L'industrie de l'Holocauste Reflexion sur l'exploitation de la souffrance des juifs
» la Suisse « avait refusé de montrer le courage d'affronter sa propre histoire ^^ ». Il n'est pas étonnant que l'industrie de l'Holocauste n'ait pas lancé de campagne pour enquêter sur les banques des États-Unis. Un examen de nos banques semblable à celui que l'on a fait dans les banques suisses coûterait aux contribuables américains non pas des millions mais des milliards de dollars". Lorsqu'il serait enfin achevé, les juifs américains chercheraient asile à Munich. Le courage a des limites.
À la fin des années quarante, déjà, alors que les États-Unis insistaient pour que la Suisse identifie les comptes juifs dormants, les Suisses ont protesté que les Américains feraient mieux d'examiner la poutre dans leur œil'^ Au milieu de 1997, le gouverneur de New York, George Pataki, a annoncé la création d'une commission d'État pour la récupération des avoirs des victimes de l'holocauste pour mener des réclamations contre les banques suisses. Les Suisses ne se laissèrent pas démonter et suggérèrent que la commission engage plutôt des réclamations contre les banques américaines et israéliennes ^'. Et Bower, en effet, rappelle que les banquiers israéliens « ont refusé de donner les listes des comptes dormants appartenant à des juifs » après la guerre de 1948 et récemment, on a lu que « contrairement aux pays d'Europe, les banques israéliennes et les associations sionistes résistent aux pressions en vue d'établir des commissions indépendantes pour déterminer quelle quantité d'avoirs et combien de comptes dormants étaient détenus par des survivants de l'Holocauste et comment les titulaires pouvaient être localisés » (Financial Times). (Des juifs européens ont acheté des lots de terre et ouvert des comptes en banque en Palestine pendant le mandat britannique pour aider l'entreprise sioniste ou préparer l'immigration à venir.) En octobre 1998, le Congrès
56. Séances de la commission sur la banque et les services financiers. Chambre des représentants, 25 juin 1997.
57. La population de la Suisse était de quatre millions pour la période en cause de 1933 à 1945, alors qu'aux États-Unis, il y avait cent trente millions d'habitants. Tous les comptes ouverts, fermés ou dormants de ces années ont été examinés par la commission Volcker.
58. Levin, Last Deposit, p. 23. Bower, Nazi Gold, p. 256. Bower écarte cette demande suisse comme « rhétorique sans réponse possible ». Qu'il soit impossible d'y répondre, c'est certain, mais en quoi est-ce rhétorique ?
59. Rickman, Swiss Banks, pp. 194-195.
juif mondial et l'Organisation juive mondiale pour la restitution« sont parvenus à un accord de principe pour empêcher qu'on s'occupe de la question des avoirs en Israël des victimes de l'Holocauste, parce que la responsabilité dans cette affaire est celle du gouvernement israélien. » (Haaretz) L'accusation la plus sensationnelle contre les banques suisses était qu'elles réclamaient un certificat de décès aux héritiers des victimes de l'holocauste. Les banques israéliennes ont aussi demandé ce document. On chercherait vainement, cependant, des protestations contre « les perfides Israéliens ». Pour prouver qu'« aucune équivalence morale ne peut être établie entre les banques en Israël et celle de Suisse », le New York Times cite un ex-député israélien : « Ici, c'est de la négligence, en Suisse, c'était un crime ^°. » Cela se passe de commentaire.
En mai 1998, une commission présidentielle consultative sur les avoirs de l'holocauste aux États-Unis a été chargée par le Congrès de « mener une recherche originale sur le destin des avoirs pris aux victimes de l'Holocauste et parvenus entre les mains du gouvernement fédéral des États-Unis » et de « conseiller le président sur la politique à adopter pour la restitution des biens volés à leurs propriétaires légitimes ou à leurs héritiers ». « Le travail de la commission démontre irréfutablement », déclare Bronfman, président de la commission, « qu'aux États-Unis nous nous imposons des principes élevés de vérité au sujet des avoirs de l'Holocauste identiques à ceux que nous imposons aux autres nations. » Cependant, une commission consultative au budget de six millions n'est pas tout à fait la même chose que l'examen externe complet du système bancaire d'un pays, mené avec un budget de cinq cents millions, et comprenant l'accès illimité à tous les dossiers
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