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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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violence. Le village sur leur gauche n’offrait plus que des ruines, et du milieu de ces débris embrasés sortaient d’immenses colonnes d’une fumée noire et épaisse, qui, se condensant en un nuage hideux, venait jeter son ombre lugubre sur le champ de carnage.
    Un bataillon intrépide, paraissant sortir du village en cendres, commença à s’avancer dans cette direction, et les autres divisions suivirent son exemple avec un enthousiasme électrique ; l’ordre circula dans tous les rangs de ne point faire feu, et le cri : À la baïonnette ! à la baïonnette ! fut répété sur toute la ligne.
    – Hurra pour Royal-Irlandais ! s’écria Mac-Fuse de sa voix de tonnerre, à la tête de la colonne qui montait du côté de Charlestown.
    – Hurra ! répéta une voix bien connue derrière la redoute ; qu’ils viennent à Breed’s-Hill ! le peuple leur apprendra la loi !
    Dans de pareils moments les pensées se succèdent avec la rapidité de l’éclair, et Lionel s’imaginait déjà que ses camarades étaient maîtres des travaux, lorsque la décharge terrible des Américains, succédant au profond silence qu’ils avaient gardé jusque alors, parut glacer le courage des plus intrépides.
    – En avant donc ! s’écria le vétéran de marine au petit peloton de soldats qui était en tête de la colonne du centre ; en avant ! ou le 18 e aura tout l’honneur de cette journée.
    – Impossible ! murmurèrent les soldats ; leur feu est trop bien nourri !
    – Alors ouvrez vos rangs, et laissez passer les soldats de marine {49} .
    Le bataillon affaibli se dissipa, et les enfants de l’océan, habitués aux combats corps à corps, s’élancèrent en avant en poussant de grands cris. Les Américains, dont les munitions étaient épuisées, se retirèrent quelques pas en arrière, quelques uns d’entre eux lançant des pierres à leurs ennemis dans l’indignation du désespoir.
    – Hurra pour Royal-Irlandais ! s’écria de nouveau Mac-Fuse se précipitant sur le parapet, qui n’était guère plus élevé que lui.
    – Hurra ! répéta Pitcairn en agitant son épée en l’air à un autre angle du rempart, la victoire est à nous !
    Un nouveau déluge de feu sortit tout à coup du sein des fortifications, et tous les braves qui avaient suivi l’exemple de leurs officiers disparurent avec eux, comme si un tourbillon soudain les eût balayés. Le grenadier poussa encore une fois son cri de guerre avant de tomber la tête la première au milieu de ses ennemis, tandis que Pitcairn retomba en arrière entre les bras de son propre fils. Le cri de – en avant le 47 e  ! – retentit dans les rangs, et ce bataillon, composé en grande partie de vétérans, monta à son tour à l’assaut. En franchissant le fossé, Lionel aperçut le cadavre du major de marine, dont les yeux entr’ouverts semblaient respirer encore la vengeance et le désespoir, et l’instant d’après il se trouva en présence de l’ennemi. À mesure que les pelotons entraient dans la redoute alors sans défense, les Américains reculaient pas à pas, tenant les baïonnettes en respect avec leurs armes lourdes et grossières. Lorsque toute la ligne se fut reformée de l’autre côté du rempart, les milices essuyèrent un feu de file foudroyant de la part des bataillons qui s’avançaient sur eux de toutes parts. Dès lors il n’y eut plus aucun ordre dans le combat ; la confusion se répandit partout, plus d’une lutte s’engagea corps à corps, et pendant quelques minutes l’usage des armes à feu devint à peu près impossible.
    Lionel continua d’avancer, harcelant l’ennemi qui se retirait, et souvent arrêté dans sa marche par des monceaux de cadavres. Malgré le trouble de ses esprits dans un pareil moment, il crut distinguer au milieu des morts le chef des Caucus, étendu sur l’herbe qui s’était abreuvée de son sang. Au milieu des cris féroces et des passions exaspérées du moment, le jeune officier s’arrêta, et tourna les yeux avec une expression qui semblait dire que l’œuvre du carnage allait enfin cesser. Dans ce moment l’éclat de son uniforme attira l’attention d’un paysan qui se mourait, et l’Américain rassembla un reste de force pour immoler encore une victime aux mânes de ses compatriotes ; le coup partit, et Lionel tomba sans connaissance sous les pieds des combattants.
    La chute d’un simple officier dans un pareil moment était une circonstance à peu près

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