes pas les tiens et toi-même en danger. Il s’agit là d’obligations aussi importantes que la propagation de la foi.
    Pierre se manifesta, par la suite, de la même manière. À

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