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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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chaise, enfin, il la saisit.
    — Sainte Marie, mère de Dieu, expira-t-il en s’écrasant dessus.
    — C’est-à-dire jeudi ou vendredi, si je me souviens bien, se félicita Sébastien.
    — Seigneur Dieu !
    Et la chaise gémit pour eux deux.
    Je l’attrapai par la manche :
    — La meilleure façon de se préparer à cette rude épreuve est d’aller dormir. Tu devrais en faire autant. Bonne nuit, Jean-Baptiste. Allons ! Au lit...
    — Mademoiselle Hélène a raison. La nuit porte conseil, asséna Sébastien. Et demain, Bonnefoix, vous verrez la vie d’une tout autre façon. Je vous soupçonne, continua-t-il en pointant le doigt, d’appartenir à cette espèce humaine que le vin rend triste et sombre. Ce n’est pas bon ! Vous devriez ne plus boire, ajouta-t-il en quittant la pièce d’un pas mal assuré.
    Jean-Baptiste en resta muet. Il le regarda partir. Puis il se plongea dans l’observation de ses pieds qui, eux, comprenaient ses malheurs. Qu’avait-il fait au Ciel pour endurer tant d’injustices ?

    La journée du mercredi débuta par la visite inattendue du marquis de Penhoët. Il passait avant de repartir à Versailles, dit-il à la marquise de Sévigné et, ajouta-t-il :
    — Je dois m’entretenir avec Hélène de deux ou trois petites choses.
    — Des échos de la cour ? Un rebondissement faisant suite à votre soirée ?
    Madame de Sévigné s’installa dans son fauteuil, n’ayant nulle intention de bouger.
    Elle m’avait réveillée au petit matin, mourant d’impatience. Que s’était-il passé la veille et pourquoi m’avait-elle entendue rentrer si tôt ? Survolant l’altercation avec le chevalier de Saint Val, elle n’eut droit qu’à un rapport bref et concis. Mais cela lui suffirait sans doute pour rédiger une lettre à destination de sa fille. En revanche, je n’avais rien divulgué de l’ idée folle , conçue au retour, avec le marquis de Penhoët. J’attendais encore, voulant être certaine qu’il n’avait pas changé d’avis. La nuit, comme l’affirmait Sébastien, lui avait-elle porté conseil ?
    — Je crois avoir trouvé un prétexte pour écarter les courtisans, annonça-t-il triomphalement dès qu’il se fut assis dans le salon.
    Madame de Sévigné tendit l’oreille. Le marquis s’intéressa à elle.
    — Madame, ce dont nous allons parler risque fort de provoquer grand bruit.
    — Vous excitez ma curiosité, l’interrompit-elle.
    Le marquis leva une main. Sa voix devint cassante :
    — C’est justement ce qu’il ne faut pas.
    — Est-ce grave ?
    — Amusant, répondit-il sobrement.
    — La victime est-elle le roi ?
    — Non. Ce sont les courtisans. Il s’agit de les éloigner du roi assez de temps pour que nous puissions l’approcher.
    — L’idée est audacieuse. Et si vous ne voulez aucun mal à Sa Majesté, je la trouve même intéressante.
    — Mais notre seule chance de réussite est de la garder secrète. Ses effets dépendent de la surprise que nous allons créer.
    — Cela sent la poudre. Et j’ai l’impression de partir en guerre. Ah ! Je suis au comble de l’énervement...
    — Me promettez-vous de ne jamais en parler ?
    La marquise le fixa dans les yeux :
    — Louis de Mieszko, vous êtes ici pour le bien de notre chère Hélène qui elle-même agit pour son père. Sa situation actuelle s’explique en partie par... ces lettres que j’ai pu ici et là...
    Elle me regarda.
    — Je ne commettrai plus ce genre d’erreur. Je vous le promets.
    — Eh bien ! rétorqua-t-il d’une voix qui avait retrouvé sa gaieté, vous entrez dans notre complot.
    — J’adore l’idée d’entortiller les courtisans, souffla-t-elle. Dites-nous vite comment !
    Avant de répondre, il sortit sa tabatière, choisit lentement les brins qui convenaient. Puis, prise faite, il se pinça le nez. La marquise suivait la manœuvre mains jointes et serrées, comme priant le Ciel pour qu’Il calme son impatience. L’ idée folle de Louis de Mieszko se méritait.
    — Nous allons nous servir de La Salle, concéda-t-il enfin.
    — L’explorateur de la Louisiane ? sursauta madame de Sévigné.
    — Lui-même...
    — Je vois, fit-elle encore, bondissant de son siège, vous profitez de son éloignement pour utiliser son nom.
    — Bien au contraire ! Il est de retour en France.
    — Quelle nouvelle ! s’enthousiasma-t-elle de plus belle.
    — Hélas, elle est fausse, murmura le marquis.
    Et ses yeux bleus sourirent.
    — Vous me voyez déçue, dit-elle en se rasseyant. Cela

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