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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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venu.
    Néron alla vers lui et prit ses mains dans les siennes, vivement ému.
    — Merci pour tes paroles. Je vais me mettre à l’œuvre tout de suite. Mais ne m’appelle pas César. Aurais-tu oublié que nous avons le même prénom ?
    Lucius hésita un instant, puis répondit à l’empereur :
    — Non, Lucius, je ne l’ai pas oublié.
     
    Quelques jours avaient encore passé. On était précisément le 12 e  avant les calendes d’août (5) . Depuis quelque temps, on ne voyait presque plus Néron. Il s’enfermait dans la chambre de sa naissance et s’y livrait à une mystérieuse activité. Il n’en sortait que pour prendre une brève collation, puis laissait les autres continuer leur repas et retournait s’enfermer. À part cela, rien n’était changé : la chaleur ne faiblissait pas, aggravée parfois par la présence du sirocco. La Petite Chienne sévissait plus que jamais.
    Il faisait du sirocco ce jour-là, mais on avait tout de même dressé les tables dehors, sur l’immense terrasse qui s’étendait devant le palais, face à la mer. Néron avait une grande nouvelle à annoncer et, pour cela, il donnait, le soir, un banquet réunissant toute la cour. Pour protéger les dîneurs du vent, les esclaves avaient installé d’immenses panneaux de bois amarrés par des câbles. Cela empêchait de voir le magnifique coucher de soleil, mais personne ne s’en plaignait. On se plaignait, en revanche, du sirocco, car, malgré les obstacles dressés, il parvenait à s’insinuer au milieu des tables, soulevant les nappes, les vêtements et les cheveux. Mais le pire était le sable rouge qui s’infiltrait partout. Les esclaves passaient des linges humides pour qu’on puisse s’essuyer le visage, mais ne parvenaient pas à empêcher qu’il tombe dans les plats et les coupes. On mangeait du sable, on buvait du sable.
    Dans ces conditions, on comprend que l’atmosphère n’était pas vraiment à la fête chez les convives. On maudissait intérieurement le caprice de l’empereur qui imposait à tout le monde cette épreuve, tout en en reconnaissant le caractère inoffensif. Les Césars précédents avaient eu des excentricités autrement dangereuses et sanglantes.
    Plusieurs tables étaient disposées autour de la table impériale, qui occupait le centre. Outre l’empereur, elle accueillait Poppée, Tigellin, Pétrone et quelques personnalités comme le sénateur Pison. Sénèque, qui avait fait l’effort de venir souper pour la première fois depuis l’arrivée à Antium, partageait leur compagnie. Il semblait avoir un peu récupéré ses forces, mais avait l’air maussade.
    Le repas avançait et Néron ne disait toujours rien. De la table où il se trouvait, Lucius le voyait parfaitement. Il n’avait plus rien de commun avec l’être désemparé qui lui avait fait ces terribles confidences. Il avait retrouvé son assurance et son optimisme, et c’était grâce à lui ! Quand l’empereur se décida à prendre la parole, il se leva et, instantanément, le silence se fit, à part le sifflement rauque et discontinu du sirocco.
    — L’heure est venue de vous révéler le grand projet que j’ai tenu jusque-là secret : je vais écrire une histoire de Rome en vers, depuis les origines jusqu’à mon règne. Elle comptera en tout quatre cents volumes.
    Une ovation générale accueillit cette déclaration. Pétrone s’écria avec un désespoir comique :
    — Mais que vais-je devenir ? Comment rivaliser avec un tel poète ?
    D’autres quittèrent leur place pour aller congratuler l’empereur. Pourtant, lorsque le silence fut à peu près revenu, une voix discordante se fit entendre au milieu de cette unanimité courtisane. Sénèque, lui aussi, s’était levé. Lucius distinguait parfaitement sa maigre silhouette et son visage hâlé à la barbiche blanche.
    — C’est inepte ! Comment auras-tu le temps de régner avec une tâche pareille à entreprendre ?
    — Je n’ai pas voulu régner. Je ne suis devenu empereur qu’à cause de… de qui tu sais.
    — Que tu sois sur le trône par la volonté de ta mère ou pour toute autre raison ne change rien.
    Sénèque contempla les diverses tablées. Il était le centre de l’attention générale, ce qui parut le flatter. Il reprit la parole d’une voix plus sentencieuse, un rien emphatique :
    — Nous devons jouer le rôle que nous a attribué

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