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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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souhaita la bienvenue, les appelant l’un et l’autre par leur prénom. Puis il leur présenta Pierre. Les deux hommes étaient aussi différents qu’on peut l’être. Pierre était beaucoup plus grand et doté d’une forte carrure. Il était plus âgé, aussi. Il avait visiblement dépassé les soixante-dix ans. Son visage, parcouru de rides puissantes, était hâlé et tanné par le grand air. Tout comme le rabbin de la synagogue, il portait la barbe, une barbe grise taillée en carré qui lui donnait un air d’autorité et de majesté. Après les avoir embrassés lui aussi, il prit les mains de Délia dans les siennes. Lucius, dont le sens de l’observation était toujours en éveil, remarqua que celles-ci étaient larges et calleuses.
    — Je te souhaite la bienvenue, mon enfant. Tu n’as pas changé dans tes intentions ?
    — Non. Je veux devenir chrétienne.
    — Paul t’a avertie des dangers que tu courais ainsi ? Si tu renonçais, il ne te serait fait aucun reproche.
    — Je veux recevoir le baptême.
    — Alors, il en sera fait selon ta volonté…
    Lucius continuait d’observer Pierre. Lui, c’était évident, n’avait jamais étudié pour devenir docteur de la Loi. Les livres n’étaient pas son univers. Avant d’être un des responsables de la nouvelle religion, il devait exercer quelque métier manuel : ouvrier ou artisan. On sentait chez lui une énergie infatigable. C’était, de toute évidence, un meneur d’hommes, un chef. Lucius ne put s’empêcher de le comparer à Tigellin. D’ailleurs, il manifesta cette autorité en s’adressant aux autres de manière décidée :
    — Partons sans attendre ! Profitons de ce qu’il n’y a pas encore beaucoup de monde en ville. Les autres nous rejoindront.
    Toutes les personnes présentes quittèrent la maison. Elles étaient une vingtaine et, en chemin, d’autres chrétiens vinrent s’ajouter à leur groupe… Pierre avait dit vrai : en raison des festivités de la veille, les Romains s’étaient accordé quelque repos et les rues, une fois débarrassées des chariots de la nuit, étaient presque désertes. Pierre allait en tête, en compagnie de Délia. Lucius avait préféré ne pas rester avec elle pour ne pas troubler son recueillement. Il marchait derrière, aux côtés de Paul, et il entreprit de le questionner. C’était devenu chez lui une seconde nature, mais il ne s’agissait plus d’une quelconque mission de renseignement. Tout cela ne figurerait dans aucun rapport.
    — Où allons-nous ?
    — À une fontaine après les remparts. Pierre y a déjà baptisé plusieurs des nôtres. Pour cette raison, nous avons pris l’habitude de l’appeler « la Fontaine de Pierre ».
    — Il n’y a que lui qui puisse baptiser ?
    — Non, n’importe quel chrétien peut donner le baptême à un autre chrétien. Depuis qu’il est à Rome, c’est Pierre qui s’en charge, mais ce n’est qu’une habitude.
    — Vous n’avez donc pas de prêtres ?
    — Nous sommes trop peu nombreux. Nous en aurons peut-être plus tard.
    Lucius se tut. Il ne voulait pas avoir l’air indiscret. Mais ce fut au tour de Paul de le questionner :
    — C’est la troisième fois que je te vois. Puis-je te demander ce qui t’attire chez nous ?
    Lucius n’eut pas une seconde d’hésitation :
    — L’amour…
    La Fontaine de Pierre était vraiment charmante. Elle ne ressemblait pas à ces nombreuses installations publiques, en marbre ou en briques, auxquelles les gens modestes, qui n’avaient pas l’eau courante, venaient s’approvisionner. Même si son eau était, de toute évidence, amenée par des canalisations, elle avait des allures de source : elle tombait en babillant d’un rocher moussu. Pierre l’avait choisie parce que c’était la seule qui ne s’ornait pas d’une statue ou d’une représentation quelconque d’un dieu païen. Il prit Délia par la main et alla s’installer avec elle près du rocher ; les autres les entouraient à quelque distance. L’ancien compagnon de Jésus attendit que les quelques passants se soient éloignés et s’adressa à la jeune femme :
    — Délia, crois-tu que le Christ est le Seigneur ?
    — Je le crois.
    — Crois-tu qu’il est ressuscité d’entre les morts ?
    — Je le crois.
    Pierre prit alors de l’eau dans le creux de ses mains et la lui versa trois fois sur le

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