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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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mêmes raisons...
    — Et qu’en est-il du disciple de Nicolas Flamel ?
    — J’y viens. Je me trouvais ainsi à deux pas du guet, cherchant ma bourse pour honorer cette taxe exécrable, quand soudain, pas un double. La lame d’un scélérat avait coupé mon cordon de cuir. Aille ! Votre père m’avait chargé d’une mission qui ne pouvait pas attendre. Figurez-vous que je devais porter un billet à l’une de... ses amies. Je veux dire, à une jeune marquise, amie de madame la marquise de Sévigné qui, pour une raison qui m’échappe à l’instant – je suis bête ! –, souhaitait s’entretenir avec votre père de choses importantes qui avaient un rapport... Mais avec quoi ?
    — Jean-Baptiste ?
    — Oui, mademoiselle Hélène ? chuinta-t-il.
    — Et qu’en est-il du disciple de Nicolas Flamel ?
    — Pardon ? Ah oui, fit-il comme s’il se souvenait enfin. Je m’apprêtais à retourner sur mes pas, imaginant déjà la foudre du comte, quand un homme sombre, habillé d’un long manteau noir, me tapa sur l’épaule. Est-ce cela que vous cherchez ? me dit-il. Il ouvrit la main. Dedans, luisaient dix ou douze pièces d’or...
    — Sainte Mère, gémit Berthe.
    — Et que voulez-vous que j’en fasse ? lui demandai-je. Prenez, répondit-il. Prenez ce qu’il vous faut.
    Imaginant une origine douteuse pour son trésor, je refusai poliment. L’homme en noir, marqué, je crois, à la joue d’une balafre profonde, sourit et me dit que mes scrupules m’honoraient. Il insista encore, m’affirma que je ne devais pas m’inquiéter. Cet or était à lui. Et pourquoi m’en faisait-il présent ? Il répondit que je m’étais plaint à haute voix, gémissant sur mon sort et celui de mon maître et de son amie qui, n’étant pas avertie du changement de rendez-vous, risquait de tomber dans les bras de son mari et non dans ceux de son amant. Et...
    Il s’arrêta brusquement, gardant la bouche ouverte. Emporté par son élan, il venait d’oublier qui lui faisait face.
    — Sans doute, reprit-il hâtivement, avait-il mal compris. Il est vrai que dans ce capharnaüm, une abeille n’aurait pas retrouvé sa ruche. Qu’importe ce qu’il entendit. La vérité, la voici. Il m’offrait son or sans rien demander en échange. Partagé entre l’envie et la peur, j’hésitais. Mes jambes étaient lourdes et courir jusqu’à votre père me semblait au-dessus de mes forces. J’avais un délai, une urgence ! Oubliant mes scrupules, j’attrapai une pièce et remerciai mon donateur. Vous n’en prenez qu’une ? s’étonna-il. C’est assez, rétorquai-je. Votre sagesse sera récompensée, ajouta-t-il. Et il m’en tendit deux autres que j’enfouis prestement dans ma poche.
    — Mais qui était cet ange descendu du ciel ? intervint Berthe.
    — Je l’appris longtemps plus tard en le voyant défiler sur une carriole qui le conduisait au bûcher. Ses mains étaient liées dans le dos et la foule l’acclamait. Qu’avait-il fait ? Une femme hurlant plus que les autres soutint qu’il s’agissait du seigneur des pauvres. Il transformait le plomb en or et l’offrait aux indigents. Pour cette raison, on l’avait condamné en l’accusant d’être l’envoyé du diable. La vérité, cracha-t-elle, c’est qu’il ruinait le trésor royal qui, lui, affame le peuple... Et voilà ! La Reynie, ce maudit officier de police à qui nous devons nos tracas, avait mis fin aux actions de ce bienfaiteur dont Bonnefoix, ici présent, fut l’un des heureux protégés...

    — Tes histoires sont comme les feux de paille, soupira notre cuisinière. Tant qu’ils brûlent, ils font du bien. Mais, une fois éteints, ils rendent la nuit plus sombre et le froid plus vif. Et maintenant, il ne nous reste que les souvenirs.
    — Eh quoi ! gémit Bonnefoix. Vous me demandez de raconter. Je le fais. Maintenant, vous me reprochez d’en dire trop. Dieu ! qu’il est dur de suivre les femmes...
    — Et toi, tu n’es qu’un sot ! grogna Berthe. Ce n’est pas compliqué de comprendre que tu nous donnes envie de t’entendre encore.
    — Je crains, hélas, de ne pouvoir que répéter les aventures passées. Ou d’en inventer. Que veux-tu que j’y fasse, ma pauvre Berthe ? Même si je m’en plains, c’est ainsi. C’est fini...
    Berthe secoua la tête de rage :
    — Ai-je l’habitude de te permettre de goûter à ma soupe et, chose faite, de t’annoncer que tu n’en auras plus jamais ?
    — Ah ! je me souviens encore de celle que l’on

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