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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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second, celui de Vénus Libitine, était tout simplement la morgue de Rome. Les corps de ceux qui étaient trouvés dans la rue y étaient entreposés et, si on ne les réclamait pas au bout de deux jours, ils étaient conduits à la fosse commune. Pourquoi la déesse de l’amour était-elle associée à la mort, personne n’en avait la moindre idée. Cela faisait partie des mystères, pour ne pas dire des aberrations, de la religion officielle. Le troisième et dernier temple, celui de Vénus Érycine, était tout de même dédié à la protectrice des amoureux.
    Lucius n’eut évidemment pas besoin de réfléchir pour savoir lequel des trois était en cause. Il se rappelait parfaitement, lorsqu’il avait aidé Délia à vendre ses galettes, avoir vu une silhouette les observer des marches du temple de Vénus Cloacine. C’était sans nul doute le prêtre et le scénario n’était pas difficile à reconstituer. Le personnage devait depuis longtemps trouver Délia à son goût. Avec son veuvage, il avait cru avoir ses chances ; mais, au lieu de cela, elle s’était mise à fréquenter les juifs, puis les chrétiens, les pires ennemis de sa religion. Alors, il avait manifesté sa colère et son dépit par ces agressions successives.
    Un instant, Lucius fut traversé par une autre pensée : le prêtre était peut-être lié également aux agressions contre lui-même ; il aurait agi, dans ce cas, par jalousie contre un rival potentiel. Mais, en même temps qu’il la formulait, il renonça à cette hypothèse : il avait été agressé la première fois en se rendant à la synagogue et il ne connaissait pas encore Délia. En ce qui le concernait, le mystère restait malheureusement entier.
    — Je sais de qui il s’agit. J’ai raccompagné la jeune femme chez elle. Elle habite juste en face du temple de Vénus Cloacine. Cela ne peut être que ce prêtre-là. Il a dû s’amouracher d’elle et elle aura repoussé ses avances.
    Tigellin approuva.
    — Je vais le faire arrêter immédiatement. Comme la fête a été donnée en l’honneur de Néron, il sera condamné pour lèse-majesté. Cela ne traînera pas !
    Lucius ne manifesta pas un contentement excessif, qui aurait pu paraître surprenant, mais intérieurement il éprouvait une joie immense. Il décida que, dès que cet entretien serait terminé, il irait retrouver Délia pour lui annoncer la nouvelle. Le préfet du prétoire appela un officier et lui donna l’ordre de procéder à l’arrestation. Cette question réglée, il s’apprêtait à confier une nouvelle mission à son agent, lorsqu’un soldat fit irruption dans le bureau. Il s’adressa directement à Lucius :
    — J’ai ordre de te conduire auprès de l’empereur.
    Tigellin et lui échangèrent un regard d’impuissance et il suivit l’émissaire de Néron. Il s’attendait à ce qu’il le conduise dans ses appartements et à affronter l’épreuve de traverser la grande salle remplie de courtisans, mais le soldat ne quitta pas les jardins et le mena à la pièce d’eau où il avait naguère rencontré Poppée. L’empereur s’y tenait effectivement, assis sur un banc de marbre. Dès qu’il vit Lucius, il vint vers lui, l’air aussi inquiet, presque angoissé, que la première fois qu’ils s’étaient rencontrés dans ce cadre si particulier.
    — Tu as interrogé le peuple, Gemellus ?
    — Je l’ai fait, César. Ta popularité est au zénith. Les Romains sont au comble du bonheur que tu aies chanté pour eux.
    — Oui, mais ma voix ? Que pensent-ils de ma voix ?
    — C’est à ce sujet qu’ils sont le plus enthousiastes. Ils disent qu’elle est divine, que seules celles d’Apollon et d’Orphée peuvent lui être comparées.
    Encore une fois, Lucius vit l’empereur accueillir le compliment en se troublant et en rougissant comme une jeune fille. Il continua avec entrain :
    — J’ai une nouvelle à t’annoncer, Gemellus ! Terpnus vient de me dire que la chaleur excessive était mauvaise pour la voix. Alors j’ai décidé d’aller résider à Antium (4)  tant que durera la canicule. Au bord de la mer, il fait plus doux.
    Néron possédait, en effet, dans cette ville située à une trentaine de milles de Rome, un palais maritime où il aimait se retirer parfois. La résidence appartenait depuis longtemps à sa famille et c’était là qu’il avait vu le jour, vingt-six

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