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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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survenait.
    — Allons, ne craignez rien ! la coupai-je brusquement. Je ne suis pas seule. Bonnefoix, l’homme le plus prudent que porte la terre, m’accompagnera !
    Et aussitôt, je bondis sur mes pieds.

    Convaincre Jean-Baptiste de retourner rue Mouffetard fut une chose finalement aisée. Mais ce rusé ne se contenta pas de généralités. Il lui fallut des détails et des explications. À lui, je dus conter ma journée sans omettre quoi que ce soit. Bon, bon, bon, répétait-il pour me faire comprendre qu’il suivait. Et chaque fois que je prononçais le mot de fantôme, il se signait.
    — Ainsi, fit-il à la fin, un fantôme (il se signa aussitôt) a tué par deux fois, cette nuit à Versailles, mettant en application ses propres menaces. Sautant sur cette occasion, vous avez convaincu le roi qu’il s’agissait d’une affaire religieuse et que vous alliez arrêter l’assassin (il se signa), en deux temps, trois mouvements.
    — C’est à peu près cela, Jean-Baptiste.
    — Bon, bon, bon. Ah ! Il me faut ajouter que La Reynie, qui est devenu notre allié, n’est pas loin de penser comme vous, ce qui donne du crédit à votre entreprise. Ma foi, pourquoi ne pas y croire ? Cette jeune femme n’a-t-elle pas réussi à rencontrer le roi ?
    Son visage s’enflamma, ses yeux roulèrent comme des billes :
    — Car vous pensez que je vais gober ces fadaises ? Alliée de La Reynie ! Permettez-moi d’en rire...
    — Je te l’interdis ! De plus, tu fais offense à mon intelligence. Me crois-tu assez sotte pour m’être décidée sans peser le pour et le contre ? Et que fais-tu du marquis de Penhoët ? Serait-il lui aussi sans discernement ?
    — Ah ! Je devine l’habile manœuvre, grogna-t-il. Je suis le valet. C’est donc moi le plus bête !
    — Sans doute pas, rétorquai-je. Mais le plus couard à n’en pas douter.
    Ce coup bas eut au moins le mérite de réveiller sa fierté.
    — Moi, peur ? Je l’entends comme de la sagesse et de la prudence, protesta-t-il. Je n’ai rien contre l’action mais d’abord, il faut réfléchir.
    Il le fit. Longuement. Et sentit mon impatience.
    — Me soutiendrais-tu, Jean-Baptiste ?
    — Bon, bon, bon... ronchonna-t-il. Pourquoi pas ? Cela dépend aussi de vos projets.
    — Pendant que La Reynie cherche l’empoisonneur et que le marquis de Penhoët approche les amis de la vicomtesse de Lancquet, nous allons retrouver le fantôme.
    Il se signa une énième fois :
    — Non, non, non ! cria-t-il alors, comprenant enfin, avec horreur, les enjeux et le danger.
    — Je m’en doutais, mais comment faut-il t’expliquer qu’il n’y a pas de fantôme ? Et cesse de te signer ! Nous cherchons un comédien qui a joué un rôle dans une pièce.
    — J’y vois surtout un prétexte pour retrouver Beltavolo.
    — Il nous aidera à parler à Turlupin.
    — Et ensuite, que ferez-vous de ce... comédien ?
    — C’est peut-être l’homme que nous cherchons. Souviens-toi qu’il a fui. Et si ce n’est pas lui, il a forcément des choses à raconter puisqu’il craint les hommes du lieutenant de police. Allons ! monsieur Bonnefoix, vous ne risquez rien à me suivre. Aussi, sautez dans vos affaires pendant que je me prépare. Le carrosse du marquis de Penhoët nous attend dehors et nous serons au théâtre du Chapeau-Rouge juste à temps pour la représentation... Ne tergiversez pas, filez, je dois me changer.
    — Bon, bon, bon, rumina-t-il en sortant.

    Il faisait nuit lorsque nous débouchâmes rue Mouffetard. Je demandai au cocher de s’arrêter devant la maison où habitait François de Saint Val. La rue étant étroite, à peine avait-il serré le frein qu’un charretier se mit à nous injurier.
    — Courez, madame, dit le cocher, je vais tenter de le faire patienter.
    Le menuisier avait déserté les lieux, mais la poupée veillait. Son bras était réparé. Le molosse ne bougea pas un poil. L’eau coulait dans la fontaine. Mon cœur battait fort et il ne fallait pas accuser le vieil escalier. Sans reprendre mon souffle, je parvins à la porte de François. Je frappai. Rien. J’ouvris. Rien. Mon regard erra dans la pièce et les émotions rejaillirent en moi. Le lit était défait, et comme nous l’avions quitté. Je vins jusqu’aux draps et y plongeai la tête. Le parfum de nos corps s’y trouvait mêlé. Où étais-tu, mon amour ?
    — Mademoiselle Hélène !
    Jean-Baptiste se tenait au chambranle et respirait fort. Il inspectait la chambre et en vint à regarder le

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