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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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pas nous rejoindre ?
    Lucius s’attendait à cette question, d’autant plus qu’il se la posait lui-même.
    — Je ne sais pas. J’attends quelque chose…
    — Quoi ?
    — Peut-être de ressentir ce que tu as ressenti en buvant ta coupe.
    Il s’arrêta et la contempla.
    — Si je le faisais maintenant, ce serait pour t’être agréable. Je pense que ce n’est pas ce que tu souhaites.
    — Non, bien sûr…
    Ils reprirent leur marche en silence. Elle était rentrée de nouveau en elle-même et marchait la tête baissée, mais Lucius s’était remis à prêter attention à la foule romaine. Le cours de ses pensées avait changé. Il songeait à ce qu’il allait faire contre le mystérieux agresseur de Délia. Après la fête qu’il avait donnée, le préfet du prétoire se reposait sûrement de ses fatigues et il était inutile de lui demander audience, mais dès le lendemain, il irait le trouver et ferait en sorte de résoudre le problème.
    Il laissa Délia devant son immeuble en lui recommandant d’être prudente et en lui promettant de revenir bientôt. Pour se dire au revoir, ils ne surent que faire et se contentèrent d’un signe de la main.
    Lucius s’éloigna rapidement et ce fut seulement à ce moment-là qu’il prêta attention à la chaleur accablante. La canicule sévissait plus que jamais.

9
La Petite Chienne
    Le lendemain, Lucius Gemellus alla trouver Tigellin dans son bureau. Il ne s’agissait plus des installations provisoires qu’il avait fait aménager dans la résidence du Vatican, mais de son bureau habituel, dans le bâtiment du palais réservé à l’Administration. Il était très tôt, Lucius savait le préfet du prétoire matinal et il l’était tout autant. Cela n’empêchait pas la chaleur d’être déjà étouffante. La canicule s’était encore accrue, s’il était possible. Vu la température qu’il faisait à cette heure dans les jardins du palais, Lucius se demandait avec effarement ce que ce serait en plein midi dans les quartiers surpeuplés de la ville. Il ne se souvenait pas d’avoir eu aussi chaud de sa vie.
    Il en eut une confirmation lorsqu’il fut introduit chez Tigellin. Ce dernier se faisait donner de l’air par un esclave, qui agitait un large éventail. C’était la première fois que Lucius voyait son chef, habitué à supporter tous les climats, recourir à ce genre de confort. Tigellin lui désigna l’éventail avec un sourire fataliste.
    — Dire que j’ai connu le soleil d’Afrique et qu’il ne m’accablait pas ! Il faut croire que je vieillis…
    — Peut-être qu’aujourd’hui il fait plus chaud qu’en Afrique.
    — Peut-être… Alors, qu’as-tu pensé de ma fête ?
    — Elle était digne de toi. Dommage que les amis de Pétrone y aient été conviés.
    — Pourquoi ? Ils ont tenté quelque chose contre toi ?
    — Non, rassure-toi. Mais j’ai préféré ne pas m’attarder sur le radeau. J’ai voulu me mêler à la fête populaire. C’était le moment ou jamais d’écouter les Romains.
    — Je reconnais là ta conscience professionnelle. Qu’as-tu entendu ?
    — Du bien de toi et de Néron. Sa popularité n’a jamais été aussi grande.
    — Ils ont apprécié qu’il ait chanté ?
    — Qu’il ait chanté, oui. Sa voix, c’est autre chose…
    — Je lui tairai le second point. Il n’y a donc que des bonnes nouvelles ?
    — Pas exactement. Il s’est produit un incident de nature à te causer du tort. Une femme a été mise de force dans une des guérites. On l’a assommée et enfermée à clé. Cela a créé un petit scandale. J’ai réussi à la délivrer de justesse.
    — On a dit du mal de moi à ce propos ?
    — Plusieurs t’ont traité de maquereau, mais ils avaient pas mal bu…
    Ainsi que Lucius l’avait prévu en inventant cette anecdote, le préfet du prétoire entra dans une vive colère.
    Son effet s’ajoutant à celui de la chaleur, il devint rouge brique et tapa avec violence sur son bureau.
    — Celui qui a fait cela le paiera !
    — À mon avis, il avait la clé. À qui avais-tu confié le recrutement des femmes ?
    — Aux prêtres de Vénus, naturellement. Comme tu le sais, ils sont trois à Rome et chacun avait la responsabilité d’un tiers des guérites.
    Il y avait, en effet, trois temples de Vénus dans la capitale de l’Empire et celui dédié aux égouts n’était pas le plus étonnant. Le

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