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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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voilà triste. Tout est de ma faute. Je croyais bien faire en te parlant...
    — Ne regrettez rien. Grâce à vous, je sais dans quel pétrin je vais me précipiter sans attendre.
    La marquise s’était redressée d’un coup :
    — Voilà qu’elle reparle de se jeter dans la gueule du loup !
    — Évidemment ! Pourquoi renoncerais-je ? Croyez-vous que je sois venue en ces lieux où sourd le danger pour renoncer ? Mon père vous a révélé mon projet comme mon tempérament, et ce que vous m’avez confié m’incite plus encore à aller vite. Comprenez-vous mon impatience ?
    — Oui ! Je peux tout imaginer, mais...
    — Je veux plus que jamais voir Versailles et comprendre pourquoi ce n’est plus l’île enchantée dont me parla mon père. J’avancerai avec prudence, je le promets, mais aussi détermination. N’est-ce pas ainsi que l’on s’approche du loup ?
    Ma parente et mon alliée – avoir avec mon père une telle communauté d’idées n’en faisait-elle pas une proche ? – avait fait semblant de se mettre en colère :
    — Le comte de Saint Albert m’avait prévenue : raisonneuse et ô combien têtue...
    — Et entièrement décidée à me rendre, dès demain, à Versailles.
    — Mais qu’y feras-tu, malheureuse ? s’était-elle emportée soudain, sans doute agacée de voir que son noir tableau des mœurs royales n’avait en rien ébranlé ma volonté.
    — Comme n’importe quel sujet, je visiterai le château de Louis XIV. N’en ai-je pas le droit ?
    — Les jardins sont ouverts à tous, avait-elle souri, à la fois radoucie et amusée par mon effronterie. Mais je te devine capable de glisser un œil ici ou là...
    — Je ne ferai rien d’interdit, rassurez-vous. Je me fondrai dans la foule et observerai en silence.
    — Inutile de tenter de t’en dissuader, je le sais. Mais un conseil si tu veux avancer sans encombre : ne dis jamais, et à personne, que tu es la fille de Pierre de Montbellay !
    — Ni scandale ni provocation. Je n’en parlerai qu’à un seul homme...
    — Ah ! nous y voilà ! À qui donc vas-tu te confier ?
    — Au marquis de Penhoët.
    Elle avait froncé les sourcils :
    — Raisonneuse, têtue et imprudente. Non ! Pis... cette résolution constitue une folie. Une réputation bien bâtie précède ce marquis. Il est joueur, concupiscent et...
    — Mais il compte aussi parmi les amis de mon père. Il pourra m’aider.
    — Méfie-toi. Il est plus vert qu’il n’en a l’air. Il trompe son monde et ruine un homme au jeu avant de séduire sa femme. Ah ! mais j’y pense, il te faut une robe, des habits...
    — Surtout pas ! Je ne cherche pas à séduire le marquis de Penhoët.
    — Comment te reconnaîtra-t-il ?
    Je lui avais présenté la miniature de ma mère que je portais autour du cou :
    — Mon père prétend que cela suffira à le convaincre. Pour les autres, j’irai avec Jean-Baptiste. Je serai la fille du valet Bonnefoix.
    — Cette jeunesse me rend folle... Hélène de Montbellay, au bras d’un valet !
    — Il est bien plus que cela, mon père vous l’assurerait.
    — Je sais l’amitié que ton père lui accorde, mais pour te rendre à Versailles, il te faut un carrosse et un cocher !
    — Je l’ai déjà trouvé. Il m’attend dehors.
    — Es-tu certaine de son honnêteté ?
    — Il est noble, talentueux, amusant, triste parfois et bon comédien... De plus, il a les yeux verts.
    — Y a-t-il un lien avec le garçon dont tu voulais me parler ?
    — François de Saint Val, dit Beltavolo, artiste de la Commedia dell’Arte !
    — Saint Val ? avait-elle soufflé. Je connais ce nom. Le chevalier de Saint Val n’est-il pas lieutenant général des armées ? Ah ! Tout me vient. Mon gendre, le comte de Grignan, qui lui-même est lieutenant général des armées, m’en a parlé comme d’un bon soldat. On me dit aussi qu’il est sûr de lui.
    — Et cruel, madame, si j’en crois son fils car il s’agit de lui.
    En quelques mots, j’avais raconté l’histoire de François de Saint Val. La marquise m’avait écoutée. À la fin, son visage était pâle.
    — Le monde de la guerre rend les hommes insensibles. Si j’interroge ma fille, elle ne se plaint pas de sa vie. Mais elle tremble chaque jour, épiant le pas du mousquetaire qui viendra lui porter la nouvelle de la mort de son mari. Je sens qu’elle s’échappe et que sa douceur fuit. Elle ne se confie guère plus... Qu’il est dur de laisser partir son enfant !
    — J’ai vu dans les yeux de mon

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