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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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Laissez-moi conclure ! avais-je crié, excitée. Si, comme vous le pensez, il n’y a pas eu de tentative d’assassinat contre le roi, sa favorite fut, en effet, victime d’une conspiration.
    — Parfait, s’était réjouie la moraliste fort exercée aux arcanes de la cour, nous avançons. Maintenant, sais-tu pourquoi on se serait acharné sur elle ?
    Mes yeux s’étaient égarés sur la table du salon comme si la solution s’y trouvait. Alors, j’avais vu qu’un chocolat en boudin à l’espagnole caché sous la soucoupe de sa tasse avait réchappé à la gourmandise de la brillante épistolière.
    — Cette affaire en dissimulerait-elle une autre ?
    — Voilà qui est mieux : un crime dont la cause est cachée... Car si Montespan n’est pas fautive, l’accuser en fut un.
    — Une infâmie, bien sûr, ânonnai-je, tant je mesurais la gravité des suppositions de la marquise de Sévigné.
    — Un crime, avait-elle répété, puisqu’on assassinait sa personne. Mais forgé par qui ?
    Elle avait respiré longuement, calculant son effet :
    — Et pour connaître son auteur, j’ai cherché à qui il profitait.
    — Avez-vous trouvé ? avais-je murmuré, le cœur battant.

    Je la revois encore en cet instant crucial.
    Elle pinça les lèvres, hésita, me regarda avant de céder à ma supplique.
    — J’ai quelques idées... Montespan ne fut pas la seule à trembler. Un autre nom plana sur l’Affaire des Poisons. Les attaques furent moins directes, car il s’agissait d’une personne puissante. Et la proie, même blessée, pouvait mordre à son tour. Pourtant, on faillit l’abattre.
    — Ah ! Madame. Qui visait-on si ce n’était pas Athénaïs de Montespan ?
    — Colbert, dit-elle d’une voix grave.
    — Le plus proche conseiller du roi !
    — Tous les regards étaient braqués sur la favorite. Le sujet était si piquant ! On ne se priva pas de jacasser sur les malheurs de Montespan et, parfois, de s’en réjouir. Je lui avais inventé un surnom. Dans mes lettres, je parlais d’elle en citant Quanto. La cour des oisifs s’empara de mon invention. Quanto ! On n’avait plus que cela à la bouche. Et l’on perdit de vue ce qui se jouait dans l’ombre. Pourtant, c’était la partie la plus importante. Colbert était cité dans l’Affaire des Poisons. Colbert était visé. Il pouvait tomber. Et Colbert, c’était le bras du roi. Donc, de l’État.
    Mon cœur s’était emballé d’un coup. D’abord la favorite. Puis le conseiller le plus proche du roi... Je m’étais levée d’un bond :
    — Je finis par croire que l’on s’attaquait à Louis XIV.
    — Puisque tu es debout, réveille un peu le feu. Il fait froid, ne trouves-tu pas ?
    — Pensez-vous que l’on visait le roi ? avais-je insisté.
    — Rien n’est impossible.
    — Ainsi, et d’une certaine façon, le crime contre le roi existait bien, avais-je murmuré. Était-ce une nouvelle Fronde ? Le projet d’un fanatique ? Un coup de l’étranger ? Une vilenie espagnole ? Le Vatican, peut-être ? Nos ennemis des Provinces-Unies ? Oui, c’est Guillaume d’Orange ! Répondez, madame, je vous en supplie...
    Elle avait levé une main pour me faire taire :
    — On a même raconté que madame Des Œillets était à la solde des Anglais... Mais je ne me suis pas aventurée dans ces recherches. Je tiens à la vie ! La sagesse me souffla de m’intéresser de loin aux tourments de Colbert. Car, en regardant bien, l’Affaire des Poisons risquait de l’éclabousser tout autant. Primo , il avait marié une de ses filles au neveu de Montespan, calcul habile alors que la favorite brillait au zénith. Désormais, cette alliance se retournait contre lui. Les pratiques sataniques étaient-elles diablement ancrées dans cette famille ?
    — L’accusation est ignominieuse ! On ne peut en vouloir à Colbert pour ce qu’avait fait, ou pas, la marquise de Montespan.
    — La rumeur et le doute, voici les armes redoutables dont on usa sans vergogne mais avec discrétion et délectation contre lui. On prit soin de susurrer que la Brinvilliers, dans son testament de mort, avait murmuré le nom de Colbert parmi les gens de condition liés aux affaires d’empoisonnement. Voilà pour le secundo. Mais il y eut un tertio . Reich de Pennautier, receveur général du clergé, avait lui aussi été soupçonné et arrêté. Or, on le considérait comme un ami de Colbert. Peu à peu, les fils se tissaient, la toile s’installait. Colbert s’y empêtrait.
    — Qui

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