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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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d’Appartements ! Les courtisans s’ennuient et Saint Val est un gros morceau. Qui veut le croquer ? Le nom de Montbellay sort. Croyez-vous que je sois resté assis à contempler quatre trèfles qui se battaient avec six cœurs dont pas un as ?
    — Je crains d’avoir commis une belle imprudence. Vous me sermonnez pour que j’agisse avec discrétion et, à l’instant où vous lâchez la bride, j’agis sans réfléchir. Je vous demande pardon.
    Il soupira, mais ses yeux se moquaient :
    — Mes conseils ont fait long feu. Chez vous, l’impatience est une seconde nature.
    — Ah ! Je m’en veux tant. Risquez-vous par ma faute de graves ennuis ?
    — Diable, fit-il en se pinçant le nez. Va-t-on me jeter au bûcher ?
    — Vous y allez sans doute un peu fort. Mais peut-on vous réprimander ?
    Il s’adoucit encore :
    — Q’importe ! Il y a trop longtemps que Saint Val plastronne. Et vous avez gagné plus d’amis que vous ne l’imaginez. Une leçon ! La cour espérait que quelqu’un lui donne... Elle fut parfaite ! Quel éclat ! Vous nous avez gâtés.
    — Auriez-vous entendu ?
    — Je suis arrivé quand vous le compariez à une sorte d’épouvantail. Je regrette de ne pas avoir vu tout le spectacle. Mais la scène de la défense du fils du chevalier de Saint Val fut un régal.
    — Je n’ai pu m’en empêcher, m’excusai-je encore.
    — Comment s’appelle-t-il ? fit-il calmement.
    — François. Ou Beltavolo, car il est comédien. Mais je crois l’avoir dit.
    — Vous le connaissez donc ?
    — Depuis peu, fis-je sans pouvoir cacher mon trouble.
    — Est-ce lui qui occupe votre cœur ? demanda-t-il d’une voix douce.
    — Oui, avouai-je.
    À ma grande surprise, la tendresse le gagna :
    — Il a beaucoup de chance. Venez, maintenant, nous partons.
    — Vous ne restez pas à la cour ?
    — C’est assez d’émotion pour un soir. Un spectacle suffit.
    — Vous ne dormirez pas à Versailles ?
    — Vous l’avez dit. Trois pièces sous les combles ! Ce n’est pas digne d’un vrai marquis. J’ai mieux à Paris, mais je n’en parle jamais. Je tiens à mon pied-à-terre... Et gardez cette confidence pour vous. Allez ! En route. Je vous raccompagne chez notre douce marquise. Ainsi, nous pourrons parler.
    — Oui, c’est à cause de mon emportement, m’assombris-je. Vous craignez que l’on vous retire ce privilège. J’ai agi sans esprit, comme une idiote !
    D’un revers de la main, il balaya mes craintes :
    — Bien au contraire ! Cela m’amuse et me donne des idées.

    Cet éclat, je ne pouvais en mesurer encore tous les effets et l’importance, alors que je rentrais à Paris en compagnie du marquis de Penhoët. Et si je n’anticiperai pas sur la suite des événements, je dois au moins écrire ceci, tout de suite : dans sa lettre, François de Saint Val promettait de me venir en aide, et son désir de bien faire se révélait d’autant plus touchant qu’il avouait sincèrement ne pas savoir comment. Mais, dans mon aventure, il venait – sans que, ni lui ni moi, nous l’ayons prévu – de jouer un rôle capital. La chance et le jeu ? Si je n’avais pas osé hausser le ton pour prendre sa défense, et pour le venger, il n’y aurait pas eu d’éclat à la cour. Alors, sans doute, le marquis de Penhoët n’aurait pas agi comme il le fit.
    Depuis l’altercation avec le chevalier de Saint Val, Louis de Mieszko s’intéressait différemment à moi. Je l’avais, disait-il, amusé, peut-être même étonné, et, pour un oisif revenu de tout, c’était une qualité. Par ses origines – il revendiquait un lien avec Mieszko I er , ce duc qui fit entrer la Pologne dans la chrétienté – il avait l’âme slave, ce qui, m’apprit-il, se conjuguait fatalement (il employa ce mot) avec son attirance pour le risque, le danger ou le frisson que procure un pari fou à une table de brelan. Le jeu aimait le courage, l’inconscience. Désormais, il m’en trouvait assez pour être tenté de se pencher sérieusement sur mon cas. De plus, il croyait à ma chance.
    — Le destin aurait-il décidé fatalement de vous sourire ?
    Troublé, incertain, mon seul allié à la cour s’interrogeait et se mettait à y croire. Ainsi, et sans le savoir, François était une bonne étoile qui m’accompagnait sur le chemin du retour.
    — Si nous parvenons à vous faire rencontrer le roi...
    Le marquis l’avait dit. Il n’y songeait plus. Il le voulait.
    — Il vous faudra faire preuve de plus de repartie et

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