Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
Vom Netzwerk:
m’aurait-elle donné une fille qui vous ressemblerait ?
    — Hum ! monsieur le marquis, je vous sens, comment dire, nostalgique.
    — L’âme slave ! Vous n’imaginez pas combien elle peut faire souffrir son propriétaire.
    — Allons, nous avons une mission. Utilisez ce charme pour faire parler les proches de la vicomtesse de Lancquet. Je suis certaine que vous obtiendrez de meilleurs résultats qu’elle n’en eut en interrogeant une table.
    — Je m’y attelle de suite et demain, qui sait ? Il y a une nouvelle Soirée d’Appartements. Nous voyez-vous triomphant de tout, et livrant au roi le secret de ce fantôme ?
    — Fatalement , il se produira quelque chose, dis-je en regrettant d’emblée ces mots.
    — Oui, fatalement , murmura le marquis de Penhoët. Donc, à demain ?
    Sans que nous puissions ajouter un mot, saisis par une émotion douloureuse dont nous ne comprenions pas le sens, nous serrâmes nos cœurs l’un sur l’autre. Et nous nous quittâmes sur ce souvenir.

    Dire que j’étais attendue chez la marquise de Sévigné est ce que mon précepteur, maître Blois, m’enseigna sous le nom d’ euphémisme . Je les avais quittés une journée et à leurs yeux j’étais forcément piégée, aux galères, voire morte.
    — Ah ! Madame ! gémit Sébastien, en m’ouvrant le porche de l’hôtel Carnavalet.
    — Ah ! fit de même Jean-Baptiste Bonnefoix, joignant à ses exclamations un soupir de soulagement aussi discret qu’un ronflement de forge.
    — Seigneur ! expira la marquise en retombant dans son canapé.
    Je fus brève. Comme il n’était pas question d’exposer les thèses de La Reynie, je m’en tins à une version sobre et plausible : sans se servir de La Salle, un stratagème par ailleurs éventé, le roi m’avait accordé un entretien duquel il ressortait que, dans sa bonté, il était prêt à examiner le cas de mon père. Mais pour cela j’avais à faire, et le temps pressait. Et déjà, en tenant ce propos, je me levais pour aller me changer.
    — Tu ne peux m’en dire davantage ? demanda, triste, inquiète et – je le sentis – vexée de ne point être dans la confidence, la marquise de Sévigné.
    — Rassurez-vous, ce n’est en rien une question de confiance ou même de défiance et je vous supplie de ne pas penser mal. Sachez que je ne sais comment vous remercier pour votre hospitalité, votre gentillesse...
    — Laisse cela, fit-elle en levant une main un peu sèchement. C’est la part que je rends à ton père. Et tu peux croire que jamais je ne parlerai de toi dans une de mes lettres. Mais dis-moi au moins si tu te mets en danger ?
    — Je puis juste vous avouer que le plus dur est fait. J’ai vu le roi. Il m’a entendue. Maintenant, il me faut aller plus avant.
    — Est-il vrai, comme on me l’a déjà rapporté, que tu te lances sur la piste du fantôme ?
    La question me prit de court. Par quel miracle, ou tour de magie, connaissait-elle ce point ?
    — Comment savez-vous pour cette histoire ?
    — J’aurais préféré que tu l’avoues toi-même, signe de l’estime que tu me portes, murmura-t-elle amèrement. Mais c’est le prix que paye Sévigné, marquise des Commérages... Car, que je le veuille ou non, de Versailles à Paris, il n’y a que quatre lieues et il existe toujours un messager pour venir me colporter de quoi nourrir mes lettres.
    — En parlerez-vous ?
    — Je te l’ai dit : rien, si cela peut te nuire.
    — Cela se pourrait. Oui, madame, je vais tenter d’approcher ce fantôme et, pour tout vous avouer, je travaille même main dans la main avec La Reynie.
    — Mon Dieu ! Mais cet homme vous a fait tant de mal.
    — C’est à ce prix que, peut-être, je sauverai mon père. De plus, le lieutenant de police est très différent de ce que j’imaginais. Je le crois honnête. Et puis, je n’ai pas le choix.
    — Hélène... Merci pour ce retour de confiance. Tu soulages mon cœur et m’aides à porter le poids de cette faute qui a conduit ton père à l’exil...
    Je m’approchai aussitôt d’elle et lui pris les mains :
    — Vous n’êtes ni coupable ni responsable et j’ai rencontré la plus douce et la plus aimable des femmes. Rassurez-vous, je vous sais mon amie.
    — Dis-tu la vérité ?
    — Je vous le promets.
    Je vins à elle jusqu’à m’agenouiller. Elle posa les mains sur mes cheveux qu’elle caressa tendrement.
    — Ah ! Hélène. Sois raisonnable. Je ne me remettrais pas, si d’aventure quelque chose de grave

Weitere Kostenlose Bücher