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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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ans et demi plus tôt…
    — C’est une sage décision, César. Tu comptes donc continuer à chanter ?
    — Bien sûr, et tu m’accompagnes.
    — Tu me fais un grand honneur. Quand partons-nous ?
    — Tout de suite !
     
    Le départ eut lieu quelques heures plus tard et, compte tenu de la longueur des journées en cette période de l’année, le convoi impérial fut sur les lieux avant la nuit. En cette occasion, Lucius put remarquer à quel point il faisait partie des privilégiés. Car toute la cour n’avait pas accompagné Néron, loin de là. Il n’y avait autour de lui que ses familiers : Sénèque, le petit groupe qui entourait Pétrone, la suite de Poppée et les plus notables des sénateurs autour de Caius Pison. Tigellin avait tout de même obtenu de transférer à Antium une bonne partie de son personnel, au nom de la continuité du service de l’État.
    Lucius Gemellus se serait bien passé de l’honneur qui lui était fait ainsi. À cause de ce départ inopiné, il lui avait été impossible d’informer Délia de l’identité de son agresseur. Que se passerait-il s’il devait rester un long moment là-bas ? Que penserait-elle en ne le voyant pas ? Irait-elle le chercher à la boutique de ses parents et ceux-ci lui raconteraient-ils encore une fois qu’il était allé en Ombrie s’approvisionner en huile ? Il se consolait en se disant qu’à l’heure qu’il était le prêtre de Vénus Cloacine était arrêté et que la jeune femme ne risquait plus rien, ce qui était tout de même le principal…
    S’il avait voulu échapper aux fortes chaleurs en venant se réfugier à Antium, Néron avait fait un mauvais choix. En effet, dès le lendemain matin, le sirocco, le vent d’Afrique venu du désert, se leva brusquement. Certes, il devait souffler sur toute l’Italie, mais là où ils étaient, face à la mer, il arrivait avec toute sa puissance, sans avoir rencontré d’obstacle. Il véhiculait une poussière rouge qui desséchait les poumons et il était impossible de rester dehors. Il fallut s’enfermer et barricader portes et fenêtres dans le palais transformé en étuve.
    Un nom était sur toutes les lèvres : Canicula, la Petite Chienne, surnom que l’on donnait à l’étoile Sirius dans la constellation du Chien et dont l’arrivée dans le ciel en même temps que le soleil coïncidait avec le début de l’été. C’était elle qu’on rendait responsable des grandes chaleurs. Les amis de Pétrone envoyèrent des esclaves chercher des chiennes dans tout le voisinage, les couronnèrent de fleurs et leur adressèrent des prières, mais cela ne fit rire personne et eux-mêmes étaient tellement accablés par la température qu’ils cessèrent leur manège.
    Dans ces conditions, il n’était pas question pour l’empereur de chanter. Terpnus l’interdit formellement à son élève. Un air pareil était de nature à irriter gravement la gorge, c’était le meilleur moyen de se casser la voix. À peine arrivé, Lucius se retrouva donc livré à lui-même. Il se mit à errer dans le palais, désœuvré, rageant contre cet événement fortuit qui l’empêchait d’aller à Rome, pour rien, par-dessus le marché. À la fin, il décida d’aller voir Tigellin. Peut-être trouverait-il auprès de lui un moyen de se rendre utile.
    Il le rencontra dans le bureau qu’il s’était installé, éventé par le même petit esclave. Le préfet du prétoire l’accueillit aimablement, même s’il était très occupé. Il préparait une rencontre avec les Parthes. Le prince Tiridate, frère du roi de ce peuple, était disposé à conclure une alliance avec Rome en échange de certains avantages. Bien entendu, Néron s’était totalement désintéressé de la chose et avait laissé l’entière responsabilité de la décision à Tigellin, même si, par principe, il était favorable à la paix. Depuis qu’il était au pouvoir, il n’y avait pas eu une seule guerre et il en était particulièrement fier.
    Tigellin parla pendant quelque temps de tout cela avec Lucius. Il lui arrivait parfois de s’entretenir avec lui des graves problèmes de l’Empire ; il aimait son jugement sain et ses positions mesurées. Puis il changea brusquement de sujet :
    — Je suis ennuyé à propos du prêtre de Vénus.
    — Tu ne l’as pas arrêté ?
    — Non, il a disparu. Il devait se méfier…
    S’il n’avait

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