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L'inconnu de l'Élysée

L'inconnu de l'Élysée

Titel: L'inconnu de l'Élysée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Péan
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galoper, à sillonner le terrain… Le président n'a jamais de coup de mou, chez lui ça n'existe pas », conclut-elle en repoussant avec dédain une pareille éventualité.
    Il est vrai que le maire de la capitale a de nouveau réussi le grand chelem dans les vingt arrondissements de Paris aux élections municipales de mars 1989. Mais il est non moins vrai qu'à l'automne suivant Charles Pasqua et Philippe Séguin, deux poids lourds du RPR, ont décidé de le bouter hors de la présidence du parti gaulliste. Jean-François Probst raconte : « Une complicité sur la base de deux certitudes se noue entre eux deux. La première : “Chirac est un con !” La seconde : “Chirac, c'est fini !” Les deux hommes préparent leur complot en vue des assises du RPR du 11 février 1990, et abattent un travail colossal auprès des élus et des militants pour “défenestrer” Chirac, mais aussi Alain Juppé, secrétaire général du RPR, qui a pris du poids auprès du maire de Paris. » Une fois encore, Jacques Chirac va sortir vainqueur du vote avec 68,6 % des voix, et rester patron du RPR.
    Quand je rappelle au président de la République que Charles Pasqua a tenté de le « défenestrer » du RPR, il me répond laconiquement :
    « Je ne me souviens pas qu'il ait essayé… »
    Je cherche alors à savoir pourquoi il a entretenu une telle proximité avec lui :
    – Il a du bon sens, un accent inimitable ; je me souviens des appuis qu'il m'a apportés et j'ai oublié le reste. Il m'écrit toujours. Je l'aime bien, et je suis fidèle en amitié. Cela dit, il m'a reproché de ne pas avoir bougé, à certains moments, quand il était inquiété par la justice. Je lui ai toujours précisé que mon affection n'allait pas au-delà de nos rapports personnels et qu'il était entouré de gens hautement contestables. »
    Après le putsch manqué de février 1990, le maire de Paris a eu, sur l'instant, des propos autrement plus durs envers Pasqua, allant jusqu'à dire à son propos : « J'avais un ami. »
    Le maire de Paris va de nouveau affronter Pasqua et Séguin, mais aussi la majorité des militants, à l'occasion du référendum sur le traité de Maastricht qui, s'il est ratifié, arrimera de façon définitive la France à l'Europe. Il prend position pour le « oui » alors qu'il n'est jusqu'alors jamais apparu comme un européen convaincu. Il est conscient que son destin présidentiel ne serait pas conciliable avec le « non », mais il ne méconnaît pas les écueils de sa position. Comme il le remarque à l'époque : 2 % des RPR le suivent par « adhésion », et 6 % « par affection ». Tous les autres le désapprouvent. Et si le « non » l'emportait, c'en serait fini de son destin d'homme d'État. Pasqua et Séguin seraient en position de force, et, en cas de victoire aux législatives, refuseraient la cohabitation.
    Le président de la République se souvient de ce moment clé de sa vie politique :
    « Je n'étais pas un européen acharné, c'est tout à fait évident, mais, petit à petit, je me suis convaincu que l'Europe, c'était la paix et la démocratie, et que si on voulait travailler pour la paix et la démocratie, il fallait faire l'Europe… On ne pouvait se trouver en permanence dans une situation de conflits, surtout avec les développements auxquels on assistait en Amérique et en Asie… Je suis ainsi devenu de plus en plus européen, et quand on a dû se prononcer sur Maastricht, j'ai dit oui…
    – Cela a provoqué un drame au RPR…
    – À l'époque, j'étais chef du RPR. On a fait une grande réunion publique de tous les responsables du parti 13 dans un théâtre parisien ou bien chez Tibéri, là-bas, à la Mutualité. Tout le monde est monté à la tribune pour expliquer qu'il fallait voter non à Maastricht, et moi je devais parler en dernier en tant que président du parti. J'ai donc pris la parole pour déclarer : “Et maintenant, nous allons voter oui à Maastricht !” Ça a été une tempête parmi les cadres du RPR : 80 à 90 % étaient contre Maastricht. Ils ont hurlé, hurlé. Alors je leur ai dit : “Voilà, c'est comme ça : on va voter oui. Moi, je vous dis qu'il faut voter oui, parce que c'est votre intérêt, c'est l'intérêt de la France, de la paix et de la démocratie…” Quand j'ai eu terminé, j'ai été ovationné : c'était la caractéristique d'un parti qui maintenant n'existe plus, où régnaient des relations affectives… J'ai

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