Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
Vom Netzwerk:
avançait que la cour savait que vous meniez l’enquête. On vous avait vue entrer chez le roi au prétexte d’un complot, et vous en étiez sortie pour que madame de Montespan se tourne vers Penhoët et parle de vous en excellents termes, de telle sorte que personne ne pouvait ignorer que le roi vous accordait sa confiance et que lui, Penhoët, faisait partie du lot. Il dit encore qu’en attendant mieux, il fallait renchérir, et que l’on agissait pareillement au jeu quand on manquait d’atout. Que risquions-nous ? soutenait-il. Au pire, une promenade par une nuit agréable. Et peut-être qu’en effet un homme s’approcherait pour l’intimider ou lui demander des explications ou... Eh quoi ! Il serait temps de voir. Mais moi et mes hommes, nous ne serions pas loin et nous allions bondir sur ce témoin et... Il en parlait avec une telle confiance, souffla La Reynie d’une voix sourde, que j’ai fini par accepter son projet. Sans y croire, je l’avoue. Mais il était si décidé qu’il m’assurait qu’avec moi ou sans moi, il l’exécuterait.
    Le lieutenant de police avala sa salive. Il luttait pour cacher son émotion :
    — Ce joueur redoutable avait raison. En face, on y a cru. On a pris peur.
    — Qu’est-il arrivé ?
    — Le marquis devait sortir dans les jardins et s’éloigner des courtisans. Nous étions à ses trousses, prêts à intervenir. Croyez-moi, je ne le lâchais pas des yeux. Mais il a fallu qu’il entre dans ce Labyrinthe tortueux à souhait ! lança-t-il furieusement. Qu’il se perde dans ses allées entremêlées. Qu’il se fonde jusqu’à ce que nous ne puissions plus le distinguer des animaux en plomb qui cheminent dans ce dédale.
    — Vous n’étiez pas avec lui ?
    — Enfin, madame ! Dans ce genre d’affaire, il faut être ni trop près ni trop loin. Mais pourquoi a-t-il fallu qu’il tente le diable ? Et aille plus loin, encore plus loin.
    — Il s’est glissé dans ce coupe-gorge pour attirer sa proie. Il a joué son va-tout. Et vous ne pouvez l’ignorer.
    Les yeux de La Reynie se troublèrent et c’était un aveu.
    — Un cri. Oui, j’ai entendu son cri, dit-il, et c’est lui m’a guidé. Il gisait, le torse transpercé par la dague du tueur. Une ombre filait dans le Labyrinthe et s’échappait vers Bacchus et l’île royale. J’ai sifflé... Mes hommes ont refermé la nasse. Voilà. Mais il était trop tard et je n’ai pu que fermer les yeux du marquis de Penhoët.
    Le regard gris-bleu de Louis de Mieszko s’installa dans le mien. J’apercevais aussi ses derniers pas, son demi-tour élégant pour aller vers son destin et son sourire moqueur quand il narguait la Fatalité . Je l’avais peu connu et je l’aimais comme un proche.
    Je voulus me lever. Je repoussai la main de La Reynie qui s’y opposait. Mon corps gémit sa douleur, je n’en pouvais plus. Trop de mal, trop d’efforts. Les paroles de la devineresse me vinrent. Le malheur succédait au bonheur. Et quoi d’autre à présent ?
    — Nous avons le tueur, répéta à mi-voix La Reynie. L’enquête est terminée.
    Maintenant qu’allait-il dire ? Une phrase qui expliquerait tout ?
    — Ce n’est pas un complot, siffla-t-il. L’affaire est crapuleuse et concerne la Louisiane. J’avais raison. Et vous tort. Je n’en tire aucune gloire.
    — Vous vous trompez, balbutiai-je. Non, ce n’est pas possible !
    Il me fixa dans les yeux et ne cilla pas :
    — Entendez-moi bien, madame. C’est une histoire d’argent. C’est toujours le même mobile. Je vous en ai déjà parlé. Il faut assurément me croire.
    — Je veux voir ce criminel. Je veux entendre de sa bouche ce qu’il vous a avoué et le fixer dans les yeux jusqu’à être certaine qu’il ne me ment pas.
    — C’est impossible, madame. Il est en route pour la Bastille.
    — Ne me trompez pas, monsieur de La Reynie. Oui, c’est cela ! Vous trichez !
    Un homme, attiré par mes cris, entra dans le bureau. Il sonda son chef.
    — Sortez ! hurla-t-il.
    La Reynie était furieux. Méconnaissable.
    — Madame, accusez-moi encore une fois de ne pas être franc et vous perdez mon soutien. Retenez en tout cas ceci : le roi sera heureux d’entendre mes conclusions. Je lui dirai que c’est grâce à vous et au marquis de Penhoët. J’interviendrai auprès de lui. Et je m’engage à obtenir son pardon pour votre père.
    Son visage devint cireux. Il serra les mâchoires. Son front se couvrit aussi de sueur. Et ses yeux me suppliaient de

Weitere Kostenlose Bücher