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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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population.
    Telle était, en effet, la surprise de Tigellin : dans leurs cages dorées, maintenant ouvertes, apparaissaient, nues et apprêtées pour l’amour, les plus jolies femmes de Rome. Les esclaves expliquèrent que chacun avait la liberté de prendre celle qui lui plaisait, les intéressées ayant été payées d’avance par le préfet du prétoire. Ces dernières n’étaient pas toutes des esclaves ou des prostituées. Il y avait parmi elles nombre de femmes libres et d’honnêtes mères de famille qui avaient choisi ce moyen pour gagner quelque argent et il était expressément demandé à leurs partenaires de les traiter avec respect.
    Une foule d’hommes excités par les libations se bouscula, chacun voulant entrer dans le kiosque avant l’autre. Cette fois, il y eut des bagarres sérieuses, des blessés et même des morts… Entraînant Délia, Lucius s’enfuit aussi vite qu’il put sans que, heureusement, personne s’intéresse à eux.
    Lorsqu’ils furent à l’écart de la foule, elle se laissa tomber sur les marches d’un temple fermé à cette heure et éclata en sanglots. Lucius s’assit à côté d’elle et la prit dans ses bras. Il se rendit compte qu’elle portait une plaie au sommet du crâne. Cela ne semblait pas trop grave, mais elle avait, de toute évidence, été victime d’une agression.
    Péniblement, en tremblant et agitée de sanglots convulsifs, la jeune femme raconta alors ce qui lui était arrivé. Elle rentrait chez elle, après avoir vendu ses galettes, lorsqu’elle avait été attaquée par quelqu’un qui l’attendait sur le palier. Elle n’avait pas pu voir de qui il s’agissait. Elle avait été frappée par-derrière et assommée. Elle avait repris conscience dans la guérite. Elle avait voulu sortir, mais elle était fermée à clé. C’était presque tout de suite après qu’elle avait entendu la voix de Lucius… Lorsqu’elle eut terminé, elle eut un frisson qui la secoua tout entière.
    — Je te l’avais dit. Il a agi juste avant mon baptême. S’il m’était arrivé… la même chose qu’aux autres femmes, jamais je n’aurais pu me présenter devant Pierre. Je crois que je serais morte de honte.
    — Je saurai qui c’est. Je le retrouverai, je te le jure. Et il paiera !
    — Comment feras-tu à toi tout seul ?
    Lucius ne répondit rien, mais justement, il n’était pas tout seul. Cette fois, il allait mettre au courant Tigellin. Il était certain que le préfet du prétoire n’apprécierait pas cet incident intervenu dans la fête qu’il organisait et qu’il déciderait une enquête. Il se proposerait, d’ailleurs, de la mener lui-même, car il avait son idée sur la question. Il demanda doucement à sa compagne :
    — Que veux-tu faire, maintenant ?
    — Aller chez moi me changer. Je ne peux pas me présenter au baptême dans cet état.
    Lucius l’accompagna jusqu’à son appartement. Les rues restaient animées, malgré la fête. Beaucoup de livreurs étaient obligés de travailler quand même et déchargeaient leur marchandise à la lueur des torches… Il attendit sur le balcon fleuri, tandis que la jeune fille se lavait et s’habillait. Enfin elle apparut dans une robe blanche toute simple qui lui allait à ravir. Elle s’était recoiffée ; sa chevelure, tout à l’heure ébouriffée, était maintenant séparée en deux bandeaux réguliers. Elle y avait mis un peu d’huile, mais pas de parfum.
    Tandis qu’ils descendaient l’escalier, lui restant aux aguets dans l’éventualité d’une nouvelle agression, elle lui dit d’une petite voix :
    — Comment pourrai-je jamais te remercier ?
    Le soleil se levait sur Rome. Les chariots de la nuit étaient en train de plier bagage. Il lui sourit et lui répondit, tandis qu’ils prenaient le chemin de la maison de Paul :
    — En ne me quittant pas.

8
La Fontaine de Pierre
    Délia et Lucius furent sur place à peu près une heure plus tard. C’était le premier dimanche de juillet, jour du Seigneur, mais ils n’étaient que quelques milliers dans le monde à penser ainsi ; pour le reste des hommes, c’était une journée ordinaire, qui n’avait pas de nom. Le rendez-vous avait été donné dans la maison de Paul. Ils n’arrivèrent pas les premiers : une dizaine de personnes étaient déjà là. Tous les embrassèrent à la manière chrétienne, dont Paul, qui leur

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