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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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deviner, est empêché. Alité, retenu, cloué, choisissez. Vous conviendrez alors qu’il devient impossible de faire croire qu’il court au-devant de La Salle. Dès lors...
    — Nous renonçons ! coupa le marquis sèchement. Et le fantôme de La Salle s’évanouit. Tout comme ceux qui ont fait courir le bruit de son retour. Les auteurs ? Envolés. Un bruit, je vous dis. Rien de plus...
    — Oui, bien sûr, fit-elle gravement. Vous avez sans doute pensé au pire.
    — Croyez-moi, chère marquise, reprit Mieszko de nouveau adouci. La Salle est notre meilleur appât. Le roi a anobli ce navigateur infatigable, inventeur d’un second Royaume. Il en est reconnaissant. Il apparaîtra naturel que Sa Majesté se rende à son explorateur.
    — Oui, se rassura-t-elle. Si La Salle revenait, le roi montrerait combien il a du cœur. Et la cour applaudirait ce geste. Oui, il se pourrait qu’on tombe dans votre piège.
    — D’autant que le déplacement imprévu du roi les dispenserait de la corvée de chapelle ! ajouta le marquis en se forçant à rire.
    — Et vous croyez, insista-t-elle, que les courtisans se feront filouter ?
    — Sûrement pas ceux qui iront à la messe, que le roi y soit ou pas, grimaça-t-il. Car il existe des croyants sincères dans son entourage.
    — Mais alors, intervins-je, notre entreprise est vouée à l’échec ?
    — Non, sourit-il faiblement, puisque vous parlerez au roi avant qu’il n’aille à la messe et je compte sur ce détail pour écarter les courtisans qui pourraient nous gêner. Je songe à ceux qui veulent voir le roi dans l’espoir d’obtenir une faveur. Ceux-là ne sont sur sa route que pour se montrer. À l’inverse, les fidèles se rendent directement à la chapelle. Si vous lui parlez avant , ils ne nous gêneront pas. Quant aux faux dévots, pensant que le roi n’est pas à Versailles, ils ne l’attendront pas à la sortie de son Conseil. Nous disposerons donc de quelques minutes de... liberté. Il faudra s’engouffrer dedans.
    — Si la plaisanterie tourne mal, dites adieu à votre logement à Versailles, ne put s’empêcher d’ajouter madame de Sévigné. Et encore, souffla-t-elle, il s’agirait d’un moindre mal.
    Le marquis se leva et vint à prendre la main de la moraliste :
    — Je m’appuie, chère amie, sur les forces et les faiblesses de l’étiquette. Elle dit que le roi sort de son Conseil et se rend à la messe. Elle dit que les courtisans désireux de se montrer à lui seront sur son passage. S’il n’est pas là, ils ne viendront pas. Pourquoi faire les cent pas devant une porte qui ne s’ouvrira point ?
    — Désormais, tout repose donc sur La Salle, soupira la marquise, qui ne voulait plus lâcher Louis de Mieszko.
    — Il est perdu quelque part en Louisiane. Nous n’avons aucun contact avec lui. Et les bruits les plus fous racontent qu’il est déjà mort.
    — Vous avez raison. Personne ne peut apporter la preuve de sa présence, dit-elle encore, enfin conquise et sous le charme.
    — Non. Et personne ne peut prouver qu’il n’est pas là, intervins-je.
    — En effet, Hélène, renchérit le marquis. Et il se trouve que je dispose d’une autre carte. Un atout étonnant, drôle, imprévu, tombé dans mes mains ce matin. C’est le complément qui manquait pour rendre l’appât encore plus appétissant. Et cette petite chance, qui peut nous faire gagner, est née au cours de cette soirée si remplie de rebondissements...

    L’arrivée inattendue de La Salle n’était pas venue à l’esprit du marquis par le fait du hasard. Il y avait une raison – un leurre, disait-il – qui lui prouvait toute sa force.
    — Alors que nous retournions sur Paris, un événement s’est produit au château. Selon ses convictions, on le trouvera amusant ou terrible. Mais il est si fort que votre dispute, Hélène, a été vite oubliée par les courtisans avides de nouvelles et de sang frais. Je l’ai appris ce matin, car on a cru bon d’organiser un déplacement pour m’informer. Et en écoutant, j’ai compris le profit que nous pouvions en tirer.
    — À la fin, allez-vous nous expliquer ? s’émut derechef la marquise.
    — Hier, fit-il sombrement, la sorcellerie a siégé au château de Louis XIV.
    — Est-ce une nouvelle histoire de poisons ?
    — Je ne lui donnerai pas ce nom et si les annales s’en souviennent, ce sera comme celle du Fantôme.
    — Dieu du Ciel ! que s’est-il produit ?
    — Cette nuit, la vicomtesse de Lancquet a

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