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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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par l’arrivée et le départ de ceux qui renoncent et de ceux qui espèrent. A-t-il écouté quelqu’un ? La reine s’en convainc. Mais elle se couchera déçue. Qui l’a approché ? Personne. Pensez-vous à le saisir par la manche au sortir de sa table ? Vous serez muselée alors qu’il s’échappe par une porte dérobée pour retrouver ses intimes qui empruntent des passages secrets, inconnus du commun des mortels. Dans ces entrées par- derrière , Colbert et Louvois rôdent et croisent tantôt Montespan, tantôt Maintenon et pour le salut du roi, son confesseur, le père La Chaise. Vous ? Pour vous souvenir de ce Grand Couvert, il vous restera les éclats d’or, d’argent et de vermeil de la vaisselle royale et l’adresse d’un prince qui ne se sert que d’un couteau pour manger. Mais ce ne sera qu’un aperçu. Et vous ? Vous aurez perdu votre temps.
    La lassitude m’envahit :
    — Alors, c’est non ? Il n’y a aucune chance de rencontrer Louis XIV ?
    — Je vous ai prévenue. Ce jeu est difficile. Il demande de la patience, un jeu où vous n’excellez pas.
    — Mais enfin ! Il était là ! À deux pas de moi.
    — Parlez moins fort ! J’avais évoqué une simple présentation. Voilà qui est fait. Maintenant, profitez de cette soirée. Il y aura le bal, la musique, les courtisans... Qui sait si vous n’y ferez pas une jolie rencontre ?
    Brusquement, je m’éloignai de lui :
    — Mon cœur est pris, monsieur le marquis.
    Il sembla déçu :
    — Cette visite à Versailles n’aura donc servi à rien.
    — M’autorisez-vous à rentrer ?
    — Renonceriez-vous ?
    — Non ! Mais ce n’est pas ici que j’approcherai le roi de près.
    Sa mâchoire se crispa, mais il retint sa colère :
    — La patience ! murmura-t-il. Décidément, cette vertu vous manque. Le jeu est un combat. Il faut observer, chercher. Et laisser venir cette chance à laquelle vous vous accrochez.
    — Pour ce soir, il n’y a plus rien à espérer ? insistai-je.
    Il secoua la tête, signe que je devais renoncer. Il était fatigué.
    — Attendez dans le Salon de Mercure. Partir précipitamment serait faire injure à notre hôte. Je dois d’abord saluer quelques-uns des présents.
    Il m’abandonna sur-le-champ.

    J’entrai tête basse dans le Salon de Mercure, ignorant ceux qui m’entouraient. Qu’avais-je à faire de ces jeux, de ces danses, de ces rires convenus et hypocrites ? Quelqu’un venait de se faire entendre, mais à l’instant où il s’éloignait, un de ses auditeurs l’assassinait de critiques.
    — Cet imbécile n’entend rien à la guerre !
    Et lui, qu’en savait-il ? Je pointai ce phraseur hautain qui se tenait près d’un buffet de friandises. Je fus saisie d’émotion. C’était le père de François, le chevalier de Saint Val, celui que j’avais vu la veille dans les jardins de Versailles. Je me fis toute petite et m’approchai encore.
    — Preuilly n’est qu’un soldat aux petits pieds, continua Saint Val. Il ne fallait pas discuter, mais tirer !
    En me servant de mes deux oreilles, et en les tendant, je sus ce qu’il reprochait au marquis de Preuilly.
    — C’était l’occasion de mettre fin à cette paix armée qui nous jouera des tours, continua-t-il. Nous connaissons nos ennemis : l’Espagne, la Suède et les Provinces-Unies.
    — Vous oubliez la ligue des princes du Rhin, osa un détracteur.
    Le chevalier de Saint Val haussa les épaules :
    — Une querelle passagère et récente. Vienne, dites-vous ? Mais Vienne vit sous la menace des Turcs ! Voilà assez pour occuper l’empereur.
    — Il est vrai, renchérit un flatteur, que nous disposons d’une alliance secrète avec le Grand Turc.
    — Et nous pouvons compter sur les révoltés de Hongrie, claironna le chevalier. Ajoutez le Danemark et le Brandebourg, et reconnaissez que nous ne manquons pas d’atouts.
    — Soit. Mais où vous conduit ce tableau, Saint Val ? glissa son détracteur.
    — La neutralité de l’Anglais nous est acquise. Combien de temps durera-t-elle ? Encore assez pour s’occuper de l’Espagne moribonde de Charles II... Il suffit de peu pour prendre ce qui revient à notre roi par son mariage. Et Preuilly tenait l’occasion de provoquer la guerre !
    — Vous allez vite en besogne, s’insurgea son opposant.
    — Et vous ? Êtes-vous avare de courage ? ricana le chevalier.
    C’était un affront. Il y eut un mouvement. Je saisis l’occasion pour me tourner et voir. Le père de François serrait les dents

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